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Hommage à Jacques Prosper Bazié
Publié le jeudi 2 octobre 2014  |  Sidwaya




«La Saga des immortels» vient de commencer pour l’écrivain Jacques Prosper Bazié. Après avoir donné à la littérature burkinabè et africaine ses lettres de noblesse, cette plume que l’on ne présente plus au Faso a craché un dernier jet d’encre encore humide sur la page de l’histoire littéraire de son pays le mardi 30 septembre 2014 en début de soirée. Surpris à la tâche, l’homme a cassé lui-même sa plume de peur que la mort n’écrive une page de deuil sur sa bibliographie et sa biographie pleines d’espérance et de vie.

Prolifique, l’homme de lettres et de culture a dans sa bibliographie une dizaine d’œuvres qui sont autant de diamants bruts dans les librairies et bibliothèques au profit des élèves, étudiants et autres amoureux de belles lettres. Une demi-douzaine est en instance de publication. De la poésie au roman en passant par le conte et la nouvelle, la plume bien trempée de Jacques Prosper Bazi coule de source, limpide comme le Nazinon qui abreuve son Sanguié natal. Il a chanté, poète, l’«Orphelin des collines ancestrales» en 1985, «La saga des immortels» en 1987 et fait le pèlerinage «Aux miradors de l’espérance» en 1992. Il a conté le «Syllabaire de civière» en 1989 et raconté, romancier, «La dérive des Bozos» en 1988, «L’épave d’Absouya» en 1992. Et, il y a juste quelques mois de cela, l’enfant de Goundi a publié un ouvrage sur son idole «Nazi Boni, le Moïse du Bwamou». Dans les coulisses du ministère de la Culture et du Tourisme où il était encore conseiller technique, les témoignages de ses proches collaborateurs sont nombreux sur l’attachement de l’homme à la langue française et à la culture de ses pères, valeurs qui résument le sens de la Francophonie. L’homme était féru de culture et «on peut tout lui reprocher, sauf son ardeur au travail», a déclaré un des collaborateurs.


Thomas Dakin POUYA
pouyemtiim@yahoo.fr

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Propos recueillis auprès ses collaborateurs du ministère de la Culture et du Tourisme

Mme Amina Traoré, chargée de relations publiques à la direction de la communication et de la presse ministérielle :

"Monsieur Jacques Prosper Bazié était pour moi plus qu’un collègue. Il était un grand frère, on était familier. C’était un homme très aimable avec qui nous échangions sur beaucoup de sujets. Rien que jeudi passé, il était dans mon bureau et je lui ai remis le questionnaire d’un étudiant qu’il a bien voulu remplir (au bic vert) et glissé sous ma porte en mon absence. Je devais le revoir ce matin pour qu’il explique la couleur de l’encre utilisée… et c’est ce matin en arrivant au travail que l’on m’annonce la triste nouvelle de sa disparition, bien qu’il soit décédé hier soir. Il était diabétique, avait des malaises de temps à autre, mais s’en remettait promptement. Je suis bouleversée et ne peut que saluer sa mémoire. Puisse-t-il reposer en paix" !
Jean-Claude Dioma, Secrétaire général du ministère de la Culture et du Tourisme :
«Ce que je connais de Jacques Prosper Bazié, c’est depuis le temps déjà où il était directeur de la scène à la direction des Arts et du spectacle. L’homme est caractérisé par son calme olympien, faisant montre d’une grande culture, en atteste tout son parcours. Il était toujours à l’écoute pour renseigner, éclairer sur les préoccupations du moment, sans jamais placer un mot plus haut que l’autre. J’ai également travaillé avec lui du temps où j’étais directeur du patrimoine culturel dans le cadre de la grande exposition Vallée du Niger qui impliquait outre le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Nigeria. Il fut l’un des conférenciers à cette grande exposition. Il a également dirigé la Semaine nationale de la culture (SNC) et cela a toujours été agréable de travailler avec lui. Je dois avouer que Jacques Prosper Bazié fait partie des gens qui nous ont vraiment formés. Du point de vue de ses activités littéraires, de nombreux jeunes écrivains le côtoyaient régulièrement pour bénéficier de son expérience et de ses connaissances dans le domaine littéraire. Son œuvre et son empreinte sur le département de la culture sont immenses».


Jean-de-Dieu Vokouma, conseiller technique du ministre de la Culture et du Tourisme :

«M. Bazié était pour moi avant tout un grand frère. Véritablement, je l’ai connu en 1997 quand il a été nommé directeur général de l’Institut des peuples noirs. Nous étions ses agents et il m’a pris sous son aile, m’a formé véritablement à l’administration. L’IPN avait un certain nombre de défis à relever et il a joué sa partition pour faire avancer l’Institut, cela jusqu’à son départ pour le Canada où il avait été nommé conseiller culturel. Nous nous sommes curieusement retrouvés au cabinet du ministre de la Culture et du Tourisme comme conseillers techniques en 2011. Nous nous sommes à nouveau frottés et côtoyés. Chaque matin, bien que grand frère, il passait toujours par mon bureau pour me dire bonjour et échanger. Ce qui m’a surtout intrigué, c’est que ces derniers temps, il a toujours évoqué la mort. A mes protestations, il n’avait de cesse de répéter : «on va partir, je vais partir », poursuivant taquin, «est-ce que tu vas me réveiller quand je me serai couché ? », pour faire allusion à mon nom de famille Vù-kùùma (NDLR, littéralement : réveiller le mort, en mooré). Ces derniers temps, il me faisait scanner des photos d’illustres disparus, ses propres photos et surtout des caveaux. Je viens d’ailleurs de me rendre compte que sa dernière photo a été curieusement scannée la tête renversée. Prémonitoire ?»


Mathias Zantea, Directeur de cabinet du ministre de la Culture et du Tourisme :

«C’est vraiment une grande perte pour la nation burkinabè au regard de la carrure de l’illustre disparu. Pour moi, il était un père, un conseiller, un exemple de simplicité, de disponibilité, un semeur de bonne ambiance et de générosité. C’était un homme de grande culture générale, hors du commun au plan professionnel. Le 18 septembre passé par exemple, quand il fut informé le matin même de la visite du ministre Hama à la librairie Mercury, il s’est, séance tenante, levé pour nous accompagner. Simple et humble, il n’a pas hésité par exemple à confier la lecture du manuscrit de son dernier ouvrage « Nazi Boni, le Moïse du Bwamou » à un novice comme moi…il nous laisse un exemple de vie, un témoignage édifiant pour la jeune génération. Le sens que l’on donne à sa vie est plus important que le nombre des années vécues ».

T.D.P
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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