Pendant que les autres se battent sur des cadres de concertations, sur le contenu des réformes politiques et institutionnelles, sur l’article 37 de la Constitution à travers des déclarations dans les colonnes des journaux et sur les ondes de radios ou de télévisions, lui et les membres de son staff sont dans les provinces, régions et même hameaux de cultures. Pour procéder à la mise en place, petit à petit, des structures de leur parti, l’Union pour le changement (UPC). Lui, c’est bien Zéphirin Diabré. Hier c’était à Orodara, avant-hier à Boussé, auparavant il est allé dans les confins de la Léraba, du Gulmu, du Poni, du Zandoma, etc.
En effet, Zéphirin Diabré est en train de faire la politique autrement. Pendant que les autres veulent grimper sur l’arbre par le sommet, en voulant emprunter la courte échelle, lui est convaincu que sans une base solide, donc des racines bien fixées un peu partout, on ne peut monter dans un arbre. On comprend alors pourquoi, il a décidé d’installer d’abord ses bases à travers tout le Faso avant de chercher à conquérir le pouvoir. Et, nul doute qu’il va faire mal aux prochaines élections. Municipales et législatives. Et même à la prochaine élection présidentielle de 2015.
Car, à comprendre Zéphirin Diabré, celui-ci veut nous montrer une autre manière de faire la politique. Qui n’est pas forcément la meilleure. Mais qui, somme toute, est plus intéressante puisqu’elle met l’homme, l’électeur et ses préoccupations au centre des débats et autres jamborées politiques.
En effet, certains de nos hommes politiques et leurs partis nous ont habitués à faire la politique dans les colonnes des journaux et sur les antennes de radios. Ou encore à la télévision. D’autres n’existent et ne sont visibles qu’à l’approche des élections, juste le temps de bénéficier de la subvention de l’Etat aux partis politiques et puis après, ils rangent tout. Puis, ils attendent la prochaine saison. N’est-ce pas ces partis politiques qui vont par moment agrandir les rangs des partis là où on les attend le moins ? N’est-ce pas encore certains de ces partis qui font de très fausses promesses aux populations et qui par un tel comportement discréditent les hommes politiques aux yeux des électeurs ?
Il est actuellement question de participation de l’opposition au Conseil consultatif sur les réformes politiques. L’opposition politique reconnue et qui compte 34 partis politiques dit n’avoir envoyé aucun représentant à cette rencontre. Et pourtant six partis issus de ses rangs, selon les organisateurs de ces rencontres, sont bien présents au CCRP. Cela pose même la question de réunir l’opposition au sein d’une seule structure, s’appelle-t-elle « chefferie de file de l’opposition ». Car finalement, l’existence d’une telle structure au sein de laquelle l’opposition ne s’entend pas pourrait être remise en cause.
Pour dire vrai donc, Zéphirin Diabré est en train de refonder la pratique de la politique au Burkina Faso. Car, en réalité, c’est de cela qu’il s’agit. En plus des réformes qui sont en cours actuellement et que nous réclamons de tous nos vœux, il faut y ajouter nos propres comportements en matière de politique. Doit-on juste créer un parti politique pour en faire un fonds de commerce et en vivre ? Voilà toute la question.
C’est pourquoi, il faut saluer cette autre manière, beaucoup plus civilisée de faire la politique, de conquérir les voix des électeurs, adoptée par l’Union pour le changement de Zéphirin Diabré. On se rappelle que même avant la création de son parti, celui-ci avait dans un premier temps organisé un forum des acteurs politiques et de la société civile sur l’avenir politique et économique du pays. Juste après, il a créé son parti dont la philosophie est de corriger ce qui n’a pas été bien fait, et proposer des pistes nouvelles pour un Burkina qui va toujours de l’avant.
Autrement, pour lui, tout ce qui a été fait n’est pas mauvais. Et ce sera toujours comme cela. Nul n’a la capacité de faire bien tout ce qu’il entreprend. C’est donc à un réalisme politique que le parti de Zéphirin Diabré nous interpelle. Sera-t-il entendu ? Dans tous les cas, les prochaines consultations électorales nous diront qui a eu raison très tôt.