Politique
Avènement du FPS: pourra-t-on revivifier l’idéal Sankariste ?
Publié le mardi 14 octobre 2014 | Le Pays
© aOuaga.com par Séni Dabo
Sankarisme : 3 partis créent un front progressiste Samedi 11 octobre 2014. Ouagadougou. Maison du peuple. Les partis sankaristes UNIR/PS (Union pour la renaissance/Parti sankariste), FFS (Front des forces socialistes) et CNR/MS (Conseil national révolutionnaire/Mouvement sankariste) ont porté sur les fonts baptismaux le Front progressiste sankariste (FPS) lors d`un congrès constitutif de 48 heures. Photo : Me Bénéwendé Sankara, président du bureau exécutif national du Front progressiste sankariste |
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« Tout ce qui se ressemble s’assemble ». Cet adage pourrait être contredit au regard de la prolifération des partis d’obédience sankariste. Ils sont, en effet, une dizaine qui prétendent, chacun de son côté, aller à la conquête du pouvoir d’Etat, afin de poursuivre l’œuvre « du père de la révolution d’août ». Cet état de fait a fini par décourager bien des Burkinabè de l’intérieur comme de la diaspora, qui avaient la faiblesse de croire que même après la disparition tragique, le 15 octobre 1987, de celui qui a fait rêver le Burkina, voir toute l’Afrique, son œuvre pouvait être poursuivie dans le cadre d’un seul parti sankariste. Cette attente a été déçue et certains, tout en ne cachant pas toujours leur attachement aux idées de leur icône, ne se reconnaissent dans aucun des nombreux partis sankaristes. La création, ce samedi 11 octobre 2014, du Front progressiste sankariste (FPS) au sein duquel on retrouve le Conseil national révolutionnaire/Mouvement sankariste (CNR/MS) de Romain Conombo, le Front des Forces sociales (FFS) de Norbert Tiendrébéogo et l’Union pour la Renaissance / Parti sankariste (UNIR/PS) de Me Bénéwendé Sankara, et dont l’objectif, selon le président du Front, Me Sankara, est d’unir leurs forces pour « une alternance alternative » sankariste au Burkina, peut être perçue comme une initiative qui mérite d’être saluée parce que l’union a priori fait la force. Mais l’on peut être sceptique quant aux chances de survie du FPS.
Cette inquiétude est d’autant plus justifiée que cette initiative intervient après bien d’autres du genre qui ont vite tourné au fiasco.
L’on peut, dès lors, se poser la question de savoir pourquoi, jusque-là, toutes les paroisses sankaristes ont du mal à se fondre dans un même diocèse.
Le Front progressiste sankariste pourrait se positionner comme une véritable force politique alternative au Burkina
D’abord, il y a des partis sankaristes qui ont fait du sankarisme un business. En effet, cette idéologie, si l’on peut l’appeler ainsi, est un label qui se vend bien, surtout auprès de la diaspora burkinabè et de la jeunesse africaine de façon générale.
Le meilleur moyen de se faire lyncher en Afrique à l’époque, était de tenir un discours anti-Sankara.
Ensuite, l’on peut avoir l’impression que certains partis sankaristes ont été suscités par le pouvoir en place. En effet, après le 15 octobre 1987, les plus redoutables adversaires du régime étaient les sankaristes. Et ils étaient nombreux et déterminés, à l’intérieur du pays comme à l’extérieur. Blaise Compaoré, en vrai stratège et cela est de bonne guerre, a dû déployer toute l’artillerie lourde pour torpiller toutes les tentatives de rassemblement des sankaristes. Et il pourrait avoir suscité la création de partis sankaristes dont l’objectif était de créer de manière permanente, la zizanie au sein de la galaxie sankariste. Il pourrait ne pas être étranger au fait que les pires ennemis des sankaristes se recrutaient en leur propre sein.
Enfin, il faut reconnaître que l’union des sankaristes a été pratiquement rendue impossible par la guerre des ego. Cette guerre de leadership s’est métastasée en une haine qui a toujours caractérisé les rapports entre certains responsables de partis politiques sankaristes.
Cela dit, le Front progressiste sankariste, qui vient d’être mis en place, pourrait avoir des chances de se positionner comme une véritable force politique alternative au Burkina. Mais pour cela, il devrait s’imposer les exigences suivantes. D’abord, il ne doit pas craindre de privilégier la qualité à la quantité. A force de vouloir ratisser large, il court le risque de recruter de véritables opportunistes qui peuvent le poignarder dans le dos à tout instant.
Ensuite, l’erreur serait de croire que le pouvoir en place va rester les bras croisés. Certes, l’on peut avoir la faiblesse de croire que celui-ci est conjoncturellement affaibli. Mais sa capacité de nuisance à l’endroit des sankaristes reste intacte.
Enfin, si le FPS venait à évoluer vers la mise en place d’une seule entité sankariste, les uns et les autres devraient s’abstenir de se livrer en spectacle honteux au sujet de l’attribution des responsabilités. Toutes choses qui seront de nature à dégoûter les vrais adeptes de l’idéal sankariste dont les grands axes pourraient être le don de soi à la patrie, le renoncement aux choses bassement matérielles, le sens de la dignité. Le Front progressiste sankariste pourra-t-il porter longtemps ce noble idéal ? On touche du bois.
Sidzabda
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