Les résultats provisoires des élections couplées, législatives et municipales, sont connus. Aux législatives par exemple, le trio gagnant se décline comme suit : CDP (70 sièges), l’UPC (19 sièges) et l’ADF/RDA (18 sièges). Aux municipales, c’est encore le même trio, avec un changement d’ordre pour les deux derniers. Quoi dire, au final ! Le parti au pouvoir garde sa suprématie. Ce n’est pas partout le Tukgili (tout gagner sur son passage, en langue nationale moore), mais au moins, il peut se réjouir d’une majorité confortable à même de lui permettre de dérouler tranquillement le programme présidentiel. Oui, le CDP est encore majoritaire, mais comparé à son score de 2007 (73 sièges), on peut, quand-même, parler d’un recul.
Le léger recul se confirme surtout, quand l’on se réfère à l’augmentation du nombre de sièges à l’Assemblée nationale, 127 sièges, soit 16 de plus qu’en 2007. Mais au-delà des chiffres, l’essentiel est fait, la majorité est sauvée. Du côté de l’ADF/RDA, c’est aussi le satisfecit légitime. De 14 députés en 2007, le parti en aura 18 à la prochaine législature. Un bond timide qui a le mérite de confirmer la force de l’éléphant dans une compétition dans laquelle beaucoup de partis semblent avoir signé la fin de leur « belle » épopée. Le PAREN, le PDP/PS, entre autres, n’ont pu obtenir le moindre siège aux législatives, disparaissant ainsi de l’hémicycle, si ce n’est, progressivement, de la sphère politique.
Pour ce qui est du PDP/PS, les guéguerres de positionnement internes ont fini de vider le parti du peu de sève laissée par le Pr Joseph Ki-Zerbo. Quant au PAREN, le parti, jadis réputé être celui de la jeunesse, surtout estudiantine, paye cash, aujourd’hui encore, une affaire de millions que son leader emblématique, Laurent Bado, traîne comme une casserole. Pour ces cas, l’adage, « Qui n’avance pas, recule », revêt tout son sens. Mais dans cet imbroglio politique, il y a ceux qui font du « sur place » : l’UPR (5 députés comme en 2007), l’UNIR/PS (4 députés comme précédemment)…
La véritable révélation des urnes demeure, sans conteste, l’UPC. « C’est au pied du mur que l’on reconnaît le vrai maçon », dit le proverbe. Ces élections couplées constituaient pour le parti du lion un test grandeur nature, seulement deux ans après sa naissance. Ce test, on peut l’admettre, a été réussi. Même si les responsables de ce jeune parti estiment qu’ils méritaient beaucoup mieux à ces élections, pour une première apparition électorale, c’est une percée. A l’évidence, le plus dur n’est pas d’amorcer une ascension, mais de la soutenir et d’aller de l’avant. D’autres partis politiques, peut-être pas avec la même allure, ont fait une entrée tonitruante dans le paysage politique, avant de s’émousser tel qu’ils avaient surgi.
Alors, messieurs de l’UPC, il reste à prouver… De façon générale, le grand vainqueur de ces rendez-vous électoraux, est le peuple burkinabè qui a cru en la démocratie, et au système électoral mis en place par la CENI. Le taux de participation d’un peu plus de 75% est la preuve de ce regain de confiance entre les Burkinabè et leur démocratie. Les acteurs politiques, de quel que bord que ce soit, se doivent de travailler à maintenir cette flamme d’élection en élection, mais aussi dans l’entre-élection, à travers des comportements dignes d’un Etat démocratique. Le pays ne peut que s’en porter mieux, en termes de gouvernance, sous toutes ses formes.