Art et Culture
Rentrées scolaire et judiciaire : tiens, et si on convoquait un référendum sur ces vraies «questions d’intérêt national» !
Publié le mercredi 1 octobre 2014 | L’Observateur
© aOuaga.com par A.O
Examens scolaires 2014 : plus de 180 000 candidats à l`assaut du BEPC Mardi 3 juin 2014. Ouagadougou. Les candidats à la session 2014 du Brevet d`études du premier cycle (BEPC) au nombre de 184 391 ont entamé les épreuves écrites de cet examen scolaire qui se déroule sur tout le territoire national |
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Si les élèves et écoliers de nombreux établissements privés ont pris ou repris le chemin de l’école depuis maintenant deux bonnes semaines, c’est aujourd’hui 1er octobre que le gros de la troupe effectue sa rentrée 2014-2015.
Mais auparavant les enseignants et les administratifs avaient déjà effectué leur rentrée pédagogique pour gérer les éternelles et interminables angoisses qui ne manquent pas à cette période, même si cette année, on a le sentiment que les difficultés ont pris une autre dimension.
En fait de rentrée, nombreux sont les enfants qui devront encore patienter, puisque ne sachant toujours pas où ils fréquenteront. En cause, dit-on, le taux exceptionnel de réussite au CEP 2014 (82% contre 60% les années précédentes) qui fait qu’ils sont 261 316 élèves à se bousculer à la porte de la 6e.
Dans le principe, on ne saurait critiquer la possibilité, louable, offerte à chaque enfant détenteur du CEP de poursuivre des études secondaires, mais le problème est qu’on semble surpris de l’embouteillage que le flux scolaire engendre. On s’était pourtant laissé dire que gouverner c’est prévoir, qui plus est, au pays de l’émergence en mouvement.
En réalité, force est de constater que depuis des lustres, il y a une gestion chaotique de l’éducation qui confine parfois au pilotage à vue. Pour tout dire, le secteur de l’éducation, où se joue l’avenir de nos enfants et donc de la Nation, semble être un terrain fertile en expérimentations hasardeuses aux conséquences néfastes.
Le goulot d’étranglement de la 6e vient s’ajouter au corollaire des maux interminables comme une liste de fournitures, qui minent le secteur et qui ont, entre autres, pour noms : l’insuffisance d’infrastructures (1205 salles de classe restent à construire) et le manque de personnel (que le recrutement de 7600 instituteurs au titre des mesures nouvelles ne suffira pas à résorber). Et que dire de la formation approximative des enseignants, chose qui se répercute inéluctablement sur le niveau de l’éducation, qui est loin d’avoir la moyenne ?
Si au primaire et au secondaire, les problèmes sont déjà innombrables, on ne sait plus ce qu’il faut penser du supérieur et particulièrement de l’Université de Ouagadougou, où on ne sait même plus à quelle année académique on est. En mars 2013, le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, avait même parlé de «blanchiment technique», mais on n’est pas sûr que ce vocable savant ait résolu l’équation à multiples inconnues de l’enseignement supérieur où les universités publiques peinent à trouver le bon tempo. Si on ajoute à cela les problèmes qui minent le privé, on est fondé à penser que le temple du savoir est devenu le royaume de l’anarchie, du désordre et du mercantilisme à tout crin.
Un tableau, on le voit, on ne peut plus sombre surtout que plane sur la rentrée la menace d’une prise en otage du calendrier scolaire par les syndicats afin d’obtenir de l’autorité qu’elle applique la grille salariale des fonctionnaires et des agents contractuels.
Ce 1er octobre s’effectue également, comme à l’accoutumée, une autre rentrée, celle judiciaire qui aura lieu cette année à la salle des banquets de Ouaga 2000 sous le thème : « Les entraves juridiques au bon fonctionnement de la Cour de cassation ».
Là aussi, la cloche de la reprise a un tintement de revendications, puisque d’ores et déjà le Syndicat des greffiers du Burkina (SGB) et celui des agents de la justice (SYNAJ) préviennent : «Le gouvernement assumera l’entière responsabilité des éventuels blocages du service public de la justice qui surviendraient si la situation demeure en l’état.» Une autre menace de prise en otage d’une rentrée qui découle de la volonté d’obtenir de meilleures conditions de vie et de travail et qui traduit les énormes défis qu’il reste à relever pour bâtir, ensemble, l’émergence d’une justice indépendante au pays des hommes intègres. Et ce n’est peut-être pas un hasard si le Conseil constitutionnel fait justement partie des 5 questions à l’ordre du jour du dialogue inclusif Majorité/Opposition. C’est dire à quel point les problèmes politiques et judiciaires sont bien souvent enchevêtrés sous nos cieux.
Un 1er octobre, deux rentrées de tous les dangers donc. Et si on en dialoguait ? Car pendant qu’on y est, au lieu de se demander si permettre à Blaise Compaoré de se représenter est un sujet d’intérêt national conformément à l’article 49 de la Constitution (1), voilà de vraies questions d’intérêt national qui mériteraient qu’on convoque un référendum : l’éducation et la justice.
Honni soit qui mal y pense !
Hyacinthe Sanou
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