Le Ghana, le pays de Kwamé Nkrumah, a désormais un nouveau président. John Dramani Mahama qui assurait l’intérim du défunt président, John Atta Mills, a été élu à la tête de l’Etat dès le premier tour. Il consolide ainsi son pouvoir puisqu’en sa qualité de président intérimaire, il avait des prérogatives limitées. Ce qui ne lui permettait pas d’avoir les coudées franches, ce d’autant qu’il était chargé d’achever le mandat d’un chef d’Etat élu sur la base d’un programme politique.
En tout cas, à en croire la Commission électorale nationale indépendante, aucun des deux candidats, John Dramani Mahama du NDC (Nano Design Clan) et son rival Nana Akufo Addo du NPP (Nouveau parti patriotique), n’a démérité, puisque l’écart des suffrages exprimés est de 3%. C’est la preuve d’une véritable avancée démocratique si l’on sait que sous d’autres cieux, bien des chefs d’Etat surtout quand ils bénéficient de la prime au sortant, se font élire avec des scores-fleuves. Les exemples sont si nombreux qu’à vouloir les citer exhaustivement, on finira par en perdre l’haleine. Le Ghana, disons-le clairement, dame le pion à ses voisins francophones où à la mal gouvernance se succèdent des élections truquées avec leur lot de violences.
Certes, le candidat malheureux de la présidentielle ghanéenne, Nana Akufo Addo, nous dira-t-on, conteste les résultats proclamés par la commission électorale, mais contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays africains, il a appelé ses partisans au calme et entend privilégier la voie judiciaire pour vider tout le contentieux. C’est ça aussi la démocratie : savoir contester en usant des voies de recours légales. Et cela, on en voit un peu partout même dans les nations les plus démocratiquement avancées. Le Ghana, malgré tout, demeure donc une démocratie. On se rappelle, du reste, qu’à l’issue de la présidentielle qui avait porté le défunt Atta Mills au pouvoir en 2008, son adversaire, le même Nana Akufo Addo, avait, dans un premier temps, contesté les résultats avant de se raviser plus tard. Il avait reconnu sa défaite et félicité son adversaire dans l’intérêt de la nation.
En tout cas, il est nécessaire que les Ghanéens se surpassent pour ne pas offrir une image hideuse de leur pays longtemps présenté comme une vitrine démocratique. Nana Akufo Addo gagnerait à accepter la victoire du président intérimaire et à lui adresser ses félicitations, surtout que la mission des observateurs locaux, forte de 45 000 personnes, confirme les résultats proclamés par la commission électorale. C’est la preuve que, même si manipulations ou irrégularités il y a eu, les résultats proclamés reflètent une certaine réalité. Mais ce qui est sûr, c’est que cette forme de contestation électorale, même pacifique, donne parfois un arrière-goût amer à la victoire du président élu.