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Face-à-face entre Blaise Compaoré et les acteurs politiques nationaux
Publié le mercredi 24 septembre 2014  |  Le Quotidien
Dialogue
© aOuaga.com par A.O
Dialogue politique : le chef de l`Etat rencontre le Front républicain
Mardi 23 septembre 2014. Ouagadougou. Palais présidentiel de Kosyam. Le chef de l`Etat, Blaise Compaoré, a rencontré une délégation du Front républicain conduite par son co-président Hermann Yaméogo dans le cadre du dialogue politique




Le président du Faso, « arbitre » de la crise politique nationale

Comme annoncé, il y a quelques jours, le Chef de l’Etat, Blaise Compaoré, a effectivement rencontré les acteurs de la classe politique du Burkina le 23 septembre 2014, au Palais présidentiel de Kosyam, en vue d’échanger avec eux sur le projet de mise en place d’un cadre de dialogue relatif à la situation nationale. Tour à tour, les représentants de la majorité présidentielle, de l’opposition et du Front républicain, conduits respectivement par Assimi Kouanda, Zéphirin Diabré et Hermann Yaméogo, ont discuté avec le président du Faso sur la situation nationale. Tous ont réitéré leur disponibilité à aller au dialogue « sous l’égide du président du Faso ». Dans quelques jours, les échanges seront officiellement ouverts sous « l’arbitrage » du président du Faso.

Le président du Faso, Blaise Compaoré a rencontré, dans la matinée du 23 septembre 2014, à Kosyam, la classe politique par rapport à la situation politique nationale. Après plusieurs mois de marches, de contre-marches et de discours par stades interposés pour soutenir la modification ou non de l’article 37 de la Constitution, les acteurs politiques nationaux, ont, au finish, été conviés par Blaise Compaoré pour discuter, en vue d’une sortie pacifique de crise. Dès 10h, la première équipe, la majorité présidentielle, composée de Assimi Kouanda, Alain Bédouma Yoda du CDP, Gilbert Noël Ouédraogo, Zacharia Tiemtoré de l’ADF-RDA, Amadou Diomdoda Dicko de la CFDB et Touré de l’UPR, a pris langue avec le maître des lieux à Kosyam. Cette audience a duré plus d’une demi-heure. Ensuite, c’était au tour de la délégation de l’opposition d’annoncer son arrivée à 10h43. Conduite par Zéphirin Diabré, Chef de file de l’opposition politique, la délégation était composée de Roch Marc Christian Kaboré du MPP, de Me Bénéwendé Sankara de l’UNIR/PS, de Hama Arba Diallo du PDS/Metba, de Ablassé Ouédraogo de Le Faso autrement et de François Wendlassida Ouédraogo. Les acteurs du Front républicain, dont la délégation était composée de Me Hermann Yaméogo, de El Hadj Seydou Compaoré, de Jocelyne Vokouma, de Michel Ouédraogo et de Maxime Kaboré et de Ram Ouédraogo, ont bouclé les échanges du matin avec Blaise Compaoré. Ils se sont entretenus avec le président du Faso pendant plus d’une heure de temps.

Vers la mise en place d’un cadre national de dialogue

Les ténors de l’opposition ont eu droit à plus d’une demi-heure de temps d’entretien avec Blaise Compaoré qui se propose d’être « l’arbitre » des échanges entre l’opposition et la majorité qui s’ouvriront dans les prochains jours, comme on a pu le remarquer, à travers les propos du Chef de file de l’opposition politique. « Au cours de l’entretien, le président a proposé que s’instaure un dialogue entre l’opposition et la majorité sous son égide pour évoquer des questions touchant à la vie de la Nation sans exclusive aucune », a-t-il laissé entendre. Zéphirin Diabré a également déroulé les attentes de l’opposition dans le cadre de la concertation. « Sur le principe, fidèles à notre manière de faire la politique et aux valeurs auxquelles nous croyons, l’opposition ne refuse pas de rencontrer la majorité pour un échange. D’autant plus que s’il y a des questions que l’on peut résoudre pour que notre pays aille de l’avant, ce serait une bonne occasion. Mais, c’est l’occasion pour nous de dire et de redire nos positions sur les points qui divisent actuellement le pays, à savoir la question du Sénat et de la révision de l’article 37. La position de l’opposition est toujours restée la même. Nous sommes fermement opposés à toute révision de la Constitution qui ferait sauter le verrou de la limitation des mandats. Et nous sommes fermement opposés à la mise en place du Sénat », a réaffirmé le Chef de file de l’opposition. Et de poursuivre que l’opposition est dans l’attente d’être recontactée pour des échanges avec la majorité. Il a, par ailleurs, rappelé que l’opposition n’était pas au Conseil consultatif sur les Réformes politiques (CCRP) parce qu’elle a remis en cause le format et les méthodes du dialogue. « Cette fois-ci, on ne nous a pas présenté un cadre préétabli. Je souhaite que dans le cadre de nos échanges avec la majorité, nous définissions nous-mêmes le cadre, les modalités et les limites dans lesquels nous pouvons aller.», a-t-il fait remarquer. A en croire Zéphirin Diabré, il n’a pas été question de gouvernement d’union nationale. Pour lui, il n’y a pas lieu de renoncer à quoi que ce soit dans la mesure où le contenu des échanges n’est pas encore connu. Au sortir de l’audience, Assimi Kouanda, qui s’est exprimé au nom de la majorité présidentielle, a dit ceci : « Nous avons naturellement salué cette idée et ce cadre proposé parce que nos formations de la majorité ont été toujours disponibles et ouvertes au dialogue. Le cadre sera donc la somme de toutes les propositions et de toutes les synthèses qui ressortiront des rencontres ». Selon le porte-parole du Front républicain, Hermann Yaméogo, le président du Faso a exposé son souci que les politiques puissent se retrouver pour faire des propositions afin de pouvoir mettre la machine de la réconciliation en marche. « Je pense que dès lors qu’on accepte d’aller à un dialogue, on accepte d’avancer. C’est absolument incompréhensible d’accepter le principe d’un dialogue et d’être campés sur nos positions », a-t-il regretté 1

Zéphirin Diabré, Chef de file de l’opposition
« C’est un dialogue ferme sur nos convictions »
Le président du Faso a reçu une délégation de l’opposition. Au cours de l’entretien, le président a proposé que s’instaure un dialogue entre l’opposition et la majorité sous son égide pour évoquer des questions touchant à la vie de la Nation sans exclusive aucune. Sur le principe, fidèle à notre manière de faire la politique et aux valeurs auxquelles nous croyons, l’opposition ne refuse pas de rencontrer la majorité pour un échange. D’autant plus que s’il y a des questions que l’on peut résoudre pour que notre pays aille de l’avant, ce serait une bonne occasion. Mais, c’est l’occasion pour nous de dire et de redire nos positions sur les points qui divisent actuellement le pays, à savoir la question du Sénat et de la révision de l’article 37. La position de l’opposition est toujours restée la même. Nous sommes fermement opposés à toute révision de la Constitution qui ferait sauter le verrou de la limitation des mandats. Et nous sommes fermement opposés à la mise en place du Sénat. Nous sommes dans l’attente d’être à nouveau recontactés afin d’être situés sur la date de la rencontre avec la majorité.

Est-ce que la formation d’un gouvernement d’union nationale est envisageable ?

Elle n’a pas été évoquée.

Y a-t-il un émissaire que le président a désigné pour vous rencontrer?

Il n’a pas désigné un émissaire.

Qu’attendez-vous de ce dialogue avec la majorité ?

Puisque notre pays a plusieurs questions qui peuvent faire l’objet d’un dialogue entre majorité et opposition. Qu’il s’agisse par exemple, des questions liées à notre loi fondamentale, il y a ici et là des améliorations que nous pouvons faire. Il y a également beaucoup de revendications de l’opposition qui, jusque-là, n’avaient peut-être pas obtenu gain de cause. Si c’est pour parler de tout ça, il n’y a pas de raison de refuser d’aller à un dialogue avec la majorité. D’ailleurs, le dialogue opposition-majorité fait partie du jeu démocratique. Ce sera toujours là où nous irons, que ce soit cette délégation ou une autre venant de l’opposition, ce sera toujours l’occasion de redire et de mieux expliquer notre position sur le Sénat et la révision de l’article 37.

Sur quoi êtes-vous prêts à renoncer?

On ne peut pas renoncer à quoi que ce soit. On ne sait même pas de quoi on va discuter au total.
L’opposition sera-t-elle favorable à un gouvernement d’union nationale?

La question ne se pose même pas. Je ne sais même pas pourquoi vous insistez là-dessus.

Mais est-ce qu’on peut dire aujourd’hui que c’est reparti pour une nouvelle prolongation avant 2015 ? Est-ce qu’on ne perd pas du temps avec ces négociations à n’en pas finir ?

La prolongation de qui et de quoi ?

Au CCRP, il y a des points non consensuels qui ont été évoqués ?

Mais est-ce que l’article 37 a été déverrouillé ? Il l’a été ? Il ne l’a pas été. Donc, c’est ça le point du débat. Toute discussion qui peut avoir lieu pour avancer la démocratie ne pose pas de problème.

Il y a eu un CCRP et des assises nationales. Quelle forme de cadre de dialogue peut-on avoir encore qui soit au-dessus de ce qu’on a déjà vu?

Au CCRP, l’opposition n’y était pas puisque nous avons remis en cause le format, les méthodes et le mode de décision autour des conclusions qui sont arrivées. Cette fois-ci, on ne nous a pas présenté un cadre préétabli. Je souhaite que dans le cadre de nos échanges avec la majorité, nous définissions nous-mêmes le cadre, les modalités et les limites dans lesquels on peut aller.

Est-ce que l’opposition est prête à faire des sacrifices pour faire avancer les choses parce que vu les positions opposées, on sait déjà les résultats ?

Etre ici même, c’est un sacrifice.

Donc, c’est un dialogue sans concession ?

Non, c’est un dialogue ferme sur nos convictions.

Assimi Kouanda, porte-parole de la majorité
« Nous lui avons assuré de notre fidélité et de notre soutien dans sa volonté de rechercher et de trouver des solutions par le dialogue aux problèmes politiques »
C’est vrai que nous sommes satisfaits de vous voir si nombreux. En tout cas, nous souhaitons que lorsque nous avons des activités d’informations que vous couvrez si bien, nous puissions toujours avoir cet accompagnement. En fait, nous avons répondu à l’invitation de son excellence le président du Faso qui a convié les grands regroupements au niveau du champ politique national à une initiative de cadre d’échanges et de concertation entre les formations politiques. Nous avons naturellement salué cette idée et ce cadre proposé, parce que nos formations de la majorité ont été toujours disponibles et ouvertes au dialogue. Vous avez vu qu’à chaque fois, les formations de la majorité se sont toujours montrées très engagées et déterminées à soutenir toute proposition, toute initiative et tout cadre qui viendrait pour renforcer la stabilité, le dialogue et la paix au Burkina. C’est pourquoi la majorité salue donc ce cadre. Et, nous avons écouté son excellence le président du Faso et nous lui avons assuré de notre fidélité et de notre soutien dans sa volonté de rechercher et de trouver des solutions par le dialogue aux problèmes politiques.

Qu’est-ce qu’il a eu à vous dire ?

Je crois que si vous m’avez bien écouté, j’ai dit que le président nous a invités à prendre part à un cadre de concertation qu’il va initier.

De quoi sera-t-il question dans ce cadre de dialogue ?

J’aimerais bien vous trouver toutes les précisions, mais je pensais que vous étiez venus parce que les débats vont concerner particulièrement les sujets politiques, les questions sur lesquelles les débats se portent au niveau national.

Quand est-ce que ce dialogue aura lieu ?

Nous sommes à un début de concertation et de rencontre. Je crois que le président va rencontrer les autres regroupements. Le cadre sera donc la somme de toutes les propositions et de toutes les synthèses qui ressortiront de ces rencontres.

Me Hermann Yaméogo, porte-parole du Front républicain
« C’est absolument incompréhensible d’accepter le principe d’un dialogue et d’être campés sur nos positions »
C’était tellement riche. L’entretien a tourné autour de la situation que nous vivons. Il a exposé son souci que les politiques puissent se retrouver pour faire des propositions afin qu’on puisse mettre la machine de la réconciliation en marche. Nous avons saisi l’occasion pour le remercier, parce que nous constatons que le dialogue est une tradition au Burkina Faso. C’est grâce au dialogue qu’il a souvent pratiqué que nous avons connu cette longue période de stabilité. De mettre ce dialogue en branle aujourd’hui, c’est un sujet de contentement. C’est une victoire aussi pour le Front républicain qui ne cesse d’en parler. Vous vous souviendrez qu’à Gaoua, nous avons lancé un appel au dialogue. C’est une victoire aussi pour les autorités coutumières et religieuses parce que celles que nous avons visitées ont demandé de privilégier le dialogue. Je pense au cardinal, je pense au Mogho Naaba qui nous a fait lire un poème sur la paix et le dialogue. Aujourd’hui, nous sommes sur la voie de conclure un dialogue de braves. Comme il a eu à faire des braves dans certains pays, nous sommes sur la voie de dialogue de braves. Le Front républicain y va avec sérénité. Que ce soit un dialogue de plein contentieux ou un dialogue sur un ou deux aspects, nous sommes ouverts. Il est heureux aujourd’hui que la classe politique dans son entièreté soit disposée au dialogue. Voilà ce que je voulais vous dire avec le sentiment partagé que nous vivons un grand moment politique aujourd’hui au Burkina Faso.
Je pense que dès lors qu’on accepte d’aller à un dialogue, on accepte d’avancer. C’est absolument incompréhensible d’accepter le principe d’un dialogue et d’être campés sur nos positions. Ce serait un dialogue de sourd. Je ne pense pas que l’opposition recevra favorablement un dialogue de sourd. Il faut positiver. Je crois que nous pouvons nous surmonter, faire comme les devanciers. Nous sommes tous là, il y a Ram qui est là. C’est parce que nous avons accepté de dialoguer qu’il y a cette situation que nous vivons. Le dialogue est le cœur, la base et la substance de la démocratie. Donc, ma conviction est que nous sommes heureux au niveau du Front républicain de cette ouverture, parce qu’on constate aujourd’hui, en dépit des mots forts, des phrases médiatiques, c’est un consensus sur le dialogue. Et c’est ça l’aspect positif.

A quand le début de ce dialogue?

Dans les deux ou trois jours à venir, nous serons saisis pour en arrêter les modalités. En tout cas, ça ne va pas tarder. Il faudrait justement aller vite parce que ce n’est pas seulement au Burkina Faso qu’il y a un problème relatif à la limitation des mandats. Mais nous constatons qu’ici, la liberté a été donnée à tout le monde de marcher, de s’exprimer. Je n’ai pas souvenance qu’on voit cela en RDC ou ailleurs. Il faut que l’appareil de l’Etat fonctionne, il faut qu’on mette tout en œuvre pour sortir de cette situation d’immobilisme.

Est-ce qu’il y a des inquiétudes particulières qui ont été soulevées par le président du Faso ?

Il a expliqué qu’il lui fallait prendre un peu de recul pour laisser les gens s’exprimer. Il y a bien de crises qu’on a vécues dans ce pays, mais son sentiment que nous avons partagé c’est que cette fois-ci, la crise était telle qu’il fallait prendre suffisamment de temps pour donner le champ à la réflexion et que de solutions durables soient trouvées. C’est ça l’inquiétude qui a été exprimée.
Est-ce que le Front républicain ne sera pas une majorité « bis » dans ce dialogue ?
Pas du tout. Le Front républicain comporte plusieurs nuances. Il n’est pas du tout certains que les propositions qui viendront de tel ou tel parti seront les mêmes que les propositions du Front républicain. Le FR a lancé un appel à Gaoua et c’est ça qui a impulsé la dynamique que nous vivons actuellement.

Est-ce que le Front républicain est prêt à renoncer au référendum dans le cadre de ce dialogue?

Le FR est ouvert à tout ce qui va dans le sens de la Constitution, des institutions. Parce qu’il faut qu’il soit entendu que rien ne peut être au dessus de la volonté du peuple souverain. Nous avons estimé qu’en situation de crise institutionnelle menaçant de paralyser l’appareil de l’Etat, la chose normale, le reflexe démocratique, c’est de s’en remettre au peuple souverain pour qu’il décide. Dans toutes les démocraties du monde, c’est comme ça. Avant d’y arriver, il faut laisser tout son champ au dialogue. Le dialogue qui peut nous amener à arrêter quelque chose en cohérence avec notre propre position, mais dans l’intérêt national1


Propos recueillis
par ACG et SRK
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