Société
Retour à l’école pour combattre l’excision
Publié le jeudi 2 octobre 2014 | Sidwaya
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Selon cette maxime qui dit que "la culture est ce qui reste de l’homme lorsqu’il a tout perdu ici-bas", des personnes d’une autre génération trouvent normal et même essentiel de pratiquer l’excision. Ces chirurgiens traditionnels continuent de passer les fillettes par le fer comme il l’était il y a des siècles. Dans les profondeurs des villages au "pays des Hommes intègres", de vieilles personnes se livrent, au nom de la coutume et de la tradition, à cette pratique léguée par les aïeux sans se soucier des conséquences qu’elle pourrait avoir sur la santé des petites filles. Les risques liés à ce phénomène sont nombreux, ce qui fait que depuis un certain temps, les luttes se multiplient pour stopper la pratique. Mais chasser le naturel, il revient au galop. Face à l’ancrage et à l’omniprésence de l’excision dans la société, les croisades contre elle se heurtent parfois à des murs de résistance. La pratique de l’excision est encore d’actualité et défie les mécanismes visant à tuer le poussin dans l’œuf. Mais la guerre se poursuit. Plusieurs organisations dans le monde cherchent à mettre fin au fléau. La traque s’est intensifiée ces derniers temps. Aujourd’hui, au regard de la difficile équation, les acteurs burkinabè ont changé le fusil d’épaule pour triompher du mal. En plus des fora et des séances de sensibilisation et autres rencontres d’information, les anti-excision se tournent vers le monde de l’éducation. Les encadreurs pédagogiques viennent d’être impliqués pour accompagner le système. Ils sont aux yeux des militants pour un monde sans mutilation, les personnes les mieux indiquées pour inculquer à la jeunesse les dangers de l’excision. En effet, pour parvenir à une tolérance zéro dans les années à venir, les membres de la coordination nationale de lutte contre les MGF se sont tournés vers les écoles. «Seule l’éducation peut permettre l’élimination totale et définitive de cette pratique néfaste à la santé des filles», a déclaré la coordonnatrice de la campagne nationale de plaidoyer pour la généralisation des contenus des MGF dans le système éducatif, la première Dame du Burkina, Chantal Compaoré, lors des travaux de la journée d’information et de sensibilisation des encadreurs pédagogiques tenue à Ouagadougou le lundi 29 septembre 2014. A cette occasion, le ministre en charge des Enseignements secondaire et supérieur, Moussa Ouattara, a marqué son adhésion à la chose en affirmant que son département, va œuvrer pour une intégration générale des contenus des mutilations génitales féminines dans le système éducatif national au cours de l’année académique 2014-2015. Le nouveau chapitre (les MGF) sera dispensé dans trois disciplines du secondaire, le français, la philosophie et les Sciences de la vie et de la terre (SVT). De l’analyse des acteurs, en formant les générations présentes et futures aux effets néfastes du fléau, le Burkina disposerait d’hommes et de femmes avertis capables de refuser toute forme d’excision de leurs enfants. L’approche éducative de lutte contre les mutilations génitales à travers l’enseignement des contenus MGF dans les curricula devrait favoriser à la jeune génération une meilleure connaissance des MGF et favoriser un environnement favorable à son abandon. Seulement, faut-il que l’idée soit soutenue par des actions concrètes. La motivation des enseignants, leur recyclage sur des thématiques et leur équipement en matériel se rapportant aux MGF demeurent les conditions pour joindre l’utile à l’agréable. A défaut de faire prendre conscience aux adultes, il est bien pensé d’attaquer le mal à la racine en sensibilisant les jeunes afin d’éviter qu’ils soient eux aussi emportés par le même tourbillon culturel profondément ancré dans une société aujourd’hui fascinée par l’éclat et le rayonnement du monde moderne, mais qui éprouve du mal à se départir de ces vieilles pratiques ancestrales.
Wanlé Gérard COULIBALY
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