Société
Insecurité au Burkina Faso : Des citoyens s’inquiètent
Publié le samedi 27 septembre 2014 | Le Quotidien
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L’insécurité au Burkina Faso est de plus en plus grandissante. Ces derniers temps, le quotidien des Burkinabè a été ébranlé par une série d’attaques à main armée qui, dans certains, cas se sont soldés par des pertes en vie humaine. C’est donc un truisme de dire que les Burkinabè vivent désormais avec la peur au ventre. Pour mesurer l’ampleur et le sentiment des Burkinabè sur ces différents cas de braquages, nous avons promené notre micro à travers la ville de Ouagadougou.
Assamiou Compaoré
J’ai constaté avec les autres Burkinabè à travers la presse, que ce phénomène est entrain de prendre de l’ampleur. Cela ne fait pas la fierté du Burkinabè et ne sécurise pas la population. Je pense qu’il faut chercher à comprendre pourquoi ce phénomène est entrain de prendre de l’ampleur. Est-ce la pauvreté ? Est-ce des problèmes que chacun a par devers lui, est-ce l’insuffisance des salaires ? Voilà tout un tas de questions qu’on peut se poser. En faisant ces braquages à main armée, d’où viennent ces armes? parce que ces braqueurs ne les ont pas fabriquées. Il faut que l’on cherche à savoir qui sont ces personnes qui les ravitaillent en armes. On a connu des cambriolages mais pas de telle nature. Quand on arrive à cambrioler avec des armes, à ôter des vies humaines, alors il faudra que toute la population prenne ce problème au sérieux. Il faut que l’on se donne main dans la main pour aller et trouver une solution à cette situation, sinon personne n’est en sécurité en ce moment. Ceux qui pensent que cela ne peut pas les arriver, qu’ils se détrompent. L’appel que j’ai à lancer aux autorités, c’est de chercher à comprendre. C’est vrai que des enquêtes seront menées, mais qu’ils cherchent à comprendre pourquoi cela arrive. C’est-à-dire que dans tout comportement il y a toujours une raison. Le braqueur peut dire que c’est un problème de santé, un problème de rentrée scolaire, tout est possible. Que les autorités nous aident à mener des enquêtes approfondies et à sécuriser nos lieux. Que ce soit les écoles, les lieux de commerce, tout endroit où l’homme peut mener des activités. Sécuriser c’est-à-dire mieux outillés ceux qui doivent veiller à la sécurité pour qu’ils soient à mesure de faire face à d’éventuelles situations. Voilà qu’un policier a été gravement blessé à Saaba et un étudiant tué, dans tout cela qui perd ? C’est les familles de ces victimes. Si ces gens se permettent de braquer en pleine journée, cela voudrait dire qu’ils n’ont pas peur. Généralement quand le problème te touche à fond, toi-même tu deviens un kamikaze. Ils n’ont qu’à chercher à comprendre pourquoi ces gens se comportent ainsi, et surtout quelles sont les personnes qui les ravitaillent en armements. Moi je ne m’en prends pas au braqueur mais à X ou Y qui le ravitaille en armes.
Benjamin Ilboudo
Je pense que c’est la pauvreté qui amène tout cela. A cela s’ajoute l’injustice. Nous savons tous que n’importe qui ne peut pas détenir une arme. Il faut remplir certaines conditions. Si les voleurs utilisent des armes maintenant, et pas du n’importe quoi, c’est qu’il y a quelque chose qui louche à quelque part. Lorsque vous remettez un voleur à la police quelque temps après ce même délinquant retrouve sa liberté.
Etienne Kouraogo, vendeur
de portables
Avant c’était dans les pays voisins qu’on pouvait entendre des braquages à mains armées. Mais maintenant c’est très fréquent au Burkina Faso. Le pire est que cela ne se fait toujours pas dans la nuit même la journée, il y a des braquages. C’est à dire que nous sommes tous dans l’insécurité. Les forces de l’ordre devraient faire un effort, pour faire face à cela.
Karim Sawadogo
C’est à vous les journalistes d’interpeller les autorités sur ce phénomène. Par exemple quand vous allez en reportage, la logique voudrait que les forces de l’ordre vous escortent, mais ce n’est pas le cas. Je me demande souvent ce que fait l’armée. Il y a un nombre pléthorique de soldats dans les casernes, sans occupation. S’il n’y a pas de situation de guerre, la solution serait de les déployer dans les zones à risque. On a eu vent que le pays s’était doté d’hélicoptères pour traquer les malfrats, mais jusque là on a rien vu. Actuellement même la journée nous sommes en insécurité totale, pour la situation de Saaba, on en a beaucoup parlé, mais rien a été fait jusqu’à ce récent braquage. Le comble c’est que chaque année on recrute des milliers de policiers, de gendarmes mais on ne sait pas ce que ces soldats font à la fin de leurs formations. Les premiers responsables doivent revoir cette situation, il ne faut pas seulement déployer des hommes chaque nuit mais il faut aussi le faire la journée et étendre cette action à d’autres localités.
Ouédraogo Saïd, agent
de Sécurité
Le phénomène de braquage qui règne actuellement, pour ma part est causé par la misère et la pauvreté qui amènent certains jeunes à s’accaparer des biens d’autrui. Toutefois il est vrai que c’est difficile de joindre les deux bouts, mais mieux vaut gagner dignement sa vie, il ne faut pas plonger dans des activités pouvant porter préjudice à autrui. Je profite de l’occasion pour inviter les jeunes au travail, car seul le travail est source de bonheur. La suggestion que je pourrai émettre à l’endroit des plus hautes autorités est de résoudre le problème du chômage, car à en croire ces jeunes, c’est parce qu’ils sont sans emploi qu’ils s’adonnent à ces actes. Mais il y a un adage africain qui dit « quand on parle au chien il faut aussi parler à l’os » c’est dire qu’il faut sensibiliser aussi ces jeunes afin qu’ils changent de mentalité. En effet ces personnes ne pensent qu’à mener une vie de bourgeois, ils ne pensent qu’à s’amuser dans les maquis.
Sougué Odou
Pour moi l’insécurité grandissante, résulte de la crise en Côte d’Ivoire, parce que des armes ont transité un peu partout. Et il y a également les mutineries qui ont secoué le pays en 2011. La question est de savoir si les militaires ou les policiers radiés ne seraient pas les auteurs de ces braquages ? Au regard des armes utilisées et de l’ingéniosité avec laquelle ces braquages sont effectués. Je pense qu’il serait judicieux de recruter des hommes, pas seulement pour la ville de Ouagadougou, mais aussi pour les autres localités. Les effectifs dans les autres localités sont retreints et aussi les commissariats sont sous équipés. Donc il faudrait affecter des soldats dans ces différentes zones et mettre à leur disposition le matériel nécessaire pour l’accomplissement de leurs missions. A l’actif du matériel d’intervention, je peux citer les moyens de transport, un appui aérien, et l’armement nécessaire.
Louise Boyo, particulier
«J’interpelle le gouvernement à redoubler d’effort et de vigilance et aussi à renforcer les équipements des forces de sécurité et de défense»
Ce problème qui se généralise est très dégradant pour le pays, car cela est principalement dû à la mauvaise gouvernance. Et lorsqu’un régime est sur une pente glissante, c’est la population qui en souffre. Vous savez qu’en 2011, il ya eu des mutineries et beaucoup de militaires ont été radiés. Il y a beaucoup d’armes qui sont restées dans les mains de ces derniers. Le ministère de la Défense n’a même pas pu nous fournir le nombre d’armes qui ont été récupérées ou pas. A tout cela, s’ajoute la radiation des policiers. Tous ces hommes sont capables d’utiliser des armes de guerre pour subvenir à leurs besoins. On ne peut pas être sans emploi et avoir des armes à portée de main sans ne pas être tenté de les utiliser. On est obligé de se concerter et de voir dans quelle mesure on peut utiliser ces armes, pour subvenir à nos besoins. Il faut dire que parmi les forces de sécurité qui sont sur le terrain, d’autres n’ont pas toujours le courage de sacrifier leur vie, quand ils sont alertés qu’il y a un braquage quelque part. Il y a tous ces aspects qui font que les braquages évoluent de jour en jour. Alors, j’interpelle le gouvernement à redoubler d’effort et de vigilance et aussi à renforcer les équipements des forces de sécurité et de défense, en les équipant avec des moyens appropriés, parce que des bandits qui ont des Kalachnikovs, ont plus d’avance sur les policiers qui n’ont pas souvent ces genres d’équipements à leur disposition. Il faut simplement reconnaître que la plupart des coupeurs de route sont des hommes de tenues, sinon comment des civils peuvent-ils avoir de kalachnikovs? Pour moi, c’est un peu difficile de combattre ce fléau, car lorsqu’un régime est en voie de finition, c’est comme cela qu’évoluent les choses.
Pascal Zaïda du MPJ
Il faut une opération commando de militaires, gendarmes et policiers pour nettoyer les zones dangereuses.
Il faut comprendre une seule chose dans ces braquages qui se font ces temps-ci. Généralement, c’est à l’approche d’une crise profonde dans nos différents pays, qu’on voit souvent ces genres de situation et ce sont des signes. Pour preuve, au déclenchement de la crise en Côte d’Ivoire, on assistait régulièrement à des braquages accentués, ce qui avait même abouti à l’affaire de Sia Popo Prosper qui avait cambriolé la BCEAO. Aujourd’hui, il faut dire que les braquages au Burkina Faso préoccupent tout le monde et inquiètent davantage les citoyens. En un premier temps, nous ne savons pas d’où viennent ces armes et qui sont ceux qui les utilisent ? En plus, quand vous écoutez les messages des hommes politiques dont beaucoup ne cessent de brandir la violence comme un moyen d’ascension au pouvoir d’Etat. Rien ne peut nous étonner. Sinon, nous dirons parfois que cela peut être une provocation de ceux qui détiennent ces armes dans ce pays. Alors, il appartient en un certain temps, au ministre de la Défense de prendre ses responsabilités, ensuite il faut interpeller le ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité d’arrêter de jouer avec les citoyens. Ce sont de beaux discours. On l’a tout le temps écouté, mais quelle action concrète peut-on engager? On avait demandé aux autorités, il y a de cela 2 ou 3 ans, un dialogue dans le but de voir dans quelle mesure, nous pourrons sécuriser la ville contre ces délinquants. Par exemple, nous avions un scénario, selon lequel nous souhaitions, que l’on délimite un quartier de la ville de Ouagadougou, afin qu’on essaie notre expérience, qui allait non simplement créer des emplois, mais qui permettrait «zéro voleur». Mais personne ne nous a écouté. Aujourd’hui, nous avons des caméras cachés partout dans la ville, ou dans certaines localités, juste contre les marcheurs et autres, mais ce n’est pas ce que nous voulons. Nous aurons voulu qu’avec les pilonnes dans tous les arrondissements, qu’on profite de cela pour fixer des caméras dans la ville de Ouagadougou, ce qui permettra de démasquer les délinquants à tout moment. Que le gouvernement justifie la brouette qu’ils ont achetée à coût de milliard en son temps, afin de lutter contre le grand banditisme. Où est passé cet appareil? (Gyrocoptère Ndlr il sagit des hélicoptères de surveillance de l’armée). Cela a coûté beaucoup d’argent au contribuable. Nous voulons que l’Etat nous explique à quoi cet argent à servi. Nous dirons davantage, qu’il faut un ratissage large, c’est-à-dire qu’il faut une opération commando de concert avec l’armée, la gendarmerie et la police, pour qu’ils ciblent les zones jugées dangereuses. Il faut un nettoyage total. Il faudrait aussi que l’Etat burkinabè accepte de reconnaître une seule chose. Un braqueur qu’on emprisonne et qui est libéré quelques temps après, que doit-on faire? Que faire de ces genres d’individus qui contribuent à détruire le pays ? C’est autant de questions qu’il faut poser, non seulement aux citoyens, mais aussi, interpeller les premiers responsables de ce pays, afin qu’ils nous disent ce qui se passe exactement1
Par M. Gisèle TRAZONGODO,
Nadège COMPAORE, Ibrahim
KABORE, et Ismaël OUEDRAOGO
(Stagiaires)
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