Art et Culture
Cendrine Nama: «le combat pour le développement de l’Afrique est une affaire de tous»
Publié le mercredi 8 octobre 2014 | FasoZine
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Artiste musicienne, styliste, responsable d’agence de communication, Cendrine Nama s’est révélée comme espoir de la musique burkinabè grâce à l’émission « Faso Académie » en 2006. Ambassadrice de bonne volonté, ambassadrice aux côtés d’Amnesty International, ambassadrice de State Of Union près le Burkina, la liste est longue… Et pourtant, la fille du journaliste Germain Bitou Nama et de Marceline Solange Kiona, sage femme à la retraite, dit ne pas être satisfaite. Pour elle, le combat pour le développement de l’Afrique est une affaire de tous. Et elle ne compte pas rester en marge. Elle se livre ici à travers cette interview accordée à Fasozine.
Fasozine: Que fait Cendrine Nama en ce moment?
Cendrine Nama: Je viens d’être choisie comme ambassadrice de bonne volonté aux côtés des artistes Bill Aka kora, Joseph Tapsoba dit Chocho et Alif Naaba. C’est une campagne qui s’articule autour des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Vous n’êtes pas sans savoir que la date buttoir est pour bientôt et que les chefs d’Etats du monde entier vont se rencontrer 3 septembre 2014. Il est important que les gens sachent qu’une personne sur 10 n’a pas accès à l’eau potable. Il y a des pays dans lesquels les gens n’ont pas ce problème d’eau potable. Par contre, dans d’autres pays, il est important de se pencher sur la question. L’Afrique gagnerait à s’unir parce qu’il ne faut pas que nos besoins passent en arrière plan. Je suis également ambassadrice aux côtés d’Amnesty international dans le cadre de la lutte contre la mortalité maternelle. Je suis aussi ambassadrice de State of union près le Burkina. C’est une coalition d’ONGs et d’Etats. Nous sommes 22 ambassadeurs de 22 pays d’Afrique. Dans le cadre de mes activités d’ambassadrice, je suis intervenue en Ethiopie, au Malawi, en Afrique du Sud, au Rwanda.
En quoi consiste le rôle d’ambassadrice?
Il s’agit d’être le lien entre certaines institutions et la société en général. Véhiculer des messages de sensibilisation, essayer de mobiliser les populations et les intéressés autour des questions qui les concernent. Selon Amnesty International par exemple, 2 000 femmes meurent en couche dans le cadre de la mortalité maternelle. Je crois que beaucoup de personnes l’ignorent. J’ignorais qu’il y avait encore autant de femmes qui mourraient en couche et je pense que tout le monde a besoin de prendre une part active dans cette campagne-là. Parce que ce sont nos mères, nos sœurs et que ça peut arriver à n’importe qui. Si tout le monde pouvait se mettre ensemble et exiger des politiques qu’ils fassent quelque chose, ce serait une victoire pour notre pays et pour notre continent.
Dans le cadre de la campagne « Play for the union » où je suis ambassadrice, j’essaie de mobiliser les populations afin qu’elles prennent une part active dans les décisions qui nous concernent. C’est-à-dire que chaque fois que les chefs d’Etats se rencontrent au sommet de l’Union Africaine, ils prennent des décisions qu’ils ne ratifient pas forcement où ne mettent pas en œuvre. Je me dois donc de faire un travail d’éveil et de plaidoyer. Sur les 43 chartes de l’UA au Burkina, il n’a été ratifié que 26. C’est déjà bien parce qu’il y a des Etats qui n’ont ratifié que 10. Mais on constate que les 26 n’ont pas toutes été mises en œuvre. Alors qu’en mettant en œuvre seulement 14 de ces chartes, on pourrait arriver à bouter hors du pays, la faim, la mortalité maternelle, bref, des questions de bases.
Il s’agit donc de mettre la musique au service du développement ?
Je ne sais pas trop, mais les gens disent que je suis branchée. Moi, j’aime être occupée, j’aime travailler parce qu’en fait, je travaille dans des domaines qui me plaisent. Je rêve bien de pouvoir apporter ma contribution à faire de l’Afrique un continent uni.
Artiste musicienne, styliste, responsable d’agence de communication…Cendrine Nama est une touche-à-tout ?
J’ai fait des études en management, et comme tout le monde j’ai galéré. Il faut dire que j’ai fini mon master à 22 ans et on me disait tout le temps que j’étais trop jeune pour l’emploi. Je me suis donc dit que si je ne trouve pas une solution, on me dira que j’ai oublié ce que j’ai appris lorsque j’aurai l’âge pour travailler. C’est ainsi que j’ai commencé à mettre en place une structure afin de gagner ma vie. J’avoue que ce n’est facile. Aujourd’hui, tu as des clients et demain tu as un concurrent qui te les pique. Donc, ce n’est pas de tout repos et on doit être perpétuellement au top.
L’aventure est partie de Faso Académie n’est-ce pas ?
Effectivement, c’est la première édition de Faso Académie en 2006 qui m’a consacré lauréate. C’est déjà lointain mais c’est la première expérience que j’ai eue et ça m’a beaucoup appris : à avoir le courage, la détermination et la persévérance dans tout ce que je fais.
Avec toutes ces activités, avez-vous encore le temps pour la musique ?
Après Faso Académie, je suis entrée en studio et j’ai sorti « Couleurs ébène ». Un premier album de 9 titres sorti sous la houlette d’ « Abazon » de l’artiste Smokey. Actuellement, j’en suis au deuxième qui s’appelle « Africa yé ». Il comporte 10 titres et est sorti en partie. Nous n’avons pas encore lancé toute la diffusion. Nous avons juste commencé une avant-première avec le titre « Baonsa ». Et dans le cadre de la campagne de « Play for the Union » il y a eu le titre « Play for the union » qui a été lancée en Afrique du Sud.
Quelle est la thématique de Africa yé?
Africa yé est beaucoup plus identitaire. C’est l’amour que l’on a pour ce qu’on est, pour l’Afrique notre continent, notre couleur, pour tout ce qui fait de nous ce que nous sommes. La nécessité pour les africains de se donner la main pour un continent plus fort et uni.
La sortie est prévue pour quand ?
Elle était prévue pour début 2014. Mais le plan n’était pas bien ficelé et nous sommes en train de d’envisager cette sortie pour début 2015. Mais je souhaite vraiment que ça soit fin 2014.
Quelles sont vos projets ?
C’est déjà d’arriver à produire ce que je ressens. C’est un travail qui n’est pas évident parce qu’il faut d’abord trouver les bonnes personnes qui nous comprennent et qui nous complètent, qui vont réussir à matérialiser un peu ce que nous imaginons. C’est aussi de réussir moi-même à atteindre un certain niveau que parce que j’estime que je ne suis pas encore arrivée là ou je souhaite arriver. C’est également de trouver un cadre spécial pour pouvoir accomplir les missions prévues. J’aimerais pouvoir continuer à faire plus dans mon engagement dans la société civile.
Abel Azonhandé
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