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Lutte contre les sachets plastiques : les emballages biodégradables,une alternative
Publié le mercredi 27 aout 2014  |  Sidwaya
Janvier
© Autre presse par DR
Janvier 2015 : date d’entrée en vigueur de l’interdiction d’importer et de commercialiser les sachets plastiques au Burkina.




Depuis des décennies, le Burkina Faso est confronté à une pollution due aux sachets et emballages plastiques, en raison de leur forte utilisation dans tous les secteurs d’activités. Mais l’adoption, le 20 mai 2014, de la loi portant interdiction d’importation, de production, de vente et d’utilisation des sachets et emballages plastiques semble avoir sonné le glas de ces emballages dont les conséquences sont multiples au plan environnemental.

Samedi 16 août 2014. Le grand marché de Gounghin, situé à proximité de l’avenue du Conseil de l’Entente à Ouagadougou grouille de monde. Il est 8 heures. A la criée, les commerçants tentent d’attirer d’éventuels clients. Avec un peu de tact, les plus habiles arrivent à convaincre les clients sur la qualité de leurs produits. «Madame, ce sont les plus belles tomates du marché», lance Bibata Sawadogo. Après quelques minutes d’échanges, elle réussit à «convaincre», Rahissa Ouédraogo, sa cliente. La quinquagénaire Awa Sawadogo se réjouit d’avoir fait une bonne affaire. Elle s’apprête à empocher la somme de 4000 F CFA. Mais tout tourne au vinaigre lorsqu’elle emballe les tomates dans un emballage plastique de couleur noir. «Quoi ? Voulez-vous que j’emporte ma marchandise dans un sachet noir ?», s’écrit-elle, visiblement en colère. Cette scène peu ordinaire attire des regards vers elles. Mais, après les gorges chaudes, les deux «parties» arrivent à trouver un accord : emballer la marchandise dans un sac en tissu. Cette scène peu ordinaire pose la problématique de l’utilisation des sachets plastiques. Au marché de Gounghin, un constat saute à l’œil : malgré le vote de la loi interdisant la vente et l’utilisation des sachets et emballages plastiques au Burkina Faso, la plupart des commerçantes et des clients ne semblent pas vouloir abandonner leur utilisation. Ignorance ou persistance ? A quelque 5 mètres du commerce de Awa Sawadogo, Limata Compaoré, qui depuis six années trouve sa pitance dans le commerce des légumes (oignons, choux, carottes...), s’est aussi spécialisée dans la vente des emballages plastiques. Ce commerce lui procure en moyenne 50 000 F CFA de bénéfice par mois. Elle ne compte pas l’abandonner de sitôt, même si elle aurait appris à travers les médias, dit-elle, l’illégalité de ce commerce. «La vente des sachets plastiques me permet de nourrir ma famille. Même si je dois l’abandonner, ce ne serait pas pour maintenant», explique-t-elle. Depuis le 20 mai, date d’adoption de la loi interdisant la production, l’importation, la commercialisation et la distribution des emballages et sachets plastiques non biodégradables, des promoteurs publics et privés se sont engagés à substituer les emballages plastiques à ceux biodégradables. C’est le cas de Mamadou Konaté. Promoteur de sachets biodégradables, il est également président de l’Association internationale des écocitoyens du Faso (AIEC-Faso). M. Konaté estime que tous les Burkinabè doivent être des acteurs du développement en s’engageant dans la lutte pour débarrasser le «pays des Hommes intègres» des sachets non biodégradables qui sont néfastes pour l’homme, les animaux et l’environnement. D’où son engagement à lutter contre leur utilisation par le biais du Projet production éco (PPE). «Dans le cadre de notre PPE, nous voulons vulgariser les emballages biodégradables. Cela passera par la formation de plus de 1000 jeunes dans le domaine afin que les emballages biodégradables soient accessibles à tous», dit-il, tout en saluant l’adoption de la loi interdisant la production, l’importation, la commercialisation et la distribution des emballages et sachets plastiques non biodégradables.

Vulgariser au plus vite les emballages biodégradables

Selon Mamadou Konaté, les emballages biodégradables en papier sont une alternative dans la lutte contre les sachets et emballages plastiques. «Les sachets ne sont ni prioritaires, ni indispensables dans la vie de l’homme. Mais, les gens pensent qu’ils ne peuvent pas s’en passer. Nous, nous y croyons. Nous savons tous que les inondations du 1er septembre 2009 ont été en partie causées par ces sachets qui avaient bouché les caniveaux», s’est-il indigné. C’est pourquoi, affirme-t-il, il compte mettre en place une grande unité de production industrielle qui pourra satisfaire les besoins des populations. Evariste Ouédraogo ne veut pas aussi rester en marge de la lutte contre la dégradation de la nature. Avant l’adoption de la loi, il s’est investi dans la fabrication d’emballage en papier cartonné. «Il faut que l’Etat nous subventionne afin que les populations puissent avoir ces emballages à moindre coût», souhaite-t-il.
Pour lutter contre la pollution qu’engendrent les déchets plastiques, il est nécessaire que tous les acteurs (producteurs, importateurs, revendeurs, décideurs, élus locaux, ONG et associations...) aient une compréhension du phénomène, dit Mariam Kafando, habitante de la commune rurale de Nagréongo, dans la province de
l’Oubritenga.
Elle a opté pour l’utilisation des sachets non biodégradables à cause de ses effets néfastes, de l’obstruction des caniveaux pouvant engendrer des inondations tout en favorisant la prolifération de microbes pathogènes et des moustiques, vecteurs du paludisme. «Les sachets plastiques ont causé la mort de plusieurs de nos animaux. Donc, j’ai vite compris qu’elle sont aussi un frein à notre développement», confie-t-elle. Pour éviter cela, elle invite les autorités en charge de l’environnement à prendre à bras-le-corps la problématique de la prolifération des sachets et emballages plastiques. Les déchets déjà générés de ces sachets, selon le ministre en charge de l’environnement, Salif Ouédraogo, seront broyés par des unités à implanter dans les différentes régions. Les déchets, une fois traités dans les régions, poursuit-il, seront acheminés à Ouagadougou pour être transformés en boules de plastiques qui seront revendues aux usines qui en utilisent. Abdoul Aziz Koala est acheteur de produits plastiques à l’ex-secteur n°22 de Ouagadougou (Tampouy). Depuis 2009, il est spécialisé dans l’achat et le broyage des matières plastiques. «Par jour, on collecte 2 à 4 tonnes de déchets plastiques. Nous achetons et nous broyons ces objets plastiques qui sont généralement utilisés pour la fabrication des seaux, chaises et bidons pour les revendre au Ghana. Par mois, 80 à 100 tonnes d’objets plastiques sont broyés et acheminés au Ghana pour leur transformation. Cette activité nous rapporte 10 millions F CFA», se réjouit-il. Cependant, il regrette que les Burkinabè n’aient pas encore compris que cette activité est un gagne-pain «sûr». «Nous n’avons pas de clients au Burkina Faso. Nous achetons le kilogramme à 100 FCFA et même jusqu’à 200 FCFA, selon la qualité de la matière plastique. Si on avait les moyens, on allait transformer cette matière au Burkina Faso, et la revendre ici. Ce qui nous évitera le coût élevé que les Ghanéens nous propose après la transformation de ces plastiques qui sont revendus au Burkina Faso», soutient-il. «Nous avons assez de quantité de sachets dans la ville. Les usines à qui nous revendons refusent souvent nos emballages plastiques, tellement ceux qui les collectent en ville nous les renvoient en très grande quantité», affirme M. Koala tout en clamant haut, le caractère nocif des sachets plastiques pour l’environnement et les hommes. Face à cette situation, le secrétaire général de l’Organisation nationale des commerçants du Burkina (ONACOMB), Mahmadou Sanfo, même s’il reconnaît qu’à la l’adoption de la loi, lui et ses pairs étaient opposés, souhaite que l’Etat multiplie les campagnes de sensibilisation afin que les commerçants abandonnent progressivement cette activité lucrative. «Il faut que l’Etat nous donne un peu de temps pour écouler nos produits. Car, tout changement ne se fait pas facilement. Plusieurs commerçants ont des stocks de ces produits. En plus, il nourrit assez de familles au Burkina Faso. Donc, l’abandonner du jour au lendemain, n’est pas une chose vr­aiment aisée», explique M. Sanfo. Même son de cloche chez le président de la section du Kadiogo de l’ONACOMB, Moussa Dabo qui pense que seule la sensibilisation peut amener les importateurs, les producteurs et les consommateurs à utiliser les sachets biodégradables.


Abdel Aziz NABALOUM
emirathe@yahoo.fr
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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