Économie
Commerce de Véhicules "France au revoir" : des frontières ... aux routes de Bobo-Dioulasso
Publié le mercredi 15 octobre 2014 | Sidwaya
© Autre presse par DR
Véhicules "France Aurevoir" : "Avec le nouveau système, les prix vont doubler" (Moussa Rabo, SG de l`UNIVP) |
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La vente des véhicules d’occasion, appelés « France au revoir » prend de plus en plus de l’ampleur à Bobo-Dioulasso. Phénomène peu développé il y a une quinzaine d’années, on assiste aujourd’hui, à une prolifération des sites de vente dans la ville de Sya. Les différents intervenants dans ce commerce rencontrés, évoquent les contours de cette activité.
Il y en a presque de toutes les marques et de tous les âges. Des Mercedes, des Toyota, des Nissan, des Peugeot, des Mitsubishi ou des Ford, les véhicules d’occasion communément appelés « France au revoir » se vendent partout dans la ville de Bobo-Dioulasso. Leurs prix varient de 2 à 11 millions de francs CFA en fonction de l’âge, généralement compris entre 10 et 15 ans. On en trouve exposés sur l’ex-boulevard de la révolution, aux alentours du marché, aux abords des grandes voies et même dans certains « six mètres ». Environ 150 véhicules entrent chaque mois à Bobo-Dioulasso et il y a dans la ville une quinzaine d’importants lieux de vente. En 2013, ce sont 30 581 véhicules qui sont entrés au Burkina Faso, dont 80 à 90% sont des véhicules de seconde main. La plupart des vendeurs de ces engins se ravitaillent dans les pays voisins, notamment à Lomé au Togo, où selon certains promoteurs, les formalités sont beaucoup plus souples et la monnaie commune, le FCFA, facilite aussi les transactions. D’autres en commandent dans les pays de l’Europe comme la France ou la Belgique. Dans ces pays, les véhicules d’occasion sont disponibles en grand nombre, car il y existe des incitations fiscales qui permettent à un propriétaire de voiture de changer son engin après un certain nombre de kilométrages. Ces « France au revoir » font donc l’affaire des populations burkinabè et même de la sous-région, compte tenu de leurs moyens limités.
Les « France au revoir » globalement en bon état
Selon le directeur général du Centre de contrôle des véhicules automobiles (CCVA), Kanvaly Bamba, la majorité de ces véhicules qui entrent au Burkina sont de façon générale, en bon état. « Ces véhicules en Europe sont exploités dans des conditions beaucoup moins sévères qu’au Burkina Faso. Ce qui fait qu’en bon état au départ, ces automobiles vont présenter après quelques mois d’utilisation, des pannes, compte tenu des conditions sévères d’exploitation au Burkina », a dit M. Bamba. L’état des routes, le manque de pièces de rechange, le non respect du calendrier d’entretien sont, entre autres, des facteurs qui détériorent la santé des automobiles venus de l’autre côté de la mer. Le pouvoir d’achat des populations burkinabè ne leur permettant pas d’acheter des véhicules neufs, elles vont alors se contenter de ces véhicules importés. Et le goût pour les quatre roues s’explique, selon le DG du CCVA, par les besoins de mobilité de plus en plus croissants de la population. Ces besoins sont dus à l’éloignement des lieux d’habitation du centre d’activité. Certains utilisateurs disent acquérir les véhicules afin de tendre vers le bien-être, car la mobilité est quasi indispensable pour l’épanouissement de l’homme. D’autres par contre, disent acheter les véhicules non pas, pour paraître, mais pour un souci de sécurité. « J’ai acquis un véhicule pour ma propre sécurité et celle de mes enfants que je conduis à l’école. Avec la moto, leur sécurité n’est pas trop garantie », a justifié Karim Cissé qui vient de s’offrir un nouveau véhicule. En effet, selon les statistiques de la section accidents du commissariat central de police de la ville de Bobo-Dioulasso, le nombre d’accidents entre les véhicules, enregistré au cours de l’année 2013, est de 233. Ce nombre s’élève à 1025 pour les accrochages entre les deux roues, (motocyclettes, vélos) et de 805 entre les voitures et les deux roues. Ces chiffres sont pour le deuxième trimestre de l’année 2014, de 63 pour les véhicules, de 281 pour les motos et de 185 entre voitures et motos. Aussi, les propriétaires des motos font souvent l’objet d’attaques des délinquants à la recherche de ces engins. Toutes ces raisons amènent donc les usagers à se ruer vers les voitures pour plus de sécurité et de confort. Mais les moyens financiers semblent limiter les acquisitions. En effet, sur les aires d’exposition-vente, les clients ne se bousculent pas assez et c’est souvent au téléphone que certains potentiels acheteurs demandent les prix des véhicules. Les rares clients qui viennent, visitent les véhicules, échangent avec les revendeurs et font demi- tour. Selon Casimir Traoré, vendeur de véhicules d’occasion à proximité de l’hôtel administratif de Bobo-Dioulasso, les clients trouvent les prix des véhicules élevés : « Nous pouvons vendre un véhicule et attendre trois à cinq mois avant d’écouler un autre. Nous demandons aux Bobolais de venir, car les véhicules ne sont pas aussi chers comme ils le pensent », rassure-t-il. Mamadou Konaté, un autre vendeur de véhicules installé en face d’une banque de la place, lie le faible écoulement de leurs véhicules à une sorte de concurrence à laquelle ils font face. En effet, explique-t-il, certaines personnes louent les services des mécaniciens pour aller acheter directement les véhicules à Lomé, sans passer par leurs services. D’autres lancent la commande directement avec leurs connaissances résidant dans les pays d’approvisionnement. Selon M. Konaté, la plupart des véhicules d’occasion circulant à Bobo-Dioulasso ne provient pas de leurs parcs. Or, a ajouté Casimir Traoré, « nous ne voulons pas faire venir des véhicules de mauvais état ici ».
Des clients insolvables
Outre le faible écoulement des véhicules, les revendeurs restent aussi confrontés à des «incompréhensions » avec les clients à qui ils vendent les véhicules, surtout à crédit ou à payements à tempérament. Selon Casimir Traoré, une fois le véhicule acquis par ces formules, les clients deviennent insolvables, à telle enseigne qu’ils ont des dizaines de millions qu’ils n’arrivent pas à recouvrer auprès d’eux. Selon toujours les revendeurs, certains de ces clients une fois le véhicule en main, ne cessent de se plaindre des fréquentes pannes, même s’il n’y en a pas; alibi, selon eux, pour ne payer ce qu’ils leur doivent. Malgré les difficultés, les revendeurs disent s’en tirer à bon compte et arrivent néanmoins à subvenir aux besoins de leurs familles. Les commerçants affirment en outre, ne pas rencontrer de problèmes particuliers avec la commune de Bobo-Dioulasso pour l’occupation des espaces publics, car ils payent des taxes y relatives. Néanmoins, l’inspecteur des services municipaux, Michel Ouédraogo, a précisé que ce ne sont pas tous les revendeurs qui sont à jour. Certains d’entre eux occupent les espaces publics sans autorisation. Et pour y mettre de l’ordre, M. Ouédraogo a affirmé qu’un comité ad hoc est en train d’être mis sur pied au sein de la commune de Bobo-Dioulasso. Ce comité aura pour tâche, de recenser tous les revendeurs de véhicules, afin de les inviter à se mettre en règle vis-à-vis des textes régissant l’occupation du domaine public. « Les véhicules de tous ceux qui ne seront pas à jour seront saisis », a averti l’inspecteur des services municipaux. Aussi, les vendeurs rencontrés soutiennent ne pas avoir de difficultés avec les services des impôts et la douane, même si le projet sur les nouvelles mesures d’évaluation de l’âge des véhicules ne les arrange pas. « Ce nouveau système va nous obliger à augmenter les prix des véhicules, alors qu’avec les prix actuels, on ne s’en sort même pas », a affirmé Casimir Traoré. Le nouveau système d’évaluation des véhicules qui devait entrer en vigueur en janvier 2014 a été pour le moment, suspendu. Selon le directeur régional de douane de l’Ouest, Victorien Zoungrana, ce projet vise une meilleure évaluation des véhicules importés en vue d’une bonne perception des droits et taxes de douane. Le projet a été confié à COTEC, une société spécialisée dans l’évaluation des véhicules automobiles. La société a fait ses études et livré ses conclusions. Mais par faute de communication, l’initiative a été suspendue pour permettre aux commanditaires du projet d’analyser et d’apprécier son contenu, afin d’adopter une conduite à tenir. En attendant, le directeur régional des douanes a invité les importateurs des véhicules à faire les formalités avant toute vente et à ne pas exposer les véhicules à la vente, sans au préalable les dédouaner.
132 véhicules dédouanés par mois à Bobo
Les dédouanements se font dans deux bureaux spécialisés au Burkina Faso. Ce sont le Bureau de dédouanement de véhicules automobiles (BVA) à Ouagadougou et celui du port sec à Bobo-Dioulasso communément appelé Bobo-gare. Pour toute opération, la procédure douanière commence dès l’arrivée du véhicule à la frontière. A ce niveau, les véhicules sont repartis en trois catégories, à savoir les véhicules de touriste, ceux transportant des marchandises et les véhicules destinés à la consommation. Les véhicules des touristes ont droit à un document appelé laissez-passer (vert), valable pour un mois. Le conducteur bénéficiaire du laissez-passer a l’obligation de ressortir avec le véhicule à l’expiration du délai. La voiture ne doit pas être vendue, cédée, prêtée, laissée en gage ou utilisée à but commercial dans le pays. Pour les véhicules transportant des marchandises pour traverser le territoire, un laissez-passer (rose) est délivré pour le véhicule et une déclaration de transit pour la marchandise transportée. Le conducteur a les mêmes obligations que dans le cas du laissez-passer touristique. Quant aux véhicules destinés à la consommation ou à être dédouanés au Burkina, les propriétaires doivent, dès la frontière, se faire établir une déclaration de transit. Les véhicules destinés à être mis à la consommation doivent alors être conduits directement au bureau de dédouanement de Ouagadougou ou de Bobo-Dioulasso pour les formalités. Au niveau de ces postes, les véhicules sont classés en trois groupes, à savoir les véhicules neufs, les véhicules de moins de dix ans et ceux de plus de dix ans. Pour les véhicules neufs, les dédouanements se font sur la base de la valeur de la facture d’achat. Pour les véhicules usagers de moins de dix ans d’utilisation, le dédouanement est fait à partir d’une évaluation de l’administration des douanes sur la base de l’argus. Elle tient compte de certains éléments comme l’âge, la marque, le type et la puissance du véhicule. S’agissant des véhicules de plus de dix ans, l’on a recours aux évaluations d’un expert en automobile, afin de déterminer sa valeur résiduelle. En tous les cas, au montant de chaque évaluation, il faut ajouter le coût du transport ou fret, l’assurance et tout autre frais supporté par l’importateur pour obtenir la Valeur en douane (VD) du véhicule, c’est-à-dire la base taxable. Le fret est déterminé en fonction de la taille du véhicule. Pour les petits véhicules, un forfait de transport de 450 000 F CFA est appliqué. Pour les véhicules moyens, ce montant est de 850 000 F CFA. Il est de 1 300 000 F CFA pour les gros camions. Pour alors déterminer le montant des droits et taxes à payer, il faut appliquer à la valeur en douane, un taux compris entre 28 et 48% en fonction du type de véhicule.
Vers la limitation de l’âge des véhicules importés
Le directeur régional des douanes, Victorien Zoungrana, a invité les importateurs et les vendeurs à effecteur les formalités de dédouanement de leurs véhicules. Il a également appelé les acheteurs à se rassurer que toutes les formalités douanières afférentes à leur engin ont été effectuées. Quant au directeur général du CCVA, Kanvaly Bamba, il a invité les importateurs des véhicules à faire venir des véhicules aux conditions techniques meilleures et plus récents, car les vehicules plus âgés créent beaucoup plus de désagréments comme la pollution, les pannes fréquentes, souvent en pleine circulation. Il les a rassurés que le CCVA est en train d’envisager la création d’un guichet unique automobile. Si ce guichet est construit, la procédure d’immatriculation des véhicules ne dépassera pas 24 heures, au lieu de plus d’un mois actuellement. Selon le DG, en 24 heures, le véhicule, grâce à ce guichet unique, sera dédouané, les visites techniques seront faites, les cartes grises seront produites et les plaques d’immatriculation seront fixées. Kanvaly Bamba a aussi invité les acquéreurs à acheter les véhicules beaucoup plus récents et à les entretenir. Le CCVA, a-t-il dit, reste à leur disposition pour des diagnostics, des contrôles techniques et des conseils. Il faut, selon son avis, acquérir un véhicule récent plus cher que d’investir dans un véhicule un peu plus âgé qui au bout d’un certain temps, va entraîner son propriétaire dans des pannes et des dépenses. A en croire le directeur général du CCVA, les autorités en charge des transports sont en train de mener des analyses, afin d’envisager la limitation de l’âge des véhicules importés au Burkina Faso. Et des textes seront bientôt pris dans ce sens, qui tiendront sans doute, compte du pouvoir d’achat des populations, les recettes engrangées par l’importation et la circulation des véhicules au profit de l’Etat et l’impérieuse nécessité de réduire les effets négatifs du système de transport.
Adaman DRABO
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Des facilités de dédouanement pour les fonctionnaires de l’Etat
Les fonctionnaires de l’Etat qui ont des difficultés financières pour dédouaner leurs véhicules, ont la possibilité de payer les droits de douane, via le trésor public. Pour cela, le demandeur doit déposer la déclaration du véhicule en douane et exprimer le souhait de régler les droits par le trésor. Sur accord préalable du trésor, les droits et taxes sont liquidés et pris en charge par la douane. Chaque mois, le trésor retient à la source ses crédits jusqu’à concurrence du montant demandé. La loi de finance inscrit chaque année, un montant correspondant à des avances aux agents pour le règlement des droits et taxes des douanes sur les véhicules importés par les fonctionnaires de l’Etat. Pour la loi de finances exercice 2014, ce sont 350 millions de F CFA que l’Assemblée nationale a consentis au titre des avances pour accompagner les fonctionnaires pour le dédouanement de leurs véhicules.
A.D.
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Le port du casque, une nécessité
Le nombre d’accidents impliquant les deux roues à Bobo-Dioulasso est effroyable : 1 025 en 2013, 313 au premier trimestre de 2014 et 281 au deuxième trimestre de la même année, soit 594 à la moitié de l’année 2014. Le nombre de morts dans la circulation est de 38 en 2008, 60 en 2011, 71 en 2012 et 103 en 2013. La plupart de ces accidents est due au non-respect des règles de la circulation, à l’imprudence et à la méconnaissance du code de la route. Face à ce nombre élevé d’accidents, le chef de la section accident du commissariat central de police de la ville de Bobo-Dioulasso, Ardjouma Sanou, a fait plusieurs recommandations. Parmi celles-ci, figure l’introduction de l’étude du code de la route dans le système éducatif et le port du casque, car selon les statistiques, 90% des décès au cours des accidents impliquant les deux roues sont dus au traumatisme crânien.
A.D.
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Rouler sans plaque d’immatriculation, une faute
Tout comme les véhicules, les motos de cylindrée supérieure à 50 cm3 font l’objet de formalité de dédouanement et d’immatriculation. Pour les motos, les dédouanements se font sur la base d’une valeur de référence qui est de 225 000 F CFA. Quel que soit le prix d’achat de la moto, 225 000 F CFA sont retenus comme valeur en douane sur laquelle on applique un taux d’environ 48%. Sur chaque moto, l’acquéreur a donc un montant de près de 110 000 FCFA de droits et taxes de douane à payer. Lorsqu’on paye une moto, il est recommandé d’exiger la facture d’achat du vendeur, le Certificat de mise à la consommation (CMC), les copies des déclarations et dans le cas où la déclaration concerne plusieurs motos, la liste des châssis. Aussi, il est fortement recommandé d’immatriculer sa moto, tout comme les véhicules, avant de circuler. Il n’y a aucun délai pour immatriculer son engin, il doit être fait dès l’achat. Circuler sans plaque d’immatriculation est une entorse à la réglementation en matière de circulation routière.
A.D.
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