Le fort taux de participation des populations indique clairement que le peuple ne se laissera pas voler facilement ses victoires dans des jeux politiciens. Victoire de la mobilisation, victoire du calme et de la sérénité, victoire de la maturité par des choix clairs qui indiquent à ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et qu’il était temps que les politiques évoluent et s’adaptent aux nouveaux repères.
Après les concertos de « nous sommes sereins ; nous sommes confiants ; nous allons gagner… » fortement repris en chœur par les uns et les autres en se regardant droit dans les yeux, les responsables des partis et formations politiques qui ont pris part au scrutin couplé du 2 décembre dernier sont actuellement aux calculettes pour de véritables comptes d’apothicaire avec l’espoir de voir se traduire ces sentiments en nombre conséquents de députés, conseillers et maires.
Une autre paire de manches qui a placé nombre d’entre eux en face de réalités beaucoup moins angéliques au contact de chiffres froids et cruels qui ont transformé des sourires en rictus amers et fait fondre comme neige au soleil des espoirs que certains premiers chiffres avaient gonflés a bloc. Il faut dire que nos politiciens ont eu de la suite dans les idées en transformant la soirée électorale en une pièce pitoyable de jeux de rôles, à l’image de la campagne elle-même, au point qu’on avait peine à les prendre au sérieux.
Qu’à cela ne tienne, au moins les faits sont là implacables et on s’achemine inexorablement vers l’épilogue qui renverra la majeure partie d’entre eux rejoindre les oubliettes dont ils n’auraient jamais dû sortir. Dans le même temps certains acteurs jusque-là sur les feux de la rampe en prendront le chemin collectivement, comme individuellement pendant que d’autres se draperont de nouveaux manteaux, et que d’autres encore retrouveront leur ancienne garde-robe. Des destins croisés et des destins divers.
Mais tout d’abord, et cela a son importance, les élections se sont déroulées dans un climat apaisé même s’il y a eu quelques échauffourées et des couacs. Au total, pas de quoi fouetter un chat en dépit des cris avant-coureurs de mauvais perdants de certains leaders qui ont dénoncé des tentatives de fraudes imaginaires, des retards, etc. des prétextes tout trouvés pour justifier ce qui leur semble être un échec cuisant. L’indifférence de l’opinion publique les contraindra sans nul doute en dépit de leurs gesticulations à refreiner leurs ardeurs et à s’inscrire dans une dynamique positive.
Au moment où nous mettions sous presse Zéphirin DIABRE organisait une conférence de presse pour « dénoncer » des fraudes à son détriment. Une situation pour le moins anachronique alors que tous observateurs nationaux comme internationaux et même les acteurs eux-mêmes ont salué la sincérité du scrutin.
Il faut espérer qu’ils sauront raison garder car le fort taux de participation des populations indique clairement que le peuple ne se laissera pas voler facilement ses victoires dans des jeux politiciens. Victoire de la mobilisation, victoire du calme et de la sérénité, victoire de la maturité par des choix clairs qui indiquent à ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et qu’il était temps que les politiques évoluent et s’adaptent aux nouveaux repères.
Sur ce point on peut déjà se féliciter de la prise de conscience des uns et des autres pour n’avoir pas rué dans les brancards à tout va et avoir favorisé la conduite du processus jusqu’à terme. Pouvoir, Opposition et Société civile doivent s’en féliciter même si au niveau de la dernière il y aurait beaucoup à dire avec les mélanges de genres dont certains sont devenus aux premières loges et à cap tout seigneur, tout honneur, il convient de placer la CENI, suivie du CSC. Tous deux, qui ont été à la manœuvre directement, avaient un véritable challenge à relever car ils l’ont réussi de fort belle manière. Bravo donc à Me Barthélémy KERE et à Mme Béatrice DAMIBA ainsi qu’à leurs troupes respectives. Nous reviendrons sur les performances et les leçons à en tirer.
Au niveau des acteurs politiques, les grandes tendances indiquent un léger rééquilibrage des forces en présence avec un profond réaménagement au sein de l’opposition qui va certainement changer de Chef de file. Si les tendances actuelles se confirment, l’UPC de Zéphirin DIABRE supplantera l’UNIR/PS de Me Bénéwendé SANKARA et assumera les fonctions de chef de file de l’opposition. Par ailleurs, il est même en passe de détrôner l’ADF/RDA de sa position de deuxième parti sur l’échiquier politique en terme de députés. A l’analyse, les électeurs qui portent leurs votes sur les opposants ont comme voulu voter utile en concentrant leur choix sur l’UPC au détriment des petites chapelles dans lesquelles ils s’éparpillaient.
Pour peu que Zéphirin DIABRE soit un peu réaliste et ne se laisse pas enivrer par les vertiges de la victoire et des illusions, il peut estimer avoir royalement tiré son épingle du jeu et fait d’un coup d’essai un coup de maître. Cela lui ouvrirait des perspectives que certains lorgnent depuis longtemps. Par contre, du côté des plus anciennes formations politiques de l’opposition, c’est un désaveu cinglant qui ne dit pas son nom. Pour les Sankaristes c’est véritablement la descente aux enfers. Espérons qu’en touchant le fond ils sauront se ressaisir pour proposer autre chose que ce qu’ils offrent actuellement et qui a le don d’exaspérer prodigieusement.
Déception aussi avec le PDS/Méteba de Arba Diallo qui a nourri de grands espoirs d’une dynamique enclenchée avec l’élection présidentielle de 2012. Son parcours avant le scrutin a suscité beaucoup d’intérêt. Visiblement ses ténors n’ont pas su transformer le capital de sympathie en voix dans les urnes. Des partis comme l’UNDD de Me Hermann YAMEOGO, l’UPR et la CFD dans la mouvance présidentielle et dans une moindre mesure l’ADF semblent essoufflés et ont de la peine à être lisibles. On attend de voir ce qu’ils vont devenir, car des plumes ils en ont perdu.
Par contre le parti au pouvoir, le CDP, confirme sa suprématie en réalisant un score auquel il semble abonné en dépit des prédictions et de la nouvelle dynamique au sein de l’opposition. Il faut croire que sa propre mue lui a été bénéfique et on peut dire que, si celle-ci n’avait pas eu lieu, il aurait eu plus de difficultés à se maintenir. C’est comme si échancré par les critiques d’une certaine opinion nationale, le CDP s’était tellement mis au sérieux pour réussir sa campagne et les élections que ses résultats vont largement au-delà des ses espérances.
Nous reviendrons largement sur le sujet dans nos prochaines éditions.