Assurément, le Ghana est l’un des rares pays en Afrique à avoir réussi à asseoir un système démocratique digne des grandes démocraties occidentales. D’ailleurs, c’est un truisme que d’affirmer que ce pays est présenté comme un modèle de démocratie et de développement en Afrique de l’Ouest en particulier et en Afrique en général.
De tout point de vue, tous les observateurs et autres analystes s’accordent pour dire que le Ghana connait non seulement une stabilité politique qui fait des émules, mais aussi, tient des élections dans un calme qui capte l’admiration de tous.
En effet, alors que dans la plupart des pays ouest africains, élections riment avec violence et contestations tous azimuts, au Ghana, celles-ci sont marquées par une grande civilité.
C’est donc là l’éloge, somme toute légitime, d’un véritable régime politique fondé sur la souveraineté des citoyens élisant librement leurs représentants. Et cela s’appelle tout simplement démocratie ; un système que le Ghana a su bien embrasser et qu’il pratique avec fierté et exaltation. Et c’est cet exemple de démocratie caractérisé par une hauteur d’esprit des différents acteurs que le Ghana vient de faire prouver une fois de plus aux yeux du monde.
En effet, depuis 1992, date de l’avènement du multipartisme, le pays de Kwamé N’Nkrumah s’est résolument mis sur les rails de la démocratie.
Pour la 6e fois depuis 1992, de façon consécutive, le peuple ghanéen a été de nouveau sollicité pour élire ses représentants à l’Assemblée nationale et son président. Ainsi, les 7 et 8 décembre 2012, 14 millions de Ghanéens ont été appelés aux urnes pour élire les 275 députés et leur président.
De prime abord, la première impression qui se dégage est que ce pays a acquis une culture électoraliste dans la paix et dans le respect mutuel. En attendant la proclamation des résultats, on peut sans doute se réjouir des performances démocratiques de la maturité du peuple ghanéen à renouveler ses dirigeants sans heurts. Lesquels heurts sont souvent l’apanage de certains Etats sous nos cieux.
En ce qui concerne cette élection, on peut noter que de la campagne électorale au scrutin, on note une certaine quiétude observée par les huit candidats en lice. Chacun, en ce qui le concerne, à la limite des moyens républicains mis à sa disposition, a animé le débat politique sans qu’on ne constate un écart de langage. L’animosité et autres pratiques dignes des sociétés rétrogrades et acéphales semblent être bannies dans ce pays qui fait la fierté de tout le continent. Avec tout ce que ce scrutin comporte comme enjeux pour le Ghana et pour les Ghanéens, la sérénité et le calme ont prévalu et guidé les candidats en course pour la présidentielle, notamment ceux des deux principaux partis du pays, John Dramani Mahama du Congrès national démocratique (NDC) et Nana Akufo Addo du Nouveau parti patriotique (NPP).
Du reste, désormais, tout se joue entre ces deux grands partis. Qui de John Dramani Mahama du NDC et du Nana Akufo Addo du NPP a pu convaincre l’électorat ghanéen ? Un électorat caractérisé par une conscience citoyenne et une grande liberté d’esprit dans le choix de leur candidat.
Pour notre part, tout le mal que nous souhaitons pour le Ghana est qu’il réussisse cette élection et que le choix du peuple dicte toutes les velléités destructrices. Nous osons croire que quelle que soit l’issue du scrutin, les acteurs privilégieront la voie légale. Inutile d’infantiliser le débat politique dans ce pays qui a connu une percée, significative en matière de réveil des consciences politiques.
Quelle que soit donc l’issue du scrutin, tout ce que le peuple ghanéen doit garder à l’esprit est qu’il joue sa réputation de modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest. Et ce, dans l’optique de sauvegarder ce modèle démocratique arraché de haute lutte. Car, les années post-indépendantes, notamment sous le régime militaire de Jerry Rawlings, les Ghanéens ont été contraints à dix ans de couvre-feu. C’est à croire donc que la stabilité démocratique que savourent les Ghanéens et qui attire les autres peuples est en quelque partie redevable aux années révolutionnaires que le pays a traversé.
Par ailleurs, cette stabilité politique est soutenue par une stabilité économique dont le taux de croissance est de 5%. A ces deux critères forts appréciables, s’ajoutent une société civile active, des instituts de réflexion, une justice indépendante, une presse libre. Ces facteurs caractérisant un Etat moderne place le Ghana parmi les pays du monde à forte culture démocratique et économique.
Nonobstant cette démocratie bien vivante, nous ne devons pas perdre de vue les défis du moment qui restent tout de même grands. Alors, le nouveau président doit continuer l’œuvre de consolidation démocratique et économique tout en n’ignorant pas les préoccupations du moment. Au nombre desquelles, la corruption qui déchaine les passions et soulève le courroux de certains hommes politiques. Aussi, avec la nouvelle production pétrolière qui suscite espoirs, le peuple ghanéen doit être vigilant face aux éventuelles conséquences, car l’une des raisons des crises en Afrique est la richesse de son sous-sol qui est souvent source de toutes les malédictions. Espérons tout simplement que le Ghana saura garder sa stabilité pour briller au firmament de l’Afrique, voire du Monde