Politique
Georges Tambeyaoré, militant du SYNATEB: « je fais l’objet de menaces et de persécution dans le cadre de mes activités »
Publié le mercredi 27 aout 2014 | Le Pays
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Le Burkina Faso est-il devenu un pays où la liberté n’existe plus ? La question mérite d’être posée, au regard de témoignages livrés depuis un certain temps dans les médias, par des personnes qui disent être victimes de persécution de divers ordres. C’est le cas aussi du « pauvre instituteur Georges Tambéyaoré», qui est venu se confier à nous. Lisez !
« Le Pays » : Pouvez-vous vous présenter et donner l’objet de votre visite?
Georges Tambéyaoré : Je me nomme Georges Tambéyaoré. Je suis instituteur depuis 15 ans et actuellement en poste à Koupèla. Je suis également un responsable du Syndicat national des travailleurs de l’éducation de base (SYNATEB). Je suis venu confier que le petit instituteur que je suis, fait curieusement partie des personnes qui craignent pour leur sécurité dans ce pays.
Vous dites être persécuté …
Oui. Je fais l’objet de menaces et de persécution, dans le cadre de mes activités syndicales. Je milite également dans un parti politique de l’opposition.
Pensez-vous que ces menaces sont dues à vos activités syndicales ?
Oui, sinon je ne comprends pas pourquoi on s’en prend à moi. Je ne suis pas particulièrement riche et les menaces dont je parle sont explicitement liées à mes activités.
Quelle est la nature de ces menaces ?
Elles sont multiples et multiformes. Je reçois régulièrement des SMS qui contiennent des mises en garde et des menaces.
Connaissez-vous l’identité de ces personnes ?
Ce sont des numéros de personnes que je ne connais pas et ce n’est jamais chaque fois la même personne ou, en tout cas, je crois. Et lorsque j’essaie de rappeler les numéros, soit les numéros ne passent plus, soit les correspondants ne décrochent pas.
A part ces menaces verbales, y a-t-il eu des actes matériels contre votre personne ?
Bien-sûr! Ma maison a été une fois visitée par des inconnus en mon absence. Rien n’a été emporté, même si mes effets ont été dérangés. Franchement, pour vous parler sincèrement, je crains pour ma sécurité.
Vous pensez que vos présumés persécuteurs pourraient aller plus loin ?
Vous savez, dans ce pays, plus rien n’est exclu. L’histoire de notre pays est assez édifiante. Je ne sais pas qui sont ces personnes. Mais si c’est à cause de la lutte que je mène au sein de mon syndicat, je ne serai pas étonné que ces gens aillent jusqu’à vouloir porter atteinte à mon intégrité physique, voire pire.
Vous craignez pour votre vie ?
Je ne peux pas dire le contraire, en ce moment précis.
Vos collègues syndicalistes sont-ils au courant ?
Oui. Ils suivent la situation.
Avez-vous saisi les autorités sécuritaires ?
J’ai posé plainte au commissariat de Sigh-Nonghin et l’enquête suit son cours.
Un dernier mot ?
J’appelle les autorités à redoubler d’efforts pour garantir la liberté d’expression et les libertés syndicales. Dans un Burkina qu’on dit Etat de droit, des responsables syndicaux ne doivent pas craindre pour leur vie. Si des journalistes parlent publiquement et que des menaces sont proférées contre eux, ce ne sont pas les instituteurs de brousse comme nous qui peuvent y échapper.
Propos recueillis par Paul KABORE (Collaborateur)
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