Société
Répression de manif à Djibo: le « Balai citoyen » condamne
Publié le vendredi 26 septembre 2014 | Le Pays
© aOuaga.com par A.O
Conférence de presse de lancement du mouvement Le balai citoyen Jeudi 18 juillet 2013. Ouagadougou. Les initiateurs du mouvement Le balai citoyen ont animé une conférence de presse pour annoncer la naissance de leur structure |
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Le Mouvement le « Balai Citoyen » revient sur les récents évènements de Djibo où la répression d’une manif a laissé un mort sur le carreau. Le « Balai citoyen » demande aux autorités d’utiliser l’argent prévu pour le Sénat et le référendum, pour répondre aux préoccupations des populations de Djibo. Lisez !
Le 12 septembre 2014, la mort a encore emporté une Burkinabè à la fleur de l’âge. Elle s’appelait Houreta Tamboura. Elle avait 31 ans. Plongée dans le coma depuis le 4 septembre suite à une répression policière aveugle à Djibo, c’est à Ouagadougou qu’elle est venue rendre l’âme à l’hôpital Blaise Compaoré, à quelques centaines de mètres du palais présidentiel de Kosyam. Tout un symbole. Son dernier souffle qui s’est arrêté non loin de l’antre du pouvoir est porteur d’un message. Celui d’une population qui en a ras-le-bol. La mort de Houreta est la traduction concrète de la situation que vivent les populations du Burkina en général et du Soum en particulier. Houreta aurait peut-être eu la vie sauve si le Centre médical de Djibo disposait d’un bon plateau technique. Houreta aurait peut-être eu la vie sauve si la route Djibo-Kongoussi était en bon état pour l’évacuer rapidement sur Ouagadougou. Elle aurait peut-être eu la vie sauve si la route Djibo-Ouahigouya, où elle a été évacuée premièrement, était en bon état. Hélas, ces différentes routes sont quasiment impraticables, surtout en période de pluies. Le CMA de Djibo et le CHR de Ouahigouya ne disposent pas non plus de plateaux techniques adaptés pour des prises en charge de ce genre.
Houreta est donc partie, pointant un doigt accusateur sur l’état de gouvernance dans notre pays. Houreta est partie, pointant un doigt accusateur sur l’amateurisme et l’indignité de certains éléments de nos forces de l’ordre qui ne savent que réprimer des citoyens aux mains nues et inoffensives. Houreta est partie, pointant un doigt accusateur sur le gouverneur de la région du Sahel qui a déclenché la répression à Djibo avant de rejoindre tranquillement Dori, laissant des blessés et une ville traumatisée. Houreta est partie, pointant un doigt accusateur sur le ministre de l’Administration territoriale, incapable de raisonner ses collaborateurs afin qu’ils intègrent les valeurs de la République dans leurs actions. Lancer des gaz lacrymogènes dans des domiciles est inacceptable et devrait être sanctionné sévèrement. En fermant les yeux sur ces pratiques, le ministre et ses collaborateurs cautionnent manifestement une violation flagrante des droits humains.
Houreta est partie, pointant un doigt accusateur sur le ministre des Infrastructures, incapable de communiquer à temps sur le dossier de financement de la route. Houreta est partie, indexant la responsabilité du gouvernement dans ses multiples et éhontés mensonges sur le démarrage effectif des travaux sur la voie. Houreta est partie, pointant un doigt accusateur sur le président Blaise Compaoré qui, en 27 ans de pouvoir, n’a pas pu ou voulu réaliser le bitumage de cette route très importante pour l’économie nationale. Houreta est morte à cause de la fausse promesse du candidat Blaise Compaoré en 2005, qui avait pourtant juré, devant Dieu et les Hommes, que « le goudron n’est pas fou pour s’arrêter à Kongoussi ». Le goudron s’est non seulement arrêté à 100 km de Ouagadougou, mais la voie rouge s’est davantage dégradée. Voilà comment la mauvaise gouvernance et les fausses promesses ont plongé Djibo et le Burkina dans le deuil. Le Balai Citoyen est indigné du mensonge qui consiste à dire que Houreta a succombé parce qu’elle souffrait d’asthme alors qu’il n’en est rien. Mais le mensonge fait partie de la gestion des crises sous ce régime. Il suffit de se rappeler les propos des autorités en février 2011, suite à la bavure policière ayant occasionné la mort de l’élève de Koudougou, Justin Zongo. Notre mouvement condamne cette pratique indigne et attentatoire à la mémoire des disparus.
Dans ces moments difficiles, nous présentons nos condoléances à la famille de la disparue et à l’ensemble de ceux qui luttent pour la concrétisation du bitumage de la route Djibo-Kongoussi.
Notre mouvement adresse ses vives félicitations aux citoyens du Soum, mobilisés durant quatre jours pour exprimer avec courage et détermination leur ras-le-bol. Le Balai Citoyen est admiratif de la combativité de la vaillante jeunesse du Soum. Nous sommes fiers de la lucidité avec laquelle le combat est mené. Il n’est cependant pas gagné totalement, malgré l’annonce du démarrage des travaux du bitumage en fin 2015. La vigilance doit être de mise pour le triomphe de la lutte qui profitera à tous, y compris à ceux qui ont failli à leur devoir.
La coordination nationale du Balai Citoyen qui est en contact régulier avec des sympathisants dans le Soum, promet d’accompagner le mouvement pour d’autres combats qui leur tiennent à cœur.
Le Balai Citoyen appelle les autorités nationales à se départir des déclarations politiciennes pour enfin prendre au sérieux les préoccupations légitimes que soulève la route de Djibo afin que celle-ci soit bitumée le plus vite possible, et ce, avant la fin de ce dernier mandat de Blaise Compaoré. Il serait judicieux et économique que l’argent mis de côté pour l’hypothétique Sénat et le non moins hypothétique référendum, soit déployé à des fins plus sociales, notamment dans la construction et l’entretien des routes nationales en perpétuel délabrement.
Le Balai Citoyen condamne la manière dont le gouvernement a géré les évènements de Djibo. Il y a eu homicide. Une citoyenne a été tuée et ni le Premier ministre ni le Chef de l’Etat ne s’est prononcé. Le Conseil des ministres du mercredi 17 septembre a complètement ignoré le sujet, même pas une communication orale. La République, même de façade, ne doit pas se limiter à Ouagadougou. Les préoccupations des populations dans les provinces sont des sujets d’intérêt national, bien plus que l’obsession d’un régime qui se bat pour sa survie.
Fait à Ouagadougou, le 24 septembre 2014
La Coordination nationale
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