Le Burkina Faso est une "démocratie de
façade", "gangrenée par des comportements mafieux", a accusé jeudi le nouveau
chef de l`opposition Zéphirin Diabré, dénonçant des "manipulations" lors des
élections législatives et municipales du 2 décembre.
Dans une déclaration, cet ex-ministre des Finances du président Blaise
Compaoré passé à l`opposition a fustigé des "manipulations de tous genres,
savamment orchestrées par le parti au pouvoir et ses alliés" à ces scrutins.
"Ces tripatouillages ont atteint un niveau inimaginable dans la province du
Kadiogo (celle de la capitale Ouagadougou, ndlr)", a affirmé le chef de
l`Union pour le changement (UPC).
"Nous ne sommes nullement surpris par ce qui arrive, car nous avons
toujours dit et répété que la démocratie telle quelle est pratiquée au Burkina
Faso nest rien dautre quune démocratie de façade", a-t-il assuré.
Il a condamné "une démocratie dévoyée, gangrenée par des comportements
mafieux qui la renvoient aux antipodes de ce que devrait être une véritable
démocratie, faite de justice, déquité et de transparence".
Zéphirin Diabré et François Compaoré, frère cadet et conseiller du
président Compaoré, s`affrontaient aux législatives à Ouagadougou, où tous
deux ont été élus députés.
Mercredi, un tribunal de Ouagadougou a annulé les résultats de tous les
votes d`un arrondissement de la capitale en raison d`irrégularités, ce qui y
conduira à la reprise des municipales.
M. Diabré a confirmé sa décision de "récuser" les résultats des
législatives "notamment" pour la province du Kadiogo où, "visiblement, le
trafic et les manipulations des chiffres sont des plus scandaleux".
Le camp du président Compaoré, au pouvoir depuis le putsch de 1987, a
conservé la majorité absolue à l`issue des législatives mais a perdu du
terrain face à l`UPC. Le camp présidentiel a aussi très largement remporté les
municipales.
"Il est inutile de prétendre rechercher la paix et la stabilité, de
proférer à tout vent que lon est homme de paix si, dans le même temps, par les
actes, lon sème les graines de linstabilité", a lancé M. Diabré en allusion
aux médiations menées ces dernières années par M. Compaoré dans des crises en
Afrique, comme au Mali depuis plusieurs mois.
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