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Révision de l’article 37 : les députés face à l’histoire et face à leur conscience
Publié le jeudi 30 octobre 2014  |  Le Pays
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© aOuaga.com par A.O
Assemblée nationale : les députés entament la session budgétaire
Mercredi 24 septembre 2014. Ouagadougou. L`Assemblée nationale a ouvert sa deuxième session ordinaire de l`année consacrée à l`examen du budget de l`Etat, gestion 2015




Le débat qui oppose les Burkinabè à propos de la révision de la Constitution, surtout en son article 37 qui consacre la limitation des mandats présidentiels à deux et qui élimine de facto le président sortant Blaise Compaoré de la course à la présidentielle de 2015, est entré dans une phase décisive. Jamais auparavant, dans l’histoire du Burkina, un projet de loi n’avait fait l’objet d’autant d’intérêt et de passion.
Si jusque-là, la vie de député était une véritable sinécure au Faso, qui se menait entre indemnités de session, salaires et avantages mirobolants, prêts divers, missions, exonérations et autres formules pour bouffer tranquillement l’argent du contribuable, aujourd’hui, la situation semble différente.
En effet, ce jeudi 30 octobre 2014 restera une date historique dans les annales du Burkina, en ce sens que c’est ce jour fatidique qui verra l’épilogue d’un long feuilleton qui aura tenu en haleine les Burkinabè pendant de longs mois, et qui aura fait couler beaucoup d’encre et de salive, dans le but d’éviter au pays le chaos tant redouté. Cet épilogue qui fait tant peur aux Burkinabè et aux amis du Burkina, est entre les mains des députés, depuis que le gouvernement a subrepticement envoyé sur le bureau du président de l’Assemblée nationale, le projet de loi modificatif de la Constitution, pour permettre à Blaise Compaoré d’être candidat à la présidentielle de 2015. Ces derniers ont la lourde responsabilité de trancher un sujet bien délicat, qui engage la vie de la nation tout entière, eu égard à la situation explosive que vit le pays tout entier, suite à la déferlante humaine qui a répondu à l’appel de l’Opposition pour protester contre ce texte, sur toute l’étendue du territoire national, jusque dans le patelin présidentiel de Ziniaré.
Aussi, plus que jamais, les députés burkinabè sont-ils face à l’histoire, car de leur vote dépendra la paix ou la violence dans le pays. Surtout en ces moments où la cité ne désemplit pas de folles rumeurs de fortes odeurs de corruption qui entourerait ce vote. Ceci justifierait la mise au vert de certains d’entre eux dans un hôtel de la place, loin de leurs familles, pour les protéger. Mais pour les protéger de qui, si tant est qu’il n’y a pas anguille sous roche ? Et si c’était vraiment le cas, pour lever toute équivoque, l’on comprendrait mieux que cette mesure s’étende à tous les députés sans distinction de parti, comme l’équipe nationale des Etalons lorsqu’il s’agit de défendre les couleurs du pays.

Les députés devraient avoir conscience que ce n’est pas un acte anodin qu’ils vont poser

Mais en procédant de la sorte, l’on a le sentiment que l’on a travaillé à avoir à l’hémicycle, concernant ce sujet, d’un côté les pro-Blaise Compaoré et de l’autre les anti-Blaise Compaoré. Et le peuple dans tout çà ? Les députés sont-ils les députés du peuple ou les députés de Blaise Compaoré ? Pourrait-on se demander. En tout cas, il n’est pas sûr qu’à l’instant présent, il n’y en ait pas parmi eux, qui donneraient cher pour ne pas être dans un tel dilemme. Car, derrière cette sérénité apparente, il n’est pas exclu que certains soient en proie à un véritable conflit intérieur. Car la tentation de voter pour Blaise Compaoré peut être grande, mais les risques aussi.
C’est en cela aussi que les élus sont face à leur conscience. Car leur choix ne devrait être dicté ni par des intérêts personnels ni par des intérêts partisans qui ne prennent pas en compte l’intérêt supérieur de la nation. En ce moment précis, ils doivent sentir le poids de toute la communauté burkinabè sur leurs épaules, regarder l’avenir du Burkina Faso droit dans les yeux et voter en âme et conscience, car le Burkina Faso et toute la communauté internationale ont les yeux rivés sur eux.
Nul besoin de leur rappeler que c’est le peuple qui les a élus et qu’il ne s’attend pas être trahi.
En tout état de cause, l’on pourrait comprendre le dilemme qui doit être celui de beaucoup d’entre eux en ce moment précis, vu qu’ils pourraient être pris entre le marteau de faire plaisir à Blaise Compaoré à qui devrait profiter en premier lieu cette modification, et l’enclume d’une large partie de la population qui ne veut pas encore accorder un autre mandat au président Compaoré, à l’issue de ses 28 ans de règne en 2015.
Quoi qu’il en soit, si la population a senti le besoin de venir attendre aux portes de l’hémicycle l’issue du vote, c’est qu’elle est intéressée au plus haut point par le sujet. Les députés devraient donc avoir conscience que ce n’est pas un acte anodin qu’ils vont poser. Leur propre sort en dépend, et deux perspectives pourraient s’offrir à eux : en sortir applaudi ou vomi à jamais, avec toutes les conséquences que cela pourrait avoir pour eux et pour la nation tout entière. Car, si certains ont vraiment succombé aux sirènes de l’argent, ils auront tort de penser qu’ils pourraient, après coup, se la couler douce auprès des populations.
C’est aussi le lieu de souligner que pour un vote aussi crucial, le secret du vote a toute son importance. Et l’Assemblée devrait y veiller particulièrement. En évitant des mascarades du genre de celle qui avait été dénoncée et qui aurait consisté à se montrer entre voisins les votes au sein d’un groupe parlementaire où la confiance ne serait pas la chose la mieux partagée.
Enfin, les députés ont aussi la responsabilité historique de mettre fin à l’aversion d’une partie du peuple a vis-à-vis de leur fonction, en les assimilant à une caisse de résonnance du gouvernement. Car, il est clair que certains députés ont su garder toute leur dignité et leur respectabilité.
Quoi qu’il en soit, la session qui était prévue à 16h et qui a été ramenée à 10h, traduit toute la pression ressentie de part et d’autre, par rapport à ce dossier. A présent, messieurs les députés, le peuple vous regarde.


Outélé KEITA
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