Économie
Lutte contre la faim en Afrique: la recherche agricole comme solution
Publié le vendredi 5 septembre 2014 | Sidwaya
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La lutte contre la famine en Afrique passe par la recherche, l’innovation et le savoir des agriculteurs locaux. Des acteurs du monde rural, notamment des partenaires et des experts ont réaffirmé cette vision à Addis-Abeba, en Ethiopie, le 1er septembre 2014, lors du dialogue de haut niveau « Nourrir la population africaine grâce à la recherche » cofinancée par le Centre de recherche pour le développement international (CRDI).
Recherche pour alimenter l’Afrique ! C’est sur cette problématique que plus de 200 participants se sont penchés en une journée à Addis-Abeba. Les participants sont membres des associations féminines, de jeunes, de représentants de gouvernements, de regroupements d’agriculteurs, d’intervenants du secteur privé et de chercheurs. Tous convaincus d’une seule chose «la recherche agricole peut assurer la sécurité alimentaire en Afrique». Pour le président du Centre de recherche pour le développement international (CRDI), Jean Lebel, le Canada à travers ses organismes tels que le CRDI et le Fonds canadien de recherche sur la sécurité alimentaire internationale (FCRSAI), accorde une place importante à la recherche.
Ainsi et jusqu’à ce jour, le Canada a financée plus de 100 millions de dollars canadiens à la recherche. «Au fil des projets financés par le FCRSAI, nous avons observé une amélioration considérable des moyens de subsistance des agriculteurs locaux. Grâce à ces projets, le rendement des cultures maraîchères s’est accru, des récoltes secondaires sont désormais possibles. En plus d’être bénéfiques pour les agriculteurs, ces avancées contribueront à améliorer la sécurité alimentaire en Afrique», a soutenu M. Lebel dans son discours introductif. Avec ces investissements canadiens, 80 000 exploitants ont été touchés et plus de 200 chercheurs impliqués. L’importance de la recherche dans le développement du monde rural n’est plus à démontrer. Des exemples de réussite foisonnent. Au Burkina Faso par exemple, des techniques améliorées de collecte des eaux de pluie ont permis d’accroître le rendement des cultures de céréales et de légumineuses. Ces innovations mises en place par les chercheurs (burkinabè et canadiens) et agriculteurs ont augmenté de façon substantielle le rendement des cultures et le revenu des agriculteurs. Le rendement du sorgho, selon les acteurs, a plus que doublé et atteint environ 700 kg/ha. Les instituts de recherche burkinabè ont mis également en place des nouvelles variétés de maïs, de niébé, du riz (…) à haut rendement de 7 à 8 tonnes à l’hectare. « Le Burkina est un pays-phare en matière de recherche agricole en Afrique de l’Ouest. En termes de variétés, nous avons les meilleures variétés de la région. Le Ministère de l’agriculture et de la sécurité alimentaire fait des efforts pour mettre à la disposition des agriculteurs, des technologies agricoles. Des efforts sont faits également pour les appuyer en intrants et équipements », a indiqué le directeur général des productions végétales au Ministère de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, Bouma Thio. Les acteurs africains et canadiens plaident pour que les technologies arrivent chez les producteurs surtout chez les petits exploitants. Car, a reconnu le président de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA), Strive Massiyiwa, « les petits exploitants africains produisent la majorité des denrées alimentaires du continent ; ils sont l’épine dorsale d’un secteur employant plus de 65% des africains ». Il est incompréhensible, selon le directeur exécutif du Forum pour la recherche agricole en Afrique (FARA), que le continent africain ait 60% des terres arables et n’arrive pas à se nourrir. « La puissance de la science et de la technologie est une nécessité pour nous si nous voulons que l’Afrique nourrisse l’Afrique. Sans la technologie le développement, agricole est compromise », a-t-il déclaré. Embouchant la même trompette, le président du Fonds international de développement agricole (FIDA), Kanayo Nwanze, a estimé que sans un secteur agricole viable et une économie rurale forte, l’avenir de l’Afrique ne peut être durable. « L’augmentation de la productivité agricole africaine pour la prospérité des femmes et des hommes vivant dans les zones rurales, est un préalable indispensable à la prospérité de notre continent », a-t-il conclu.
La nanotechnologie, la bioscience doivent être au service de l’agriculture, ont souligné les chercheurs. Il faut valoriser les résultats de la recherche et les vulgariser auprès des producteurs. A ce niveau, les sciences sociales doivent aussi jouer leur participation pour la diffusion, la compréhension et l’adoption des nouvelles technologies. Et comme le disait un participant rwandais, « le producteur ne doit pas passer tout son temps à prier pour des meilleurs récoltes, il faut que les chercheurs mettent à leur disposition, tous les moyens nécessaires pour améliorer et sécuriser leur production ». Le forum appelle tous les acteurs à se mettre dans la danse afin d’atteindre la sécurité alimentaire. Les jeunes et les femmes doivent tous être impliqués. Le secteur privé aussi est appelé à investir dans la recherche et le développement agricole. « Le CRDI entend favoriser l’établissement de partenariats de recherche public-privé qui seront aptes à transformer des projets à grande échelle en matière de développement. Ce n’est qu’en concertant nos actions que nous pourrons tirer pleinement profit de fonds restreints et ainsi faire en sorte que se poursuivent les avancées en vue d’enrayer la faim», a souligné M. Lebel. Ce dialogue s’est tenu en marge du forum sur la révolution verte en Afrique dont le thème est « au-delà du seuil critique : une vision et des stratégies nouvelles pour une transformation inclusive et durable ».
Boureima SANGA
De retour de Addis-Abeba
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