Deux ans. C’est la durée de l’étude sur la prostitution des jeunes filles mineures à Bobo-Dioulasso, dont les résultats ont été restitués le mercredi 5 décembre 2012 au service de l’enfance de l’Action Sociale et de la Solidarité nationale. L’auteur de ce rapport est la sœur Rachelle Bambara, qui recommande la mise en place d’un observatoire sur la pédophilie.
L’objectif de cette étude à en croire sœur Rachelle Bambara, est d’interpeller les autorités sur la question des mineures en situation de prostitution, qui prend de plus en plus d’ampleur. Qu’est-ce qui a donc motivé cette religieuse à investiguer dans ce monde de « plaisir » à contre cœur ? En effet, dit-elle : « J’ai constaté un manque de structures d’accueil et d’aide au profit de ces mineures en situation de prostitution alors que beaucoup y sont malgré elles ». Sœur Rachelle, sur fonds propres a décidé alors d’enquêter sur les raisons qui entraînent ces filles à monnayer leurs corps. Elle a approché ainsi les associations d’aides de jeunes filles qui lui ont facilité le travail sur un échantillon de 15 mineures en situation de prostitution. Sillonnant les « maisons closes » et après avoir conquis la confiance de ces « filles de joie », elle recevra certaines « confessions ». Il en ressort que 2/3 des filles ont été entraînées à la prostitution par leurs pairs. Un certain nombre d’entre elles a subi la paupérisation. « Beaucoup vivent dans des conditions difficiles et elles n’arrivent aucunement à subvenir à leurs besoins », explique la sœur. A cela s’ajoute, la maltraitance, le manque de moyens de scolarité, l’analphabétisme car, plusieurs d’entre elles ne sont pas allées à l’école. Ainsi, des 15 filles à la « disposition » de la sœur, 13 ont avoué avoir eu leurs premières relations sexuelles à l’âge de 15 ans dont une, à 8 ans. Les mariages précoces et forcés sont aussi l’une des raisons qui ont entrainé 3 des 15 filles à la prostitution. Les « catégories développées » à partir des découvertes se situent à deux : les désavouées, c’est-à-dire celles ayant été marquées par les avortements, les grossesses, les enfants à charge, le sida… et les téméraires c’est-à-dire celles qui ont échappé aux calamités ci-dessus citées. Les « téméraires », indique sœur Rachelle Bambara, sont plus éveillées que leur paires et plus solides pour se défendre des « consommateurs de services sexuels » quant aux relations sexuelles sans préservatif. Cette étude de la religieuse n’est pas sans recommandations au regard du souhait qu’ont formulé les mineures dont la plupart aspirent à une autre vie. Ainsi, pour rendre un peu plus commode le travail des animateurs sociaux, elle recommande la mise en place d’un observatoire sur la pédophilie, en vue de veiller aux abus sexuels perpétrés sur les mineurs en général. La formation d’un personnel compétent sur la problématique spécifique de la prostitution, l’aide aux familles en difficultés, la prohibition effective des mariages précoces et forcés…sont aussi les conseils de la sœur, pour réduire tant soit peu le phénomène de la prostitution à Bobo-Dioulasso.