Politique
Quel scénario après le référendum et la présidentielle 2015 au Burkina Faso ?
Publié le vendredi 29 aout 2014 | Agence de Presse Labor
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La situation nationale qui prévaut au Burkina Faso de janvier 2014 à nos jours, est la domination de la vie sociale et économique par des débats relatifs à la présidentielle de novembre 2015. Cette élection suscite beaucoup de passions au sein des populations du Burkina, parce que selon l’article 37 de la présente constitution, le mandat présidentiel est de 5 ans renouvelable une fois. Le président Blaise Compaoré ayant déjà renouvelé ce mandat en 2010, il ne peut plus se représenter en 2015, sauf en cas d’une nouvelle modification de cet article de la constitution. La perspective d’un référendum sur cette situation qui divise actuellement les citoyens burkinabè, présage d’une détérioration de la paix sociale à l’avenir, à l’instar des marches et meetings qui se déroulent au préalable pour dénoncer le référendum. Le scénario d’un gouvernement de transition ne serait pas à écarter si le référendum échouait. Mais, l’hypothèse d’un gouvernement d’union nationale, en cas de triomphe du oui au référendum serait aussi envisageable. L’un ou l’autre scénario devrait viser à renforcer la cohésion sociale pour que le climat de division des Burkinabè ne perdure pas après le référendum et la présidentielle de 2015.
Le Burkina Faso est à sa quatrième république qui a débuté le 02 Juin 1991, avec l’adoption de la présente constitution par référendum. Cette constitution a subi quatre(04) modifications en 1997, 2000,2002 ,2012.La dernière révision de la constitution en Juin 2012 a consisté à y intégrer des données relatives au Sénat, la seconde chambre du Parlement dont la mise en place se fait attendre.
Au départ, le mandat présidentiel était de 7 ans, renouvelable une fois.
-1er Décembre 1991 : Blaise Compaoré est élu président de la 4è République pour un mandat de 7 ans.
-15 Novembre 1998 : Blaise Compaoré est réélu pour 7 ans avec un suffrage de 87,52%.
Normalement, au terme de son second mandat de 7 ans en 2005, Blaise Compaoré ne pouvait plus briguer un autre.
La constitution a donc été révisée en 2000 avec l’adoption d’un mandat quinquennal (5 ans), renouvelable une fois, en lieu et place du septennat (7ans).Les arguments juridiques selon lesquels la loi n’est pas retro active, ont prévalu pour permettre à Blaise Compaoré de briguer comme tout autre candidat, le nouveau mode de mandat de 5 ans, sans incidence sur son septennat écoulé. Ayant entamé son quinquennat en 2005 qui a été renouvelé en 2010, Blaise Compaoré se retrouve encore en fin de parcours en 2015.Cela lui fera au total 27 ans de règne, dont 24 ans de pouvoir constitutionnel (1991-2015) et trois (03 ans) de régime d’exception sous le Front Populaire du 15 Octobre 1987 à 1990.
Le Burkina Faso ayant connu plus de deux décennies de stabilité, mais sans alternance sous le règne de Blaise Compaoré, est parvenu à une sorte de croisée des chemins. L’opinion publique nationale et internationale s’interroge sur le sort qui pourrait être réservé au pays en définitive. Les uns ,s’inspirant des cas des pays qui ont vécu des turbulences après le règne à vie de leurs présidents, comme en Côte d’Ivoire, au Togo et au Gabon, redoutent les mêmes situations de conflits de succession à l’avenir au Burkina Cette opinion ,est favorable aux règles de la limitation du mandat présidentiel, pour que d’autres citoyens apportent aussi leurs pierres à la direction du pays ,dans un climat d’alternance normale. Pour d’autres, l’alternance systématique n’est pas une garantie absolue de la stabilité .Ils en veulent pour preuve, le désordre qui déstabilise la Libye, la Centrafrique entre autres, suite à des situations d’alternance au forceps.
Le président Compaoré est lui-même conscient de cette situation confuse pour avoir affirmé plusieurs fois que son objectif n’était pas de s’éterniser au pouvoir, mais de s’assurer qu’il léguera le pays à une postérité qui maintiendra le cap du développement et de la stabilité. Mais comment ? C’est là, la grande question qui agite le Burkina tout entier bipolarisé. D’un côté, des opposants hostiles au référendum sur la modification de l’article 37 de la constitution. De l’autre côté, les partisans du référendum pour permettre à Blaise Compaoré, de rester président autant de fois que le peuple le souhaiterait, à travers un mandat présidentiel illimité. C’est ainsi que depuis janvier 2014, ces deux camps antagonistes rivalisent de popularité par des marches et meetings dans des rues, stades et à travers les médias.
Le fameux hélicoptère qui survolait la ville de Ouaga,ici au-dessus du stade du 4 Août le 21 Juin lors du meeting CDP.
Le fameux hélicoptère qui survolait la ville de Ouaga,ici au-dessus du stade du 4 Août
le 21 Juin lors du meeting CDP.
L’effet de crispation de la vie nationale autour de la présidentielle de 2015 que le président Compaoré aurait voulu éviter par un silence sur sa candidature ou non, deux ans à l’avance, est cependant demeuré, toute la hantise nationale ayant pour objet permanent, cette élection. Au lendemain de la célébration du 53è anniversaire de la fête de l’indépendance le 11 décembre 2013 dans la ville de Dori, le Chef de l’Etat lors d’une conférence de presse avait fait savoir que s’il déclarait depuis ce temps qu’il serait ou ne serait pas candidat à la présidentielle 2015,cela prolongerait le pays dans une action de campagne ,au risque d’occulter les actions de développement. Tous ceux qui étaient sceptiques sur la volonté réelle du président Compaoré de répondre favorablement aux appels incessants de ses partisans, dont certains frisaient des ultimatums pour la convocation du référendum, se disent à présent convaincus que la marche vers ce scrutin populaire semble irréversible. La raison, le fait que le sommet USA-Afrique du 04 au 06 Août 2014 à Washington n’ait pu imposer aux Etats africains, le respect de la limitation des mandats présidentiels comme d’aucuns le souhaitaient, c’est le vent en poupe pour le référendum au Burkina. L’opposition qui déclare ne pas avoir peur des élections, se dit cependant convaincue que le pouvoir usera de tous les moyens pour obtenir une victoire au référendum. En réalité, beaucoup de partis politiques à l’exception du parti au pouvoir, le Congrès pour la Démocratie et le Progrès(CDP),ont passé plus de temps dans des marches et meetings, des déclarations intempestives dans les médias ,plutôt que de mobiliser leurs militants à s’inscrire sur les listes électorales ,afin de se munir de cartes d’électeurs pour voter massivement contre le référendum et le candidat de ce parti à la présidentielle de novembre 2015.C’est ainsi que certains partis d’opposition préconisent une période supplémentaire pour les inscriptions sur les listes électorales, closes depuis le 30 Juin 2014.
Les risques de désillusion politique sont bien réels au Burkina si l’on part du constat que la foule des marcheurs n’est pas susceptible d’être celle des électeurs. En effet, parmi les marcheurs, figurent des jeunes qui n’ont pas l’âge (18 ans) de voter et nombreux sont ceux qui ne se sont pas motivés et mobilisés pour l’enrôlement biométrique.
Rassemblement de l’opposition le samedi 23 Août 2014 à Ouagadougou ,vers le rond-point de la Patte d’Oie, sur l’avenue France-Afrique avant la marche à travers la ville pour dire non au référendum.(Photo:laborpresse.net)
Rassemblement de l’opposition le samedi 23 Août 2014 à Ouagadougou ,vers le rond-point de la Patte d’Oie, sur l’avenue France-Afrique avant la marche à travers la ville pour dire non au référendum.(Photo:laborpresse.net)
Les partisans du référendum qui manifestent une impatience pour la fixation rapide de la date de ce scrutin, semblent ignorer que la période d’hivernage jusqu’en fin septembre n’est pas propice aux votes. C’est probablement lors du forum des jeunes le 25 Octobre 2014 à Gaoua ou après, que le Chef de l’Etat pourrait dévoiler ses intentions réelles sur le référendum.
Ce qui importe le plus, c’est l’après référendum en termes de paix sociale au Burkina Faso. Que faire en cas d’échec ou de succès du référendum ? Voilà une préoccupation capitale à laquelle la classe politique nationale devrait commencer à réfléchir d’ores et déjà. Toujours est –il que la solution du compromis reste souhaitable à la situation qui prévaudra. Un gouvernement de transition ou d’union nationale, sans esprit de règlements de comptes, pour préserver les acquis et corriger les lacunes.
Jean KY
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