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Le lieutenant-colonel Isaac Zida, nouvel homme fort du Burkina Faso
Publié le dimanche 2 novembre 2014  |  AFP
Lieutenant-colonel
© AFP par DR
Lieutenant-colonel Isaac Zida, chef d’Etat de la transition burkinabè




Ouagadougou - Le lieutenant-colonel Isaac Zida, désigné samedi par l'armée pour conduire le régime de transition au Burkina Faso après la chute du président Blaise Compaoré, est un militaire de carrière jusqu'ici resté dans l'ombre.

Les hauts gradés de l'armée burkinabè ont préféré cet officier protestant de 49 ans au chef d'état-major des armées, le général Nabéré Honoré Traoré, considéré comme trop proche de l'ancien président, pour conduire la transition
institutionnelle et politique.
Commandant en second du Régiment de sécurité présidentielle, une unité
d'élite de l'armée qui assurait la sécurité de M. Compaoré, M. Zida est aussi
un proche du général Gilbert Diendéré, le chef d'état-major particulier de
l'ex-chef de l'Etat, dont on est sans nouvelle.
"Il fait partie des mêmes réseaux que Diendéré. Certains se méfient de
lui", observe une source sécuritaire, selon laquelle les deux hommes sont
originaires de la même région.
Solide gaillard à la fine moustache et aux lunettes sans montures, Zida a,
selon l'un de ses frères d'arme, été formé au Centre d'entraînement commando
de Pô (sud du Burkina), un lieu stratégique pour le pouvoir.
"C'est un bon vivant qui n'hésite pas à troquer le treillis contre le
costume pour parcourir les discothèques de Ouaga", d'après un de ses proches.
Titulaire d'un master en management international de l'université Jean
Moulin de Lyon, il a intégré la garde présidentielle en 1996.
Officier discipliné, le lieutenant-colonel Zida a exercé entre 2008 et 2009
comme Casque bleu au sein de la Mission onusienne en République démocratique
du Congo, a indiqué à l'AFP l'un de ses membres, avant de suivre en 2012 une
formation antiterroriste en Floride.
Originaire de Yako, dans la province du Passore, dans le centre du Burkina
Faso, Isaac Zida a suivi des cours de perfectionnement militaire au Maroc et
des cours d'état-major au Cameroun, d'après un militaire ayant évolué à ses
côtés.
Très respecté par la troupe, cet officier discret et calme a semblé au
départ être soutenu par une partie de la société civile pour prendre la tête
de la transition, avant que celle-ci ne réclame finalement, avec l'opposition,
un pouvoir civil.
Dans la rue, les avis sont partagés: sur les panneaux brandis dimanche par
les manifestants, on pouvait lire "Non à la confiscation de notre victoire,
vive le peuple!", ou "Zida dégage", "Zida c'est Judas", tandis qu'un autre
manifestant brandissait cette pancarte: "Pas d'opportunisme, nous aimons le
colonel mais nous préférons un civil".
Quand a éclaté en 2011 une mutinerie militaire qui, déjà, faillit emporter
le régime de Blaise Compaoré, il fut l'un des rares au sein de la garde
présidentielle à être épargné par les mutins, quand les autres gradés
subissaient la furie des soldats, ont expliqué un militant des droits de
l'Homme et une source militaire à l'AFP.
Et durant la crise ivoirienne (2002-2011) ayant entraîné la chute de
l'ex-président Laurent Gbagbo, il fut un officier de liaison dans le cadre de
la médiation que menait Blaise Compaoré, selon une source onusienne.
"Ce qui nous inquiète, c'est que c'était un adjoint au Régiment de sécurité
présidentiel. Est-ce que Blaise (Compaoré, réfugié en Côte d'Ivoire) n'est pas
à la manoeuvre?", s'interroge une source sécuritaire occidentale.
"En ce moment on peut lui parler à l'oreille (...) mais quand il sera au
pouvoir, il pourra faire cavalier seul", a poursuivi cette même source.
bur-ck/de/mba
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