« Les résultats ont été en dessous de mes attentes »
Simples citoyens ou acteurs politiques, ils donnent ici leurs impressions après la proclamation des résultats des élections couplées du 2 décembre dernier.
« La toute première fois que j’ai entendu la CENI parler de biométrie, je me suis dit : « tiens, pour une fois au pays des Hommes intègres, on aura des élections crédibles. Mais les résultats ont été en dessous de mes attentes. Quand on parle de bureaux de vote qui se sont ouverts à 17h par-ci, d’encre ou de bulletins finis avant la fermeture des bureaux par-là, le tout couronné du transport des urnes par les individus de certains partis, rebonjour la fraude. Il reste certes beaucoup à faire, mais dans l’ensemble, la CENI a fait un gros travail et c’est un pas pour notre jeune démocratie. Je profite tirer mon chapeau au nouveau parti qui viendra renforcer, je le pense, le débat démocratique à l’Assemblée nationale et je reste optimiste pour la suite. »
Natacha Zouanga, stagiaire à l’ONG Help
« Il y a quelques petits problèmes à revoir »
« Dans l’ensemble, je dirai que les élections se sont bien déroulées. Cependant, il y a quelques petits problèmes à souligner tels que le transport des urnes dans des véhicules personnels, le manque d’encre indélébile avant 14h et le fait d’écarter certains membres de partis lors des dépouillements. Ce sont autant de choses qu’il faut revoir avec sérénité pour qu’à l’avenir, cela ne se répète plus. Hormis ces désagréments, la CENI a fait un travail remarquable et nous saluons les efforts consentis pour nous donner des élections paisibles. La tâche incombe maintenant à ceux qui ont été choisis pour représenter le peuple à l’Assemblée nationale ; vivement qu’ils oeuvrent à nous offrir de meilleures conditions de vie et de travail. »
Souleymane Soré, commerçant
« J’aurais préféré que l’UPC ait la majorité des sièges »
« Je ne suis pas content des résultats des élections. J’aurais préféré que l’UPC ait la majorité des sièges à l’Assemblée nationale. Nous sommes fatigués du CDP et nous voulons un changement à la tête du pays et un changement dans les actions. Cela fait plus de 20 ans que le CDP est au pouvoir et c’est le statut-quo ; rien n’évolue. Il faut d’autres dirigeants qui vont faire leurs preuves. Et à l’heure où je vous parle, je pense que l’UPC ferait l’affaire. »
Moussa Sawadogo, vendeurs de poulets
« On ne peut qu’accepter les résultats »
« Ce sont des élections et à l’issue d’un vote, quand on dit que c’est un tel qui a gagné, on ne peut que l’accepter. Que pouvons- nous bien faire pour changer les résultats, nous qui ne sommes que de simples citoyens ? Ce qui nous préoccupe maintenant, c’est que ceux qui ont été choisis oeuvrent pour la bonne marche du pays. Pour nous commerçants par exemple, ils pourraient commencer par faire baisser les différentes taxes pour nous permettre de vivre de notre commerce. Le marché se ferme très tôt les dimanches alors que là, nous sommes à l’approche des fêtes. Pourquoi ne pas laisser ceux qui veulent vendre toute la journée le faire. Nous ne sommes pas des fonctionnaires et nous vivons avec ce que nous gagnons par jour. Que ceux qui n’ont pas eu de sièges acceptent les résultats car ainsi va la vie. Il y a toujours des perdants et des gagnants. »
Rasmané Derra, cultivateur
« Tout s’est passé comme je l’espérais »
« Je suis d’accord avec les résultats des élections. Tout s’est passé comme je l’espérais. Il incombe à ceux qui ont été élus maintenant de tout faire pour nous alléger les choses. La scolarité est chère et les soins de santé ne sont pas accessibles à tout le monde et tout cela est à revoir. Nous n’avons pas de routes non plus et pour accéder à certains quartiers au moment des pluies, c’est la misère. Les élus savent donc ce qu’il leur reste à faire.
Alizèt Gando, commerçante
« Nous voulons de meilleures conditions de vie »
« Que pourrais-je bien dire sinon que ceux qui ont été élus oeuvrent à changer les choses. Nous voulons de meilleures conditions de vie. Qu’ils s’occupent un peu des femmes. Nous voulons plus d’activités génératrices de revenus pour pouvoir appuyer nos conjoints dans l’éducation des enfants. Tout est devenu cher dans la vie et, comme on le dit souvent, une seule main ne ramasse pas la farine ». Nous voulons un changement visible et ce n’est qu’ainsi que nous pourrons les soutenir également aux prochaines élections. Côté santé, il faut également qu’ils assouplissent les choses. Si tu te retrouves avec une ordonnance de 10 000F dans les mains et que tu n’as que 5000F, impossible d’avoir des médicaments et, pendant ce temps, ton malade a tout le temps de mourir. »
Député Etienne Ouédraogo, directeur national adjoint de l’ADF/RDA pour la campagne
« Nous confortons notre place de 2e force politique »
« A chaud, nous pouvons dire que nous sommes satisfaits et nous confortons notre place de 2e force politique parce que nous avons enregistré plus de 1 745 sièges et nous venons directement après le CDP. Donc nous pensons que c’est satisfaisant. La CENI a donné globalement les résultats et les sièges sur le territoire national, elle nous a donc informés que pour les sièges par commune, cela sera communiqué par voie de presse et sur le site de la CENI ainsi qu’aux partis politiques directement. C’est quand on aura ces résultats par commune que nous allons réagir si nécessaire par rapport à certaines communes comme celles du Nord. Pour l’instant, nous réagissons par rapport aux résultats globaux. »
Arba Diallo, élu de Dori
« Ce sont les mêmes redoublants qui sont des chevaux fatigués et qui n’ont pas fait leur preuve qu’on a reconduits »
« Nous venons d’assister à la publication des résultats et nous pensons que c’est assez difficile après les gestions auxquelles on a assisté dans différentes communes urbaines et rurales, on n’en tire aucune leçon alors qu’on aurait dû en tirer la plus grande des leçons. (…) Nous aurions espéré mieux, parce que pour l’essentiel, ce sont les mêmes qu’on a reconduits, les mêmes redoublants qui sont des chevaux fatigués et qui n’ont pas fait leur preuve. Et si on préfère que ces mêmes-là soient encore aux affaires, on doit s’avoir à quoi s’en tenir. Nous allons continuer là où nous avons été élus ou là où nous avons été réélus à faire de notre mieux pour mériter la confiance qui nous a été témoignée. Nous allons également tout faire pour partager notre expérience avec nos communes voisines ou d’autres communes dans le cadre de l’intercommunalité parce que c’est quand même un défi majeur par lequel il faut qu’on s’y mette ensemble ».
Michel Sawadogo, chef du département suivi-contrôle-collecte et traitement des données de la campagne du CDP
« Nous confirmons notre leadership et notre position de parti majoritaire »
« A l’issue de ces élections, comme nous l’avons dit depuis le début, nous attendions les résultats avec sérénité parce que nous connaissons notre force et notre implantation au niveau national. Après avoir obtenu 70 députés hier, aujourd’hui, nous confirmons encore notre leadership et notre position de parti majoritaire en obtenant 12 340 sur 18 576 sièges en compétition. Donc, vraiment, nous ne pouvons que remercier le peuple burkinabè pour sa confiance renouvelée et dire encore à tout le monde de se mettre avec nous. C’est vrai que nous avons gagné, certains ont perdu mais que tout le monde se mette ensemble pour bâtir le Burkina Faso »
Claude Ouédraogo, président du MPC (Mouvement pour le progrès et le changement)
« Je suis content d’avoir 0 siège… parce que je reconnais que c’est la communication qui a fait défaut »
« Je suis content d’avoir 0 siège puisque les gens n’ont pas vraiment reçu mon appel. Alors je dois travailler pour les années à venir à avoir beaucoup de sièges. Mon appel était celui du changement, je prônais la santé, le logement, l’habitat et surtout l’autosuffisance alimentaire ; à mon niveau, c’est la communication qui a fait défaut mais je pense que les années à venir, je vais travailler à ce que la communication revienne dès 2013. Je pense que c’est surtout sur ce point que je dois vraiment travailler parce que vu le nombre d’électeurs que j’ai eu, je pense que c’est la communication qui a fait défaut. »
Propos recueillis par Christine SAWADOGO et Germaine KERE