Décidément, les moyens colossaux déployés par la Commission électorale nationale indépendante pour assurer des élections libres et crédibles, et notamment la biométrie, n’ont pas eu raison des fraudeurs et autres individus mal intentionnés qui n’ont autre argument que la tricherie. C’est du reste la conclusion que l’on peut tirer après que, le mercredi 12 décembre dernier, le juge Martin Bambara, à la requête des partis politiques plaignants, a requis l’annulation des élections dans ledit arrondissement pour des irrégularités graves, laissant ainsi perplexes tous les pessimistes qui doutaient encore de la bonne foi de la justice à rendre un jugement impartial.
On se rappelle que des partis politiques de l’opposition, au lendemain du scrutin du 2 décembre dernier, avant même la proclamation des résultats provisoires par la CENI, avaient déposé une plainte contre la Commission électorale indépendante d’arrondissement (CIEA), notamment la CIEA 4. Lesdits partis se plaignaient, entre autres, du fait que certains bureaux de vote ont ouvert leurs portes tardivement, la plupart des urnes n’étaient pas scellées et l’encre indélébile était de deux couleurs. C’est à croire que la fraude a la peau dure au Burkina et que les uns et les autres sont prompts à user de tous les subterfuges pour parvenir à leurs fins. Et par la faute de ces égoïstes, les élections municipales seront purement et simplement reprises dans l’arrondissement 4, et les partis politiques en lice peuvent d’ores et déjà s’apprêter à aller à la bataille électorale. Soit ! Mais, il ne sert à rien de reprendre les élections si l’on ne fait rien pour dissuader toute velléité de fraude ou de corruption.
En effet, au-delà de la décision de justice, qui sous-entend que les élections municipales sont à reprendre, il y a lieu de prendre des sanctions contre X, car si l’on reconnaît que des irrégularités graves ont été constatées, c’est admettre qu’il y a des coupables. C’est tout simplement dire que s’il y a faute, c’est qu’il y a coupable. Aussi ne devrait-on pas se contenter de reprendre les élections qui, avant tout, vont nécessiter des moyens financiers non négligeables, si l’on ne souhaite plus voir de telles irrégularités entacher la sincérité des résultats, à l’avenir. Seules des sanctions peuvent dissuader les potentiels fraudeurs d’accomplir leur basse besogne, parce qu’il ne faut pas oublier que même si les élections seront reprises, avec toute la surveillance qu’il peut y avoir, certains individus mal intentionnés n’hésiteront pas à défier la vigilance des uns et des autres, directement ou indirectement. C’est décevant qu’on en soit arrivé là, après les moyens financiers colossaux qui ont été déployés pour permettre la tenue des élections transparentes et crédibles.
A l’avenir, tous les acteurs, quels qu’ils soient, s’ils ont encore le souci de la transparence et de l’égalité, devraient travailler à éviter ce genre de situations qui n’honorent pas le pays et qui jettent le discrédit sur l’ensemble des élections du 2 décembre qui, pourtant, estimons-nous, se sont bien déroulées malgré les petites imperfections enregistrées ça et là. Mais, ne dit-on pas en Afrique qu’on ne peut plus reprendre de l’eau qui est déjà versée ? Il faut accepter les choses telles qu’elles se présentent, en s’assurant de prendre toutes les mesures qu’il faut pour que l’on n’ait pas à crier à la fraude, à la fin de ces élections. La CENI devrait, plus particulièrement, veiller au grain car, à y voir de près, la tenue de ces élections pourrait poser plus de difficultés du fait que toutes les énergies y seront concentrées. Inutile de dire que les risques d’affrontements entre les militants des différents partis seront grands. Les circonstances dans lesquelles les élections se sont déroulées dans cet arrondissement 4 amènent, sans doute, les différents camps à se suspecter et à se regarder en chiens de faïence. Que les uns et les autres fassent preuve de bon sens pour qu’on n’ait pas à recourir à la justice, une fois de plus