Politique
Thierry Nabyouré à propos du MPP : « Le loup devenu berger »
Publié le samedi 27 septembre 2014 | Le Quotidien
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« Le loup devenu berger, même dans les fables, demeure un loup ». C’est ce qu’un citoyen burkinabè, Thierry Uthman Nabyouré, pense du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). Dans la déclaration qui suit, il estime que « la naissance du MPP est la provocatrice directe d’une des situations des plus caricaturales que le Burkina Faso ait connue »
L’amnésie, selon le dictionnaire en ligne wikipédia, est une perte totale ou partielle de la mémoire. Il s’agit, pour le géant en ligne, d’un état pathologique permanent ou transitoire, congénital ou acquis. Il peut être d’origine organique (lésions cérébrales) ou fonctionnel (troubles psychologiques, …) ou considéré en psychanalyse comme un mécanisme de defense contre l’anxiété ou contre l’angoisse de souvenirs douloureux. Cette définition colle bien à la situation politique burkinabè où les comportements, les attitudes des politiques laissent croire que « hier » à été effacé des mémoires. Comme si nous avions crainte que certains souvenirs resurgissent. La naissance du MPP est la provocatrice directe d’une des situations des plus caricaturales que le Burkina Faso ait connue. Tenez ! Vos plus méchants et dodus bourreaux revirent à 100° et vous font croire qu’ils regrettent de vous avoir molestés, humiliés, … hier à côté. Et vous exultez comme si on vous annonçait une augmentation de salaires, sans au préalable analyser ce volte-face, sans prendre le soin d’exiger des garantis immuables ? Il s’agit là d’un des symptômes qui corroborent l’amnésie d’une bonne partie des Burkinabè, ceux qui jubilent sans cesse derrière les ‘’méchants loups d’hier’’.
« Le loup devenu berger », même dans les fables, demeure un loup
De leurs élucubrations, les subits militants des subits opposants (Roch Marc Christian Kaboré, Simon Compaoré, Salif Diallo) croient qu’ils se muteront en défenseurs invétérés du peuple et de ses intérêts, alors que pendant plus de 27 années, ils ont été l’antre, l’épicentre de la terreur que représentait le régime ? Qui ne se souvient pas des divisions orchestrées par Salif Diallo au sein de partis et de regroupements de partis d’opposition, visant l’anéantissement d’une alternative au pouvoir en place ? Du monde de l’entreprise et des affaires, qui n’a plus souvenance des avantages que nos trois mousquetaires ‘’mppistes’’ ramenaient à des proches?
Hermann Yaméogo, que nous n’avons aucune intention de défendre ici, est un exemple de victime des assauts de Salif Diallo en particulier (ce dernier l’a même reconnu à travers un entretien qu’il a concédé à la Radiodiffusion nationale du Burkina). Sacré Salif. Un homme dit à toute épreuve, expert des intrigues politiques. Autour des années 1998-2000, la rumeur trainait comme poudre au vent le fait que le sieur Simon Compaoré ait fêté ses 3 premiers milliards. Inutile ici de parler des fortunes que l’ancien président de l’Assemblée nationale et Salif Diallo ont pu réunir. Si leurs capacités financières devraient être comparées, les plus riches d’Afrique (reconnus comme tels) connaitraient des concurrents et pas des moindres. Ce qui précède pour dire que ces hommes que les citoyens lambdas accrochés au changement, les gros naïfs ainsi que les intéressés (ceux qui espèrent gagner des postes ou trouvent au MPP un moyen de protéger des fortunes mal acquises) clament et acclament ne sont autres que des gens redevables au peuple et à son histoire. Le 13 décembre 1998, mourrait un brave homme. Un combattant pour les libertés individuelles et collectives, un véritable patriote. Norbert Zongo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a été l’un des premiers burkinabè à alerter les Burkinabè dans leur ensemble, la société civile et les politiques sur le pouvoir en place et certaines velléités politiques. Il a été combattu, dans la lettre de son message comme dans l’esprit de ses interpellations sans que las âmes qui se disent nobles (nos récents, de Zéphirin Diabré à Simon Compaoré) aujourd’hui ne pipent mot. S’il y avait à claquer la porte du pouvoir, c’était bien en ce moment là. Désormais, l’homme repose au cimetière de Gounghin, dans la terre du Burkina Faso qu’il a œuvré a rendre plus démocratique. Aujourd’hui, ceux qui en profitent le plus honteusement sont ces mêmes qui l’ont combattu. Après la mort du journaliste, les luttes du Collectif ont rencontré les vives réactions des impétrants défenseurs du régime. A leurs têtes, les premiers dignitaires du MPP. Vigoureux acteurs du ‘’système’’ dont ils symbolisaient l’axe principale. Ils ont toujours trouvé les mots, des solutions contre tout ce qui pouvait déconstruire l’opposition burkinabè. Après avoir miné et explosé l’ADF-RDA, le Dr Salif Diallo a minutieusement implosé l’OBU (l’opposition burkinabé unie), chère à Laurent Kilachu Bado et Mr Pargui Emile Paré (désormais aligné MPP). L’obus qui a servi à l’éclatement de ce regroupement pesait la bagatelle de 30 millions de nos francs. Laurent Bado s’est longuement exprimé là-dessus, inutile d’y revenir. C’est vrai : plusieurs analystes promettaient que l’opposition véritable à Blaise Compaoré proviendrait du parti au pouvoir. Mais il est excessif de croire que ceux là sont une alternative au pouvoir. Bien au contraire. Ils représenteront plus qu’une continuité : un recul. D’ailleurs, plusieurs analystes arguent que leur présence dans l’opposition subsiste du fait qu’ils veulent protéger les avoirs acquis en plusieurs années d’enrichissement. Ils se prémuniraient de la vindicte populaire en cas de chute du régime. Calcul véreux, dessein machiavélique si cela s’avère. Dans tout ça, c’est le peuple qui casque, c’est lui qui est tourné en ridicule. Un vrai diner de con. Mais à notre humble avis, ils ont rêvé tout haut. L’intégrité d’une bonne partie du peuple a toujours de beaux jours devant lui. Il est vrai que le besoin de changement est fort. Il s’impose effectivement que nous partions vers plus de démocratie et que le respect de nos lois s’impose réellement à tous. Mais il ne faut pas que ces besoins nous aveuglent au point que nous ‘’suitions’’ des mutants, des gens qui profitent de la conjoncture politique pour devenir des acteurs du ‘’pays réel’’, pour se venger et/ou pour protéger des avoirs. Norbert Zongo disait que « Ouezzin Coulibaly ou Philipe Zinda Kaboré ne sont pas restés dans l’histoire de notre pays parce qu’ils écrasaient les autres partis existants, organisaient les ‘’bagarres’’ à coups de ‘’missiles’’ et ‘’rampes de lancement’’ » Fin de citation. ‘’Bagarre’’, ‘’missiles’’ et ‘’rampe de lancement’’ étaient des mots du Sieur Simon Compaoré quand il se prononçait lors d’un entretien accordé au journal du Soir (en juin 1997) à propos de l’opposition politique. Des mots bien lui, bien CDR. L’écrasement des partis politiques était aussi une distraction favorite de Salif Diallo. Et selon des personnes bien au fait de la division de la famille Yaméogo (survenue après l’explosion en morceaux de l’ADF-RDA en 2003), Roch Marc Christian Kaboré en savait quelque chose. Salvador, frère Yaméogo, en ces temps, aurait reçu les moyens de son autonomie politique de monsieur Kaboré. L’éclatement du CDP n’était donc qu’un jeu d’enfants pour ces trois experts, d’autant puisqu’ils étaient le système. Plaise à Dieu, l’histoire du Burkina Faso ne les retiendra point. Avec un jeune commerçant, nous échangeons la semaine dernière sur l’actualité politique. Il est revenu sur le moment où prospéraient ses activités et la misère qui fut la leur (Celle des anciens commerçants de Rood Woko) après leur expulsion manu-militari des alentours du grand marché de Ouagadougou en 2003. Il accuse Simon Compaoré, maire de la capital à cette époque, de sa ‘’ruine’’. Il lui en veut d’autant plus qu’’’il a eu l’audace de revenir sur les lieux le lendemain pour justifier son action et dire à qui voulait l’entendre que vivre à Ouagadougou n’était pas fait pour tous’’. Pour clore ce chapitre, nous disons que si le peuple doit retirer sa confiance en Blaise Compaoré, ce n’est pas pour la confier à ceux là qui ont disposé du pouvoir au même titre que le chef de l’Etat qu’ils ont laidement trahi (augurant sa fin ?). La deuxième partie de notre participation aux débats actuels concerne la modification de l’article 37 et la succession de Blaise Compaoré (tout naturellement). Nous estimons que la modification de cet article de la loi fondamentale n’est pas la panacée et l’article 37 n’est pas la seule disposition palabrée de la Constitution burkinabè. Pour parler comme RMCK et ses sbires avant leur volte-face, rien n’empêche qu’il soit modifié et, il est plutôt inconstitutionnel qu’il ne le soit pas. Nous estimons qu’il vaut qu’on profite de la modification de celui-ci pour l’épurer et verrouiller définitivement les articles qui doivent l’être et qu’on en revienne plus. Mais nous assurons que le vrai débat n’est pas là. Si l’opposition burkinabè alerte et mobilise contre la modification de cet article, ce n’est pas parce qu’il est malsain de le faire ni parce que cela nuira à l’élégance de notre démocratie. C’est parce qu’elle sait que dans les règles du jeu démocratique, avec les meilleures dispositions électorales, elle est incapable de battre Blaise Compaoré. Sinon, pourquoi s’enquiquiner à empêcher qu’il le soit, au point d’envenimer la situation nationale, de distraire la paix sociale ? Pourquoi ne retiennent-ils pas qu’il y a une grande partie de Burkinabè qui est pour que Blaise rempile ? Nous nous disons que l’opposition se doit d’être plus responsable que ça. Si elle croit être conséquente politiquement, qu’elle cesse de nous plonger dans une zizanie politique aux conséquences incalculables. Qu’elle se prépare à confronter les partis de la majorité, aux prochains scrutins, notamment lors du référendum à venir. Ce serait salutaire et très démocratique de sa part. En attendant, ils ont le droit de nommer Blaise comme ils le veulent. Nous sommes en démocratie et l’homme n’a jamais empêché qu’un tiers politique s’attaque à lui. Il est doté de cette noblesse comportemental et on le lui reconnait ici au Burkina Faso comme partout ailleurs. D’ailleurs, les voix objectives lui reconnaissent d’avoir fait du Burkina Faso un pays qui compte et élève le ton dans le concert des nations. Quoiqu’on dise, le pays va mieux. Dites-nous que vous ne vivez pas mieux qu’il ya 10, 20 ans ? C’est ça qui est la vérité. Le Burkina change et notre société aussi. Il faut rendre ce mérite au chef de l’Etat au lieu de noircir le tableau en lui jetant à tout-va la pierre. Economiquement, nous connaissons un fort taux de croissance malgré les mauvais indicateurs au plan international. Le pays se porte, malgré les attaques des pyromanes politiques, la confiance d’investisseurs étrangers et nationaux. Les constructions d’infrastructures vont bon train et la jeunesse trouve l’emploi. Mais tout développement entraine des tares qu’il faut continuellement combattre. La corruption a pris ces dernières années des proportions inquiétantes. Côté sécurité, les Burkinabè ont perdu leur tranquillité d’antan. Le grand banditisme et la petite délinquance croissent à de fortes allures. La crise du logement frappe à nos portes. Devenir propriétaire est désormais un parcours de combattant. L’Administration publique et la justice sont des logis de fainéants et d’escrocs en tout genre et la course à l’enrichissement illicite est la chose la mieux partagée. Le bien public est confondu au privé. Il n’est plus respecté. Des règles élémentaires de vie en société perdent pied et le patriotisme est en phase de devenir un vain mot. L’argent est maître. Les lieux de culte, un business. La prostitution, la drogue, l’alcool gangrènent la jeunesse. Chacun y va de son fun. Voici écartelés des maux de notre société. Beaucoup de défis à relever avec de véritables programmes de gouvernance et non des chronogrammes de marches meetings ‘’recto-verso’’.
S’opposer c’est facile
Le pouvoir est un agglomérat de promesses et d’espérances. Mais une certaine opposition burkinabè appuyée par certains médias, au lieu d’échafauder des stratégies de conquêtes du pouvoir et des plans de construction de notre pays, s’accommodent trop bien de l’aphasie politique et de l’impuissance expressive des plus faibles, si elle ne le suscite pas. Ils profitent aussi du free flow renvoyé par internet, les réseaux sociaux et la multiplicité des médiums modernes de communication pour créer un brouhaha politique ; pour ‘’buzzer’’ (pardon) l’actualité. C’est vrai. Mobiliser aujourd’hui, c’est moins compliqué qu’hier. Les donnes ont changé. Que l’on soit aux USA, en Chine, au Pakistan comme en Egypte. Réunir des milliers de personnes en quelques heures ne fait plus appel à des moyens colossaux. Surtout quand il s’agit de s’opposer. ‘’La place Tahrir’’ en est l’expression la plus parfaite. On sait toujours quand est-ce qu’on commence, mais jamais quand on finit. Et comme nous (Burkinabè) pouvons irrémédiablement basculer vers une crise profonde, il faudrait que nous cessions d’être ‘’des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine par la tromperie des hommes, par la ruse dans les moyens de séduction’’.
Comme le disent si bien les grecques, ‘’la vertu est la base de la démocratie’’. Que les politiques s’asseyent sagement pour discuter, et surtout, que le peuple cesse d’être cet enfant, flottant et emporté à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, par la ruse dans les moyens de séduction.
Dialoguer, c’est bien ce que notre président fait depuis quelques années. Il ne perd pas son nord, ne se laisse pas prendre à la passion.
Une révolution
Nous voulons une Révolution. Mais une Révolution sans massacre. Une Révolution sans effusion de sang. Une Révolution où la vie humaine sera respectée. Une révolution qui mette au centre de tout le développement durable du Burkina Faso et de ses fils et filles vivant à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Cette révolution est une prise de conscience inclusive des réalités du pays et des solutions qu’elles requièrent. Nous voulons une révolution qui permette à tous les Burkinabè de profiter de nos richesses et qui nous évite d’être à la solde de puissances étrangères. Cette révolution doit porter la marque de nos complicités interne, de notre visée commune : la recherche, la pourchasse du bonheur partagé. On ne peut par conséquent y parvenir que si nos intérêts égoïstes sont mis à l’écart, que si les premiers acteurs de ce pays, Blaise Compaoré en tête, s’asseyent pour définir un pacte qui couve le pays et ses enfants de la maladie, de la misère et de la guerre ; un pacte qui nous protège de nous même ad vitam aeternam. Elle peut s’opérer à travers une transition pacifiée, d’une durée négociée.
Blaise Compaoré porteur indiqué de cet espoir
Nous sommes persuadés que Blaise Compaoré à la hauteur d’homme nécessaire à cette mutation salvatrice de notre société. Il a l’expérience et est assez amoureux du Burkina Faso pour nous y conduire. Donnons lui, ensemble, cette charge de rassembler les Burkinabé de tous les courants politiques et civils, pour la construction de cette ambition nouvelle, de cette nouvelle éthique.
Thierry Uthman Nabyouré
burkinabé
Trynyty_bn@yahoo.fr
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