Politique
Burkina: manifestation contre la révision constitutionnelle, premières échauffourées
Publié le mardi 28 octobre 2014 | AFP
© aOuaga.com par G.S
Révision de la Constitution : marche de protestation de femmes à Ouaga Lundi 27 octobre 2014. Ouagadougou. Des femmes de l`opposition et de la société civile ont marché dans l`après-midi pour exiger le retrait de l`Assemblée nationale du projet de loi portant révision de la Constitution |
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Ouagadougou - Des échauffourées ont éclaté mardi matin au Burkina Faso, à quelques heures d’une grande manifestation nationale de l’opposition pour dénoncer une prochaine révision constitutionnelle qui permettrait le maintien au pouvoir du président Compaoré.
La gendarmerie a chargé un groupe de quelques dizaines de jeunes qui avaient dressé durant plusieurs heures des barricades sur la principale route du pays, la nationale 1, qui relie Ouagadougou à Bobo Dioulasso, deuxième ville du pays, a constaté l’AFP.
Les forces de l’ordre ont lancé des gaz lacrymogènes sur les protestataires, qui ont riposté par des jets de pierres.
Le régiment de sécurité présidentiel, la force d’élite de l’armée burkinabè, présent sur les lieux, n’est pas intervenu, a constaté un journaliste de l’AFP. La gendarmerie a indiqué n’avoir procédé à aucune interpellation et ne déplorer aucun blessé.
L’opposition a appelé à manifester mardi contre ce qu’elle appelle un "coup d’Etat constitutionnel" à venir du président Blaise Compaoré.
L’Assemblée nationale examinera jeudi un projet de loi gouvernemental très controversé, visant à réviser l’article 37 de la Loi fondamentale pour faire passer de deux à trois le nombre maximum de quinquennats présidentiels.
Un changement qui permettrait à M. Compaoré, au pouvoir depuis 27 ans et qui devait achever en 2015 son dernier mandat, de se présenter à nouveau à l’élection présidentielle.
Blaise Compaoré, arrivé au pouvoir en 1987 par un putsch, terminera l’an prochain son deuxième quinquennat (2005-2015) après avoir effectué deux septennats (1992-2005).
L’opposition craint que ce changement constitutionnel, qui ne devrait pas être rétroactif, conduise le chef de l’Etat, déjà élu quatre fois avec des scores à la soviétique, à accomplir non pas un mais trois mandats supplémentaires, lui garantissant quinze années de plus au pouvoir et 43 ans de règne au total.
Avec le ralliement samedi de la troisième force politique à l’Assemblée, la majorité pourrait en outre disposer du nombre de députés nécessaire - trois quarts de l’hémicycle, soit 96 parlementaires sur 127 - pour entériner directement la loi, sans passer par un référendum comme annoncé initialement.
- "Pouvoir à vie" -
Un tel projet suscite l’hostilité de l’opposition, d’une grande partie de la société civile et de nombreux jeunes de ce pays, où plus de 60% des 17 millions d’habitants ont moins de 25 ans et n’ont jamais connu d’autre dirigeant.
Si la modification de l’article 37 est sur toutes les lèvres depuis des mois, l’annonce du projet de loi le 21 octobre a fait franchir un cap aux contestataires.
Après des manifestations relativement pacifiques la semaine dernière à Ouagadougou, des groupes de "50 à 300" individus "agressent" depuis dimanche des députés de la majorité devant leurs domiciles, les accusant d’être "corrompus", "traîtres à la nation" ou encore "ignares" et "exigeant" d’eux qu’ils ne votent pas la révision constitutionnelle, s’est alarmé lundi soir Assimi Kouanda, le chef de file de la majorité parlementaire.
Pire, ces manifestants menacent les parlementaires d’"incendier leurs domiciles avec femmes et enfants si jamais ils (n’obtempèrent) pas à leurs injonctions", a-t-il rapporté, demandant au chef de l’Etat, par ailleurs ministre de la Défense, que "toutes les mesures" soient prises pour préserver "la sécurité" des députés.
La radicalisation des esprits est en marche, portée par des propos de plus en plus va-t-en guerre des politiciens des deux camps.
"Si une seule case d’un militant de la majorité est enflammée, normalement dans vos communes, dans vos secteurs, on ne devrait plus trouver une case de responsables de l’opposition debout", lançait samedi M. Kouanda devant des cadres provinciaux du parti au pouvoir.
Opposition et société civile, qui appelaient à la "désobéissance civile", lancent désormais des "ultimatums" et des "mises en garde" au pouvoir, appelant à la "démission" du chef de l’Etat, accusé de velléités de "pouvoir à vie".
Signe que le gouvernement prend au sérieux ces menaces, écoles et universités ont été fermées toute la semaine par crainte de débordements.
roh-jf/de
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