Après la clôture des bureaux de vote, le commissaire de la CENI pour la région du Sahel, Mathias Tankoano, s’est dit satisfait du déroulement des élections dans son ensemble, malgré quelques difficultés dans certains villages. En fin de matinée du 3 décembre 2012, le commissaire a fait le bilan de l’ensemble du processus.
« Le Pays » : Quel bilan tirer de ces élections dans le Sahel ?
Mathias Tankoano : Je rends grâce à Dieu pour la tenue dans le calme des élections dans cette partie du pays, une région réputée très difficile du fait que les positions partisanes sont très tranchées et exacerbées. En plus, les forces des partis sont équilibrées. Tout s’est déroulé dans la paix, les partis politiques ont joué leur rôle et les citoyens sont massivement sortis. Notre satisfaction réside en cela. Nous saluons les membres des bureaux de vote, les autorités administratives, les observateurs et la presse.
Certains centres de vote sont réputés être des points chauds. Comment ont-ils été gérés ?
C’est dans le dialogue que tout problème peut trouver une solution. Nous sommes restés en contact permanent avec les candidats et les partis politiques. Nous nous sommes déplacés dans les coins réputés difficiles comme Katchirga. Dans ce village, il y a eu près de 4 000 électeurs et ils ont voté jusque tard dans la nuit. Le seul élément que nous avons eu comme difficulté majeure, c’est surtout le cas de Bani. La veille, dans la distribution du matériel, lorsque les démembrements ont vu les paquets, ils n’ont pas pris le temps de vérifier, ce qui a fait que certains bureaux de vote se sont retrouvés avec 1 000 bulletins de vote pour les élections municipales et 1 000 autres pour les législatives. Lorsque le matin cela a été constaté sur le terrain, les gens ont commencé à parler de disparition de bulletins. Nous avons été informés et nous nous sommes déportés sur le terrain. Nous avons convoqué les candidats, les représentants des partis politiques, les démembrements et nous leur avons fait le point. C’est ainsi que dans certains bureaux, il y avait du surplus et nous avons envoyé des gens le récupérer. Ce qui a fait que certains bureaux ont été ouverts à 14h. En dehors de cela, c’est le manque d’encrier par-ci et des scellés par-là mais tout cela a été rattrapé.
Il y a eu pour le transport des résultats, des problèmes de véhicules ; parlez-nous en.
A chaque élection, nous faisons appel aux autorités administratives pour nous appuyer, en termes de logistique. A Dori, nous avons eu un problème de moyens de déplacement et comme vous le constatez, il y a eu des bureaux qui ont fermé la veille (2 décembre 2012) à 20h et qui ne sont pas encore là. Nous envoyons un véhicule sur un axe qui doit faire trois à quatre bureaux de vote pour amener les gens. Ce n’est pas facile. Voilà pourquoi je suis toujours là pour galvaniser les démembrements. Ce que nous pouvons lancer comme appel, c’est que, pour les années à venir, l’on puisse parer à cette situation en dotant nos démembrements d’un minimum de moyens de déplacement. Au cas contraire, l’on peut envisager la location de motos. Nous l’avons envisagé à Dori, mais cela n’a pas été possible. La logistique demeure un problème dans le Sahel : comment déplacer les gens et les ramener ensuite ?
Alors, quelles leçons tirer de ces élections au Sahel ?
C’est surtout l’engouement que ces élections ont suscité. Quand vous voyez le taux de participation et que tout ce monde est resté calme malgré la passion, nous ne pouvons qu’être satisfaits. Les populations doivent savoir que les élections sont une opportunité pour eux de sanctionner ceux qui dirigent et soutenir les programmes proposés par d’autres. Chacun doit mettre du sien et il faut que, pour les prochaines fois, on mobilise davantage les électeurs pour que nous ayons toujours une participation assez forte. Toute chose qui va consolider la démocratie et surtout crédibiliser nos institutions.
Propos recueillis par Aimé NABALOUM à Dori dans les locaux de la CECI