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Robert Sangaré : «Ne laissons pas Ebola diviser nos familles»
Publié le samedi 20 septembre 2014  |  FasoZine
10es
© aOuaga.com par A.O
10es Journées RESHAOC : Ouagadougou, capitale d`hôpitaux francophones
Mardi 1er avril 2014. Ouagadougou. Centre international des conférences de Ouaga 2000. Le Réseau des hôpitaux de l`Afrique, de l`Océan Indien et des Caraïbes (RESHAOC) a ouvert les travaux de ses 10es journées placées sous le thème "Gestion des risques professionnels et des catastrophes en milieu hospitalier". Photo : Robert Sangaré, président du comité national d`organisation




Y-a-t-il un cas d’Ebola mis en quarantaine au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO) de Ouagadougou? L’information a été formellement démentie par la direction de la lutte contre la maladie au Burkina Faso. C’est à ce propos que nous avons rencontré Robert Bibia Sangaré, Directeur général du CHU-YO et le docteur Rigobert Thiombiano, médecin infectiologue au service des maladies infectieuses du CHU-YO dudit hôpital.

Fasozine.com: Ebola est-il déjà au Burkina comme le disent certaines rumeurs?
Robert Sangaré: D’abord il faut dire que ce n’est pas la première fois que nous recevons des cas suspects d’Ebola ici à Yalgado. C’est le lieu de dire aux populations de ne pas laisser Ebola diviser nos familles. Comment comprendre que pour une simple diarrhée ou vomissement, on en arrive à abandonner un parent ou un ami? Je réaffirme que le virus à maladie d’Ebola n’a pas encore franchi les frontières du Faso. Nous n’avons aucun cas confirmé, en dehors de ceux que fabriquent les rumeurs. Du reste, avec mes collaborateurs qui sont rompus à la tâche et ont démontré en toute occasion qu’ils sont de vrais professionnels de la santé, je suis persuadé que la maladie ne sera pas la bienvenue au Burkina.

Avez-vous mis en place un dispositif adéquat pour faire face à la menace?
En plus des mesures prises par le ministère de la Santé qui réagit avec promptitude à cette menace, nous avons pris des dispositions en interne afin de faire face à d’éventuels cas. De plus, nous mettons un accent particulier sur la protection du personnel qui serait amené à prendre en charge d’éventuels cas. À la suite des autorités de notre pays qui ont tout de suite pris la mesure de la situation, je demanderai aux populations de mettre l’accent sur les mesures d’hygiène et de propreté de leur cadre de vie et de travail.

Y a-t-il un cas de malade d’Ebola dans vos services?
Dr Rigobert Thiombiano: Je l’ai appris tout comme vous. Moi-même je n’en n’ais pas encore vu. On ne peut pas voir simplement un homme et dire qu’il est atteint ou pas d’Ebola. Il faut l’interroger, l’examiner avant de dire quoi que ce soit. Effectivement j’ai vu le malade en question. Il s’agit d’un jeune burkinabè de 25 ans qui travaille en Guinée. Se plaignant souffrir de paludisme, il s’est rendu dans une formation sanitaire où selon lui, on lui a prescrit du Fansidar. Ensuite, il dit avoir constaté une lésion sur sa peau.

Comme il ne trouvait pas satisfaction au niveau des soins qui lui étaient prodigués il est alors rentré au Burkina pour se faire traiter. Il a fait un certain nombre d’examens dans une clinique de la place qui lui a ensuite recommandé de se rendre dans une formation sanitaire mieux indiquée. C’est alors qu’il est arrivé chez nous (CHU-YO, NDLR). A l’heure où je vous parle, le malade en question est là, il se porte bien, mange bien, il n’a pas de problème. Le premier jour, il disait avoir une fièvre de 38°. Il faut dire que ce sont les lésions sur sa peau qui a fait peur aux gens. Parce qu’effectivement, les manifestations cutanées font partie des symptômes d’Ebola.

J’ai alors fais venir mes collègues dermatologues qui l’ont examiné et m’ont dit que ces lésions ne signifiaient pas de go que le patient souffrait d’Ebola. Néanmoins, comme c’est une maladie qui fait peur, nous l’avons isolé. Nous avons même procédé à des prélèvements supplémentaires qui ont été acheminés depuis trois jours à Lyon en France ( l’entretien a été réalisé le 18 septembre 2014, NDLR).

Pour moi, jusqu’à preuve du contraire, on ne peut pas se prononcer, tant qu’on n’a pas les résultats. Dans tous les cas les précautions ont été prises et nous avons sensibilisé les parents du malade. Nous leur avons donné le matériel de désinfection et leur avons montré comment se protéger, parce qu’on ne sait jamais.

N’est-ce pas le fait que ce malade vient de la Guinée où sévit le mal qui a fait peur aux gens?
C’est possible mais l’OMS a bien défini le diagnostic pour déterminer la maladie. Il y a ce qu’on appelle le cas suspect et le cas confirmé. On parle de cas confirmé lorsque les résultats des analyses confirment la maladie. Le cas suspect c’est lorsqu’il y a un malade qui se présente et dit qu’il a une fièvre élevée, des courbatures, de la fatigue. Du reste, ce ne sont pas des signes spécifique puisque cela peut signifier des maladies comme la fièvre typhoïde etc. En plus, selon l’OMS, c’est quelqu’un qui présente une fièvre d’apparition brutale qui peut être suspecté. Ce qui n’est pas le cas de notre malade. Un malade d’Ebola, c’est aussi quelqu’un qui doit présenter des troubles digestifs comme la diarrhée et le vomissement, des problèmes urinaires, des hémorragies, des lésions cutanées. Ce que notre malade n’a pas également à part les lésions cutanées.

Avez-vous déjà fais face à des cas similaires?
Non, puisque c’est une maladie qui sévissait en Afrique Centrale, précisément en République Démocratique du Congo. En Afrique de l’Ouest, c’est seulement en 1994 qu’une fille avait été contaminée au Gabon et avait transité par la Côte d’Ivoire. Donc je n’ai jamais eu l’occasion de voir un cas concret. Mais selon les manifestations de la maladie, généralement ce ne sont pas des choses très compliquées.

Les chances d’en guérir sont elles nombreuses?
Il y a plein d’autres maladies qu’on n’arrive pas à guérir à 100%. Le virus Ebola se multiplie très rapidement et attaque les cellule du rein, du foi et c’est cela qui entraine un dysfonctionnement. Et ce qui tue, c’est surtout la diarrhée et les vomissements. On arrive à sauver les malades lorsqu’ils sont pris en charge correctement. Si vous suivez bien, l’évolution de la maladie est passée de 80% à 40% en Guinée. C’est vrai qu’il n’y a pas un antiviral, mais il y a des vaccins qui ont été proposés et qui sont en cours.

Quelles sont les dispositions préventives qui ont été prises ici à Yalgado?
Nous sommes habitués aux épidémies à Yalgado. Il y a un service de maladies infectieuses. Face à tout cas suspect, nous l’isolons dans une salle et faisons tous les prélèvements nécessaires avec toutes les précautions qui s’imposent. Il y a une équipe pluridisciplinaire qui travaille et qui est patronnée par le directeur général lui-même. Notre souhait est que dès qu’il y a un cas suspect, que nous puissions le prendre en charge.

Avez-vous les équipements nécessaires pour la prise en charge de cas d’Ebola?
Nous avons reçu le matériel qu’il faut. Dans tous les cas nous, nous avons pour mission de détecter les cas suspects et faire appel à ceux qui doivent prendre le malade en charge.

Y a-t-il des risques d’apparition de cette maladie au Burkina?
Ça je ne saurai vous le dire. Les virus voyagent. Je crois qu’il faut être vigilant tout en évitant de semer la panique. Parce que c’est la panique qui fait que lorsqu’une épidémie arrive, elle s’installe et les gens en meurent.

Compte tenu de leurs faibles moyens financiers, les pays africains, dont le Burkina, auront-ils la possibilité d’accéder au traitement si on en trouvait?
Si c’est Ebola, rassurez-vous, l’Etat burkinabè va tout mettre en œuvre pour contenir la maladie.

N’est-il pas difficile pour les Africains, compte tenu des habitudes et coutumes sur le continent, d’éviter de se serrer les mains, de faire des accolades, de ne pas toucher leurs morts, etc.?
Ce ne sont que des mesures préventives. L’habitat naturel du virus Ebola c’est la chauve souris qui peut contaminer certains animaux qui à leur tour, contaminent l’homme à leur contact. Pour ce qui est de la contamination d’Homme à Homme, c’est un mode direct. Là également la contamination ne se fait pas par voie respiratoire. Il faut être en contact avec une personne par l’intermédiaire des liquides biologiques, notamment le sang, la salive, le sperme, les sécrétions vaginales, les sels, les urines, la sueur, etc.

Morin YAMONGBE et Abel AZONHANDÉ
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