Société
Université de koudougou : « Le président de l’UK et l’agent comptable au cœur du blocage des activités », selon le directeur du SAOI
Publié le samedi 20 septembre 2014 | Le Quotidien
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Ceci est une lettre du directeur du Service académique, de l’orientation et de l’information (SAOI) de l’Université de Koudougou, Dr Alain Casimir Zongo. Il a été relevé de ses fonctions alors qu’il est en voyage de recherches en Europe. Sa hiérarchie ne lui a rien dit des raisons de son remplacement. Pire, une passation de service est prévue en son absence.
Par arrêté n°2014-0027/MESS/SG/UK/P du 8 septembre 2014 signé du Pr Georges Sawadogo portant nomination d’un directeur, j’ai été relevé de mes fonctions de directeur du Service des affaires académiques, de l’orientation et de l’information (SAOI) de l’Université de Koudougou, et ce au profit de Monsieur Bamouni Charles, matricule 25 891 R, Assistant en sciences de l’Education. Les raisons de ce changement ne m’ont pas été données. Pire, j’ai été relevé, alors même que je suis en voyage d’études, avec un ordre de mission et une autorisation d’absence dûment signés aussi bien par le président de l’Université de Koudougou que par le ministre des Enseignements secondaire et supérieur. La présidence a le droit de nommer qui elle veut et de le faire en ne respectant pas les principes élémentaires de la bienséance et en violant les règles les plus minimales de l’administration. Mais je dois donner l’information juste à la communauté universitaire et au public en relatant dans les grandes lignes un certain nombre de faits qui peuvent expliquer ce que certains pourraient considérer comme une ‘’radicalisation’’ de ma part, et d’autres une ‘’liberté de ton’’. Le présent écrit n’est inspiré ni par la colère, ni par un quelconque ressentiment. Si un élément dans cet écrit est faux, ou est le fruit d’une imagination malhonnête, ceux qui y sont évoqués ou ceux qui ont l’information juste devraient se faire le devoir de me reprendre.
1. Du projet du communiqué pour la réception des dossiers des nouveaux bacheliers
Je suis allé voir monsieur le vice-président, Pr Ouattara Frédéric, avec un projet de communiqué, celui de l’année académique passée. Les éléments étaient les mêmes, en dehors de la proposition de date pour cette année. Le vice-président m’a demandé de prendre en compte dans le communiqué les filières et Unités de formation et de recherche à ouvrir et il les a lui-même intégrées. Il a mentionné ainsi Sciences et Technologie, puis Linguistique. A ma question de savoir si l’Unité de formation et de recherche en Sciences politiques, juridiques et administratives (SJPA) va ouvrir, il m’a répondu qu’il n’en savait rien. Ils veulent, dit-il, ouvrir mais il ne sait pas si ce sera possible. Il a aussi, sur le projet de communiqué, biffé la filière Sciences de l’information documentaire (SID). J’ai fait reprendre le communiqué et l’ai soumis à la signature du président de l’Université de Koudougou. Au cours d’échanges avec Dr François Sawadogo, directeur de l’Unité de formation et de recherche en lettres et sciences humaines (c’est cet établissement qui abrite le parcours de formation Sciences de l’information documentaire), je lui ai dit que la filière SID avait été barrée du communiqué. Il m’a exprimé sa désapprobation, car une telle décision ne peut être prise qu’en Conseil scientifique. Devant moi, il a appelé le vice-président qui lui a signifié qu’il n’en savait rien et que c’est Dr Sawadogo qui lui apprenait que la filière SID a été biffée du communiqué. Très sidéré par ce ‘’revirement’’, j’ai demandé à ma secrétaire de reprendre le communiqué en réintégrant SID. J’ai fait introduire un second communiqué à la signature du président, en demandant que le premier soit déclassé. A ma grande surprise, le collaborateur que j’avais envoyé à la présidence est revenu avec tous les deux communiqués signés. J’ai fait mettre de côté celui qui ne portait pas la mention SID. La session de réception des nouveaux bacheliers a été prévue pour la période du 21 juillet au 1er août 2014. Ces informations peuvent être vérifiées auprès du vice-président, de Dr Sawadogo et de ma secrétaire, Yameogo Diane, qui n’a pas détruit les écrits sur lesquels des amendements ont été faits.
2. De la préparation de la session de réception des dossiers
Après discussions avec Pr Ouattara Frédéric, vice-président, les TDR ont été envoyés à la DAF. J’ai appelé le DAF, Monsieur Belem Issaka à plusieurs reprises à ce propos. L’activité fait appel à des éléments extérieurs à l’université et lors de l’un de nos échanges, je lui ai fait comprendre la nécessité que ces éléments puissent entrer en possession de leur argent dès la fin de leur activité. Certains viennent de Ouagadougou, spécialement pour ce travail. Il m’a signifié qu’il ne pouvait pas me donner l’assurance que ces gens seraient payés dès la fin ; qu’ils devraient peut-être attendre deux ou trois jours après. Je lui ai dit que j’allais voir mes supérieurs hiérarchiques et que s’il devait en être ainsi, il serait préférable que l’activité n’ait pas lieu. Je ne souhaitais pas me mettre moi-même dans une situation embarrassante et me voir obligé de trouver une solution pour que ces gens puissent regagner Ouagadougou. Il m’est arrivé de le faire. Mes collaborateurs peuvent en témoigner…
Je suis donc allé voir Pr Ouattara Frédéric et lui ai expliqué la situation. Il a fait appeler le DAF et ensemble nous avons échangé. Il a été promis que les gens pourront avoir leur argent et qu’il fallait que j’apporte des changements à la décision de nomination des membres de la commission. Il fallait le faire rapidement, car l’agent comptable devrait, selon le DAF, s’absenter la semaine qui suivait. Ce qui m’avait été demandé a été fait et le dossier a été envoyé à la DAF. Ces informations peuvent être vérifiées auprès du vice-président Ouattara, du DAF, de ma secrétaire et sans doute d’autres personnes du SAOI et de la DAF. Après cela, j’ai échangé à plusieurs reprises avec Pr Ouattara dans son bureau et au téléphone sur la nécessité du respect de cette promesse. Je ne voudrais pas être dans l’embarras au moment où les gens devraient être payés. Il m’a toujours donné l’assurance que puisque Monsieur le DAF a promis, les choses iraient bien.
Il convient d’ajouter que lors d’une rencontre préparatoire de l’activité, nous avons discuté de sa faisabilité, au regard de la situation d’insécurité. Mes collaborateurs se sont prononcés (certains faisaient partie de ceux qui ont été séquestrés lors de la prise en otage du bâtiment SEG) et on a estimé que nous devions, nonobstant le sentiment d’insécurité et au risque de l’incompréhension de certains collègues, faire le travail. J’en ai informé le vice-président qui nous a dit merci pour cet effort.A quelques jours du début de l’activité, avec tous mes collaborateurs, j’ai rencontré monsieur le vice-président autour de l’activité mais aussi la situation de blocage des résultats de Madame Ouédraogo O. Mireille. Pr Ouattara nous a écoutés et a rassuré tout le monde que les promesses seraient tenues.
Mes collaborateurs lui ont dit qu’ils acceptaient de démarrer l’activité sous réserve que la promesse soit tenue ; dans le cas échéant, ils se verraient obligés de la suspendre. Le vice-président leur a dit qu’il avait compris.
Il faut aussi souligner que le secrétaire général, Monsieur Sompougdou Jean-Marie, m’a appelé peu avant le 15 juillet (le VP ayant alors des ennuis de santé, il ne voulait pas le déranger) pour me demander pourquoi l’UFR/SJPA ne figure pas dans le communiqué. Je lui ai dit que le vice-président n’était pas certain de son ouverture et que si la décision de l’ouvrir venait à être prise, on ferait un communiqué additif. Par la suite, j’ai lu sur Fasonet que l’UFR/SJPA ‘’sera aussi ouverte’’. J’ai attiré l’attention du vice-président sur cette information et le canal par lequel elle était apportée. Lors du Conseil scientifique qui eut lieu peu de temps après, le président lui-même a commenté cette information du Fasonet. Je me suis gardé d’intervenir pour ne pas donner l’impression de m’opposer à l’ouverture de cette UFR. J’avais voulu attirer l’attention du président sur le fait que s’il est lui-même l’auteur de cette réaction sur Fasonet, cela n’est pas très adroit (le CS ne s’était pas clairement prononcé sur cette ouverture) et s’il n’en était ni l’auteur ni l’inspirateur, alors cela est très dangereux. L’ouverture d’un département est une décision hautement académique qui engage la responsabilité du ministère de tutelle; par conséquent, quelqu’un d’autre ne peut se substituer ni aux enseignants chercheurs, ni au Conseil scientifique pour décider de son ouverture et ni donner la primeur sur Fasonet. Du reste, à ce Conseil scientifique, certains membres ont estimé qu’ils n’avaient pas tous les éléments nécessaires pour apprécier véritablement de l’opportunité de cette ouverture. Avec monsieur le VP, Pr Ouattara, nous avons échangé à plusieurs reprises, mais bien que réticent par rapport à l’ouverture de cette UFR, il ne voulait pas donner l’impression de barrer le chemin à certains alors que lui-même aspirait à ouvrir l’UFR Sciences et technologie.
3. De la première semaine de réception des dossiers
Elle a commencé le 21 juillet et a pris fin le 25 juillet. Avant le lancement de l’activité, j’ai demandé au vice-président la conduite à tenir par rapport à l’UFR Sciences juridiques, politiques et administratives dont on a annoncé, en Conseil scientifique, l’ouverture mais dont mention n’était pas faite dans le communiqué. Il m’a dit que nous pouvions prendre des dossiers pour cette UFR. C’est ainsi que des affiches ont été mises.
Dès que la session a été lancée, j’ai attiré l’attention du Pr Ouattara sur la nécessité du respect de la promesse faite de payer les cinq premiers intervenants de Ouaga, le vendredi comme cela a été dit. A plusieurs reprises, je le lui ai rappelé. Le 24 juillet pour la dernière fois, je lui en ai une fois de plus parlé dans son bureau. Devant moi, il a appelé le DAF qui a dit qu’il n’y aurait pas de problèmes. Ils étaient sur le dossier. C’est donc tout confiant que j’ai assuré mes collaborateurs que nos partenaires seraient effectivement payés le vendredi soir. Nous étions tous satisfaits et louions cet effort de part et d’autre. Je dois noter qu’au cours de la même semaine, j’ai à plusieurs reprises appelé Monsieur Tougma Toussaint, agent de la DAF, qui avait la charge du dossier et toutes les fois ses propos étaient rassurants. Il m’a même deux fois rejoint en classe pour me faire signer des documents y afférant et demander des précisions. Le vendredi matin, les propos qui nous sont venus de lui étaient aussi rassurants.
Le vendredi 25 soir, aux alentours de 17 heures, alors que j’allais voir Monsieur Somé Anastase, coordonateur de section à l’Ecole normale supérieure (ENS), pour lui remettre des notes d’évaluation, je m’arrête à l’agence comptable pour m’assurer que nos cinq conseillers d’orientation venus de Ouaga sont passés percevoir leur argent. Je tombe des nues. A la question de savoir s’ils ont été payés, je m’entends dire que le dossier est arrivé, mais il faut appeler l’agent comptable. Cela a été dit à Monsieur Tougma Toussaint qui a apporté le dossier. Je suis désemparé. J’appelle le vice-président Ouattara qui me dit qu’il est en train de quitter Ouaga pour Koudougou. Je cours à la DAF. Monsieur Tougma me dit qu’il n’a pas d’unités pour joindre l’agent comptable. Je lui conseille d’aller à la présidence téléphoner. Il revient me dire que l’agent comptable est injoignable. Il ne décroche pas. A contrecœur, j’appelle le président et lui explique la situation. Lui, réussit à parler à l’agent comptable, Monsieur Souleymane Ouédraogo, qui lui fait comprendre l’impossibilité de faire payer les gens. Le président me demande si j’en avais parlé à l’agent comptable. Je lui explique les différents échanges avec le VP et le DAF et les assurances qui nous avaient été données. Il faut ajouter que l’activité de réception des dossiers (les nouveaux bacheliers paient mille francs pour une fiche) avaient permis d’encaisser, rien qu’au cours de cet après-midi-là près de cinq cent mille francs (500 000 F). Nous avions besoin de deux cent cinquante mille (250 000 F) pour payer les partenaires venus de Ouaga. Il me faut trouver une solution, car les conseillers d’orientation se sont concertés pour arrêter le travail. Monsieur Sanou Mamadou, l’un des chefs de service du SAOI, essaie de les rassurer. Quand je reviens, on réussit à sauver la situation et je sauve ma face car c’est moi qui les ai invités et leur ai donné l’assurance que tout irait bien, au regard de ce qui m’avait été aussi dit.
Pr Ouattara Frédéric arrive au SAOI aux alentours de 21 heures et nous trouve toujours en train de travailler. Devant nous, il téléphone à l’agent comptable, Monsieur Souleymane Ouédraogo, pour lui demander, le supplier de trouver une solution afin que les cinq personnes venues de Ouaga soient payées samedi matin. L’agent comptable lui fait comprendre que cela n’est pas possible. Il faut attendre mardi puisque lundi est férié. Tous ceux qui sont dans la salle sont scandalisés par les supplications du vice-président et le refus de l’agent comptable. Nous demandons de manière unanime au vice-président de raccrocher, mais il persiste et au bout du fil, c’est toujours le refus… Quand je raccompagne monsieur le vice-président à son véhicule dans lequel attendait son épouse depuis plus de trente minutes, nous déplorons ensemble cette situation et surtout l’absence d’une implication plus forte du président qui avait été tant informé par le vice-président que par moi-même. Le vice-président m’a dit cette nuit-là et les jours qui suivaient (nous nous sommes appelés plusieurs fois entre samedi et lundi) qu’il avait fait ce qu’il pouvait et qu’à l’impossible nul n’était tenu.
Il faut remarquer qu’au cours de cette première semaine, le secrétaire général de l’Université de Koudougou, qui estimait qu’il n’y avait pas suffisamment de visibilité pour l’UFR Sciences juridiques politiques et administratives que l’on aspirait à ouvrir, puisqu’il est enseignant vacataire ou enseignant à temps plein en Droit (alors que nous avions fait le nécessaire) a fait saisir une note d’information sur laquelle il a fait mettre le cachet du Service courrier de l’Université de Koudougou. Cette note d’information a été affichée, sans que mon supérieur hiérarchique (VP Ouattara) ni moi ne soyons informés. En effet, c’est par hasard que j’ai vu la note. J’en ai parlé au téléphone au vice-président qui était à une cérémonie du CAMES à Ouaga. Il m’a fait comprendre qu’il n’était pas au courant de cette affiche qui en principe relève de mon service.
Un autre incident mérite d’être relevé. Il nous était servi une pause-café et une pause- déjeuner. Un agent de la DAF s’est permis de venir compter le nombre exact d’acteurs pour faire envoyer ce nombre de croissants. Monsieur le vice-président qui était allé rendre visite à mes collaborateurs et les a trouvé en pause –déjeuner n’a même pas pu avoir un croissant. Vous voyez à quel point on nous infantilise ! Dans son bureau en ma présence, il fait appeler Monsieur Tougma pour lui adresser des réprimandes, car
l’ Université de Koudougou n’est pas à deux ou trois croissants près. Ce dernier a affirmé n’être pas le responsable et a désigné un autre agent de la DAF du nom de Sawadogo.
4. De la lettre des agents SAOI au directeur SAOI
Face au non paiement de nos partenaires venus de Ouagadougou, mes collaborateurs m’ont adressé le 28 juillet une lettre datée du 26 juillet. Dans cette lettre, ils évoquent la promesse non tenue et décident de suspendre l’activité jusqu’à ce que non seulement les partenaires mais tous les acteurs soient payés. La lettre a été transmise à Monsieur le vice-président, Pr Ouattara le 28 juillet. Le même jour aux alentours de 10 heures, alors que j’avais appelé le Vice-président, il me demande de le rejoindre à la présidence. J’y trouve en plus de Monsieur le président et de Monsieur le vice-président, l’agent comptable, Monsieur Souleymane Ouédraogo et Monsieur Tougma Toussaint qui avait la charge du montage du dossier. On essaie de me faire comprendre les irrégularités qu’il y a dans le dossier et les solutions susceptibles d’y être trouvées. Il y est question notamment de nombre de jours qui pose problème, à moins que l’on entre dans la logique d’une réquisition. Les irrégularités, dans le dossier, me sont subtilement imputées,… La déclaration de mes agents, le vice-président me dit qu’il ne l’a même pas lue. Elle a été transmise au président… Je comprends qu’il ne sert à rien de chercher à me défendre. Même le vice-président, bien au courant de ce qui se passe, semble prendre position contre mes collaborateurs et moi. A un moment donné des échanges, le président intervient pour souligner qu’il y a une question importante qui me taraude et que je ne pose pas : celle de savoir quand mes agents seront payés. L’agent comptable nous répond qu’il est prêt à les payer vendredi, même si selon l’esprit de la réquisition, ils devraient l’être samedi.
Monsieur le vice-président me rejoindra par la suite au lieu où travaillaient mes collaborateurs. Il voulait sans doute leur apporter des informations et peut-être s’assurer que je ne déformerais pas quelque chose. Il leur a expliqué notamment que l’agent comptable allait les payer le vendredi 1er août. Mes collaborateurs proposent plutôt le jeudi 31 juillet à 10 heures, au regard de la promesse déjà non tenue. Le vice-président me demande de l’accompagner chez l’agent comptable. Je suis réticent. Il insiste et je finis par accepter. Il expose la situation à l’agent comptable en le suppliant de bien vouloir faire un effort pour payer les gens jeudi au lieu de vendredi. Les termes qu’il utilise sont les suivants : ‘’c’est moi qui te demande’’, ‘’c’est entre toi et moi’’, ‘’ AC fais pardon’’. L’agent comptable refuse. Je souffre à la place du vice-président. Au fil des implorations, il finit par faire une concession. Il enverrait un de ses agents, en la personne de Congo Kisito, le vendredi à 8 heures, payer les agents SAOI et leurs partenaires. Les gens n’auraient pas à suspendre l’activité car l’argent serait mis dans des enveloppes. Il ajoute même qu’il est prêt à faire véhiculer son agent pour cet acte. VP et moi retournons apporter l’information à mes collaborateurs. Ils sont sceptiques. VP les rassure et promet même d’être sur place ce jour-là pour s’assurer que tout fonctionne bien.
5. Du jour du blocage : le 1er août
Une visite au moment où je voulais me rendre au service et la nécessité de faire une ‘’course’’ dans le cadre de mon voyage m’empêchent d’être à l’université à 8 heures. J’appelle le vice-président (je veux le prévenir de mon retard et il avait promis d’être là pour s’assurer que tout marcherait bien). Il me répond par un SMS, me signifiant qu’il est à Ouaga, au MESS. J’appelle Monsieur Sanou Mamadou, un des chefs de service SAOI, pour savoir s’ils ont été payés. La réponse est négative. Il me dit qu’il en a même informé le vice-président. Monsieur le DAF m’appelle vers 9 heures pour me demander de parler à mes agents afin qu’ils aillent percevoir leur argent car les nouveaux bacheliers étaient menaçants et la situation pouvait dégénérer. La raison était que mes collaborateurs refusaient de travailler : entretien des nouveaux bacheliers avec les conseillers d’orientation et réception des dossiers. Je lui ai dit que j’étais toujours en ville et que j’allais leur en parler. J’ai téléphoné à mes collaborateurs pour leur faire part de la proposition du DAF. Leur réponse a été négative. Après mon arrivée au service, nous en avons échangé et la position était négative de manière unanime. Les uns et les autres estimaient que l’agent comptable en ne respectant pas la promesse qu’il a lui-même faite au vice-président, devant moi, portait atteinte à notre dignité. Du reste, son attitude était accompagnée de propos inexacts : il prétendait attendre les agents SAOI depuis 8 heures alors que lui-même n’est arrivé au bureau qu’après 8 h 30 mns. Il prétendait n’avoir pas promis d’envoyer un de ses agents payer les gens sur place. Ce qui faisait du vice-président et moi, au mieux des gens à l’esprit simple, au pire des menteurs.
Je dois dire aussi que dans la matinée du jour du blocage, le vice-président après avoir échangé au téléphone directement avec mes collaborateurs et obtenu d’eux une réponse négative m’a envoyé le SMS suivant : ‘’Prends les dispositions pour que l’activité se tienne’’. Je lui ai simplement demandé les dispositions que je devrais prendre, tant j’étais dépassé par cette situation. Je n’ai reçu aucune réponse. Comment pouvais-je obtenir une réponse positive là où lui mon supérieur hiérarchique a essuyé un refus ? Peut-être insinuait-on que je suis l’origine du blocage ? Cette idée m’a beaucoup peiné, car je me suis investi pour que l’activité se tienne et puisse se poursuivre. Mes collaborateurs peuvent témoigner des efforts consentis tant par eux que par moi. Nous sommes supposés suspendre l’activité à 18 heures, mais nous avons rarement quitté les lieux avant 20 heures, tant l’affluence était grande. La situation de blocage a perduré jusqu’à l’arrivée du vice-président aux alentours de 17 h 30. Il s’est rendu directement auprès de mes collaborateurs. Je n’ai pas été prévenu de son arrivée et il ne m’a pas au préalable rencontré. Ce sont mes collaborateurs qui m’ont demandé de les rejoindre, car le vice-président venait d’arriver. A contrecœur, je les ai rejoins. Pr Ouattara a demandé à mes collaborateurs de reprendre le travail et a même évoqué l’idée de sanctions. Chacun de ceux qui étaient présents a pris la parole. Un de nos partenaires, scandalisé par cette réunion et l’allure qu’elle prenait (elle ressemblait à un procès du directeur ou en tout cas à une situation qui lui faisait perdre son autorité), a pris la parole pour demander à se retirer, car son éducation ne lui permettait pas d’assister à une telle rencontre. Les agents SAOI ont signifié au vice-président leur refus de travailler tant que l’agent comptable ne respecterait pas son engagement. En se retirant, le vice-président m’a demandé de l’accompagner. Devant son véhicule, il m’a demandé de retourner voir mes agents et de leur demander d’accepter de reprendre le travail. Je lui ai dit que s’ils avaient refusé de le faire après sa demande, je n’étais pas certain qu’ils m’obéiraient. Je suis remonté faire part de la requête du vice-président. La réponse restait la même. C’est ainsi que se termina cette journée d’incompréhension. En somme, on peut le constater, il y a de la mauvaise volonté, de l’arrogance et sans doute une volonté de sabotage des activités académiques chez Monsieur Souleymane Ouedraogo, l’agent comptable. Il est le véritable responsable du blocage qu’il y a eu le 1er août 2014. Mes supérieurs hiérarchiques le savent bien.
L’intrusion maladroite du SG, Sompougdou Jean-Marie, dans mes attributions et ma protestation contre cette pratique ont fait de moi la cible qu’il fallait à tout prix abattre. Cependant, les statuts de l’Université sont très clairs en ce qui concerne les attributions du SG que je rappelle ci-dessous:
Nulle part dans ce texte fondateur de l’Université, il n’est mentionné les prérogatives du SG, non enseignant-chercheur, dans la gestion des affaires pédagogiques ni de celles académiques. Monsieur le secrétaire général serait-il au dessus des statuts de l’Université de Koudougou, toujours en vigueur?
Nulle part dans ce texte fondateur de l’Université, il n’est mentionné les prérogatives du SG, non enseignant-chercheur, dans la gestion des affaires pédagogiques ni de celles académiques. Monsieur Sompougdou est-il au-dessus des statuts de l’Université de Koudougou, toujours en vigueur?
Avant mon départ pour l’Europe, j’ai échangé avec le vice-président de nombreuses fois au téléphone et même en tête à tête. La dernière fut le 3 août, la veille de mon départ. Il était avec Monsieur l’Inspecteur Somé Paulin. Je lui ai, entre autres choses, dit que s’il y avait une décision à prendre (il avait parlé de sanctions), je souhaitais qu’elle soit prise pendant que j’étais toujours là. Il m’a dit que je ne devais pas m’inquiéter, qu’il n’avait pas encore vu le président et que je pouvais voyager en toute tranquillité et sérénité. De l’Europe, j’ai échangé par mail avec lui. Nous avons discuté de la situation de blocage, du test de l’IUT (il avait envoyé un mail au directeur IUT et m’en avait fait une copie conforme), de mon intérim par Dr Ouédraogo Frédéric. J’ai par la suite appris par des collègues, puis par le vice-président à qui j’ai posé la question que l’ouverture de l’UFR SJPA avait été refusée par le MESS, que celle de l’UFR Sciences et Technologie n’était pas non plus très certaine.
6. De mon remplacement
à la direction du SAOI
Je tiens d’abord à préciser que je n’ai pas été élu mais nommé par le professeur Segda, alors président de l’université. Professeur Sawadogo ne m’a donc pas appelé à cette fonction et aurait pu me révoquer dès sa prise de service.
C’est le mardi 9 septembre dans l’après –midi que le directeur LSH, à qui j’avais envoyé un mail quelques jours plus tôt, me donna l’information. Quelques quarts d’heure plus tard, mon intérimaire m’envoya un mail pour me demander de voir les agents SAOI afin qu’ils assouplissent leur position. Il avait conduit une réunion avec eux sur instruction du Secrétaire général (alors que le vice-président qui devait prendre son congé m’avait informé que c’est le président qui assurerait son intérim) et ils n’avaient pas pu harmoniser leurs positions. Mes collaborateurs étaient prêts à reprendre (à terminer) l’activité de réception des dossiers, mais souhaitaient notamment que l’agent comptable reconnaisse son tort : il est celui qui avait promis d’envoyer un de ses agents procéder à leur paiement sur les lieux de l’activité. Il devait au moins reconnaître cela. C’est moi qui ai donné à mon intérimaire l’information de mon remplacement. Il m’a répondu que ce que je disais le surprenait et qu’il espérait que cela resterait une rumeur.
Jusqu’au moment où j’écris, aucun de mes supérieurs hiérarchiques ne m’a dit quoi que ce soit par rapport à la situation. Je n’ai reçu aucun mail ni coup de fil. Ils sont tous bien informés que je suis en Europe pour un séjour de recherches, dans le cadre d’une bourse d’excellence. Je suis hors du pays de manière régulière : ordre de mission (signé par le président de l’université le 23 juin 2014 et par le ministre des Enseignements secondaire et supérieur le 24 juin 2014), autorisation d’absence (autorisation d’absence signée le 21 juillet par le vice-président Ouattara Frédéric assurant l’intérim du Président), note d’intérim. Mon voyage n’a surpris personne, car j’ai informé mon supérieur hiérarchique Pr Ouattara Frédéric au mois de mai de mon intention d’effectuer un voyage de recherches et ai souhaité que certaines questions cruciales puissent être discutées avant que je parte. Après que mon intérimaire m’ait exprimé sa surprise par rapport à l’annonce de mon remplacement, il ne m’a plus tenu informé de quoi que ce soit jusqu’à ce jour.
7. Quelques interrogations
Que me reproche-t-on qui ne puisse m’être dit ouvertement ? Qu’ai-je commis de si criminel qui justifie ce traitement ‘’silencieux’’ ? En quoi serai-je responsable d’un blocage dont on refuse de situer les vraies causes ? En quoi serai-je responsable de la situation de non-ouverture des filières ? Je ne les ai pas mentionnées sur le communiqué que je n’ai pas non plus signé ? Ma ‘’sanction’’ vise-t-elle à intimider les collègues dans la situation de crise que nous traversons ? Ils ont préféré s’en prendre à celui qui leur apparaît le plus faible, même si les faits sont loin de lui donner tort. Pourquoi une passation de service se ferait-elle en l’absence du titulaire du poste ? Avec qui se ferait cette passation ? Avec l’intérimaire ? Selon les textes l’intérimaire assure les affaires courantes. L’objectif est-il de gâcher mon séjour de recherches par une telle décision ? A qui cela profiterait-il si le souci véritable du Pr Georges Sawadogo est la recherche de l’excellence et d’un climat apaisé pour l’université dont il a la charge ? Le président de l’Université de Koudougou semble si déboussolé et aveuglé qu’il est prêt à prendre n’importe quelle décision. Que me reproche-t-on qui ne puisse m’être dit ? On peut ne pas informer quelqu’un de son remplacement, le lui laisser constater, mais il est en droit de savoir ce qu’on lui reproche. Ce que le président Sawadogo me reproche appartient-il à l’ordre de l’indicible, de l’innommable ? Auquel cas on pourrait se demander si ce que je vis n’est pas un règlement de compte qui ne devrait pas avoir droit de cité dans une université, qui par vocation devrait être un espace de rationalité et de liberté d’expression. Où se trouve l’amélioration de la gouvernance universitaire sur laquelle Pr Georges Sawadogo a insisté dans son discours d’investiture ? La bonne gouvernance signifie-t-elle humiliation des enseignants-chercheurs et absolutisation du « pouvoir » de l’agent comptable ? Qu’il me prouve, à la communauté universitaire et au public ce qui peut justifier un tel ‘’amateurisme’’ ? Loin de moi l’idée d’en faire un problème personnel entre lui et moi, mais celui qui est prêt à prendre ma place, y compris en participant à une passation de service bancale, a-t-il conscience que l’on se sert de lui pour assouvir une rancune ? Que me reproche-t-on ? Ce que certains appellent une ‘’liberté de ton’’ ? Si par ‘’liberté de ton’’, on entend le courage de dire ce que l’on pense, d’exiger un minimum d’humanisme dans les rapports humains, de réclamer le respect pour ses collaborateurs et soi-même, alors j’assume cette liberté de ton. Que le président de l’Université me sanctionne pour ces vérités devant la communauté universitaire, s’il le veut! Je ne peux vivre dans la ‘’fausseté’’ au prétexte que je serais un membre de l’administration. Si ma ‘’liberté de ton’’ me vaut ce que certains pensent être une sanction, alors je suis fier de la subir. Le président de l’Université de Koudougou, Pr Georges Sawadogo, a l’habitude d’invoquer le jugement de l’histoire. En effet, l’histoire est maîtresse de vie et l’histoire de l’Université de Koudougou qui n’est pas finie, loin s’en faut, sera notre tribunal.
Muenster, le 15 septembre 2014
Dr Alain Casimir ZONGO
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