Société
Crash du vol d’Air Algérie : regard d’un ancien commandant de bord
Publié le jeudi 28 aout 2014 | L`Observateur Paalga
© Autre presse par DR
Un débris de l`avion de Swiftair affrété par Air Algérie (vol AH 5017) qui a crashé au Nord-Mali dans la nuit du 23 au 24 juillet 2014 |
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La fièvre médiatique autour du crash du vol Ah 5017 d’Air Algérie n’est pas encore retombée : cette fois-ci, c’est Ousmane Traoré, commandant de bord et pilote de ligne à la retraite, qui nous livre son analyse du phénomène atmosphérique qui serait à l’origine de la catastrophe. Lisez plutôt !
Le type de nuage orageux que le vol AH 5017 a dû traverser est appelé CUMULONIMBUS ou CUNIMB en abrégé (CB).
Il peut avoir environ 18 000 mètres de hauteur, des dizaines de kilomètres de longueur et de largeur. Le traverser est suicidaire, car à l’intérieur de ce nuage (CB), on rencontre la pluie, la foudre, des décharges électriques à très haute intensité dépassant souvent des milliers de volts, de fortes turbulences, des vents forts et tourbillonnaires, des grêles (gros cristaux de glace), des éclairs très aveuglants du givrage de l’avion, en un mot, c’est un nuage très dangereux pour l’avion, donc à ne jamais traverser par un vol.
Il est très difficile de le voir en vol de nuit, donc le pilote utilise le radar météo de bord pour le détecter.
Parce qu’il est très dangereux de le traverser, on conseille aux pilotes de le contourner et de ne pas trop s’en approcher pour ne pas recevoir des décharges électriques (cas du crash de KENYA AIRWAYS à Douala , Cameroun).
Il faut le contourner à une distance convenable selon l’intensité du phénomène en utilisant toujours le radar météo de bord. Ce radar météo donne au pilote toutes les informations nécessaires sur l’orage.
Nous allons parler de trois risques susceptibles de faire chuter un avion essayant de traverser le CUMULUS-NIMBUS ou CUNIMB (CB).
Les risques
1-Arrêt des moteurs : Les grêles de plus de dix centimètres de diamètre (cristaux de glaces) peuvent entrer dans les réacteurs, occasionnant l’arrêt des moteurs, une perte de puissance, une perte de vitesse ; l’avion décroche alors et tombe.
Structure cellule de l’avion : Risques de rupture, de cassure des pare-brises du poste de pilotage, des gouvernes de profondeur et de direction, des ailes due aux cristaux de glace ou à des cisaillements occasionnés par les fortes turbulences.
2)- Décharges électriques (foudre) : Cela peut entraîner l’explosion de l’avion (Ce n’est pas le cas du vol AH 5017), mais les décharges électriques peuvent aussi occasionner la perte totale du système et du circuit électriques à bord de l’avion, entraînant sa chute. Cas possible du Vol AH 5017 d’AIR ALGERIE.
CAS DU VOL AH 5017 d’AIR ALGERIE
- En ce qui concerne les préparatifs du vol :
La réglementation aérienne instituée par l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (O.A.C.I.) recommande à tout équipage d’un avion de prendre connaissance de la situation météorologique relative aux différentes trajectoires de vols que leurs avions doivent suivre, avant tout départ.
Ainsi l’équipage du vol AH 5017 devait être au courant de ce phénomène atmosphérique grâce aux photos satellites, aux prévisions météo fournies par le service météo de l’Aéroport de Ouagadougou. Ces prévisions météo renseignent les pilotes sur la direction et la force des différents vents, les types de nuages, les pressions atmosphériques, les températures en altitude et la position du Front Inter Tropical (F.I.T.) des régions de leurs trajectoires de vols.
Une fois ces informations météorologiques reçues, le Commandant de bord décide de partir ou pas et peut même retarder le vol de quelques heures en attendant le passage du phénomène météorologique.
- Dans le cas du vol AH 5017, le Commandant de bord a décidé de partir et de contourner l’orage en question.
Conséquences
Je pense que l’avion du vol AH 5017 a dû trop s’approcher de l’orage avant de tenter alors de le contourner, une manœuvre très dangereuse, car les risques sont très grands : ce qui est arrivé en est l’illustration.
A en croire leurs différents changements de CAP (lecture des paramètres de vol de la boîte noire), ils ont dû se retrouver en plein dans l’orage, ce qui a probablement provoqué la chute libre de l’avion jusqu’au sol. Alors un des (03) trois cas de risques ou une succession des trois cas a dû se produire.
En conclusion : Il est plus souhaitable que l’enquête se focalise sur les différents cas ci-dessus cités, car l’avion du vol AH 5017 est bel et bien tombé en chute libre.
Je présente mes condoléances les plus attristées aux parents, amis et connaissances des victimes du crash du vol AH 5017 d’AIR ALGERIE.
Ousmane Traoré
Commandant de bord
Pilote de ligne à la retraite
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