Politique
Pourparlers intermaliens : Harouna Touré, le mouton noir des hommes bleus ?
Publié le mercredi 17 septembre 2014 | L`Observateur Paalga
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Après une thérapie administrée à Ouagadougou, les protagonistes de la crise malienne ont demandé et obtenu une évacuation à Alger pour suivre un autre traitement, qu’ils espèrent plus efficace. On a d’abord eu droit à un premier round de négociations qui a permis à la médiation de recueillir les revendications et les prétentions de chaque camp. Tandis que les groupes armés qui écument le nord malien réclament purement et simplement l’indépendance de la portion du territoire qu’ils appellent l’Azawad où alors une plus grande autonomie afin de pouvoir gérer les affaires, Bamako se dit ouvert à toute idée sauf celle de la partition du pays.
C’est un truisme, les questions politiques et de développement sont véritablement les points d’achoppement de ces négociations, et le médiateur aura fort à faire pour concilier les positions diamétralement opposées de ses vis-à-vis.
Lundi dernier, les regards étaient braqués sur la capitale algérienne où devaient débuter le second round des pourparlers. Ce n’est pas pour rien que Bert Koenders, le parton de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali), a fait le déplacement à Alger.
Mais les négociations sur les problèmes fondamentaux et sensibles ont à peine redémarré que déjà il y a un blocage. Visiblement on n’est pas encore près de discuter des sujets qui fâchent comme le désarmement des groupes armés, l’indépendance de l’AZAWAD, les questions de développement, etc.
En cause, un «problème technique».
On le sait, le week-end dernier, les groupés armés les plus significatifs, le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), le HCUA (Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad), le MAA (Mouvement arabe de l’Azawad) et la CPA (Coordination pour le peuple de l’Azawad), ont signé un texte dans lequel ils ont pris l’engagement de s’associer pour mener d’un front commun les discussions avec les autorités maliennes.
Ça saute à l’œil, seule la CMPFR (Coordination des mouvements et fronts patriotiques de résistance) d’Harouna Touré n’a pas apposé sa signature au bas du document unitaire des insurgés du septentrion malien. Pourtant ce groupe a été admis dans la salle des négociations, assis à côté de la délégation malienne et présenté par le médiateur algérien comme faisant partie des groupes du Nord-Mali. C’est sans surprise que les rebelles ont exigé de la médiation la clarification de cette situation.
Monsieur Touré est donc incessamment prié de clarifier sa position. En réalité, les Touaregs le soupçonnent d’être une marionnette de Koulouba utilisée pour semer la zizanie et faire peser la balance en faveur de Bamako. Il n’est pas loin d’être taxé de mouton noir des hommes bleus du désert. C’est dire que le négociateur algérien devra faire preuve de tact pour renouer les fils du dialogue.
On se rappelle d’ailleurs qu’avant d’aller à Alger, les groupes armés avaient décidé à Ouagadougou de parler d’une seule voix. Mais Harouna Touré veut remettre tout cela en cause.
Espérons que le grain Touré ne va pas définitivement enrailler la machine de la paix qui a du mal à démarrer au pays de Soundjata Kéïta ces dernières années. Pour cela il faut que rebelles et autorités maliennes acceptent de mettre un peu d’eau dans leur vin dans l’intérêt supérieur de la nation.
San Evariste Barro
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