Politique
Luc Ibriga du Front de résistance citoyenne : "Nous allons combattre un éventuel référendum"
Publié le mardi 30 septembre 2014 | aOuaga.com
© aOuaga.com par Séni Dabo
Situation nationale : le Front de résistance citoyenne toujours contre le référendum Mardi 30 septembre 2014. Ouagadougou. Les premiers responsables du Front de résistance citoyenne (FRC) ont animé une conférence de presse sur la situation nationale caractérisée par des velléités de révision de l`article 37 de la Constitution via un référendum par les partisans du pouvoir en place. Photo : Luc Marius Ibriga, président du Forum citoyen pour l`alternance (FOCAL) |
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Les premiers responsables du Front de résistance citoyenne (FRC) ont animé une conférence de presse le 30 septembre 2014 à Ouagadougou. L'exercice a porté sur la situation nationale avec les velléités des partisans du pouvoir de modifier l'article 37 de la Constitution par voie référendaire. Le FRC a profité de l'occasion pour réitérer son opposition à cette consultation populaire et Luc Marius Ibriga, l'un des principaux animateurs de la conférence de presse, a fait savoir que le Front combattra un éventuel référendum même s'il est issu du dialogue politique en cours.
Le caractère illégal du référendum sur l'article 37 dont on parle tant est longuement ressorti de la déclaration liminaire du Front de résistance civile (FRC), un regroupement de 24 organisations de la société civile (OSC) actives sur les questions de gouvernance et engagées dans la consolidation démocratique au Burkina, lue par Luc Marius Ibriga. Fidèle à son engagement de départ qui est la non-modification de l'article 37 de la Constitution et le refus de l'installation du Sénat, le Front entend réaffirmer ledit engagement dans les jours à venir à travers une série d'activités. Selon le professeur d'université Ibriga, il s'agit de la publication d'une déclaration sur la situation nationale, de l'adresse d'une interpellation au Conseil constitutionnel, de l'organisation d'un panel sur la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance et, enfin, de l'organisation d'actions de sensibilisation de la population au sujet du référendum. Dans la déclaration liminaire, M. Ibriga a fait l'historique des manifestations et des appels en faveur du référendum des partisans du pouvoir ainsi que les "arguties" allant dans ce sens. Dans une telle situation de "violation" programmée de la Constitution et des "tentatives d'accréditer l'idée de la légalité du référendum dans les esprits des Burkinabè, le Front de résistance citoyenne attire l'attention des acteurs politiques et de la population sur quelques points clés.
Le premier est la légalité du référendum dont le recours aux fins de modification de l'article 37 est, de l'avis du Front, anticonstitutionnel au regard de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la bonne gouvernance de l'Union africaine signée et ratifiée par le Burkina. Le deuxième point est les modalités de révision de la Constitution dont l'article 161 du titre XV organise et précise explicitement les mécanismes y relatifs sans oublier l'alinéa 2 de l'article 10 de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la bonne gouvernance qui dispose que "les Etats parties doivent s'assurer que le processus d'amendement ou de révision de leur Constitution repose sur un consensus national comportant, le cas échéant, le recours au référendum". Et Luc Ibriga de préciser à la suite, en référence toujours à cette charte, que "le référendum ne remplace pas le consensus national mais le complète, le renforce".
Le troisième et dernier point clé est la rétroactivité de loi. A ce niveau, le FRC dit attendre de voir, au cas où les partisans du référendum "parviendraient à commettre leur attentat contre la Constitution", comment ces derniers pourraient démontrer de manière cohérente "pourquoi leur nouvelle loi constitutionnelle devrait rétroagir pour bénéficier au président Compaoré alors qu'en 2005 elle ne devrait pas rétroagir pour bénéficier au même président Compaoré".
Dans sa déclaration liminaire, le Front de résistance citoyenne n'a pas occulté le dialogue politique en cours entre la majorité et l'opposition. S'il dit ne pas être contre le principe, il soutient qu'une chose est d'appeler au dialogue et une autre est d'asseoir un véritable dialogue. Il s'interroge aussi en ces termes : "Comment dialoguer, avec qui et dans quel but ? Telle est la question centrale qui, si elle est escamotée, risque de semer dans le corps social les germes de la suspicion, de la division et de la haine". Le regroupement d'OSC invite aussi à ne pas répéter les erreurs du passé au regard de la création de cadres et d'initiatives similaires de dialogue qui n'ont abouti à rien.
Dans les réponses aux questions, Luc Marius Ibriga a martelé à nouveau l'opposition du Front à la révision de l'article 37 de la Constitution. "Nous allons combattre un éventuel référendum", dit-il en réponse à une question sur une possible entente de la majorité et de l'opposition pour aller au référendum à l'issue de leur dialogue. Il justifie cela par le caractère illégal de cette consultation populaire en se fondant sur l'article 49 de la Constitution. Pr Augustin Loada complétera en disant que s'il doit avoir un référendum, ce sera à froid c'est-à-dire une consultation qui ne profitera à personne d'où son adhésion pleine et entière à l'idée de couplage du référendum avec l'élection présidentielle de novembre 2015 au cours de laquelle les Burkinabè, tout en élisant un nouveau président, se prononceront en même temps sur le maintien ou non de la limitation des mandats présidentiels.
Séni DABO
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