Politique
Démission de Mohamed Traoré pour le CDP : le MPP content de s’être débarrassé d’une taupe
Publié le mercredi 27 aout 2014 | Le Quotidien
© aOuaga.com par Séni Dabo
MPP : les jeunes rencontrent le président du parti Samedi 22 mars 2014. Ouagadougou. Maison du peuple. Les jeunes du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) ont tenu une assemblée générale à l`issue de laquelle ils ont rencontré le président du parti, Roch Marc Christian Kaboré. Photo : Abdoulaye Mossé, secrétaire chargé de la jeunesse du MPP |
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Suite à la démission de Mohamed Traoré du Mouvement du peuple pour le progrès, nous avons rencontré le secrétaire général du parti de Roch Marc Christian Kaboré, Clément P. Sawadogo, et le responsable national de la jeunesse, Abdoulaye Mossé, pour avoir la version du parti. Pour les deux ténors du MPP, Mohamed Traoré n’est ni plus ni moins qu’un infiltré du CDP. Son départ est vu comme un salut. Par ailleurs,
le secrétaire général du parti a soutenu qu’il n’y a aucun problème au sein du parti.
Abdoulaye Mossé, responsable national de la jeunesse du MPP
« C’est un infiltré qui est venu de la FEDAP-BC »
Le Quotidien: Est-ce qu’au niveau du MPP vous confirmez la démission de Mohamed
Traoré ?
Abdoulaye Mossé, responsable national de la jeunesse du MPP: Effectivement, nous avons reçu la lettre de démission de Mohamed Traoré. Dans la lettre, il a évoqué des motifs personnels. Il n’a pas parlé de dysfonctionnements au sein du parti. Quand on parle de 300 militants qui ont démissionné du parti, nous le récusons parce qu’ils ne sont pas reconnus par nos structures et ne disposent pas de la carte du parti. S’il y a autant de démissionnaires, que l’on nous présente leur liste avec les différentes responsabilités qu’ils occupaient. Pour le moment, nous reconnaissons la seule démission de Mohamed Traoré.
Ne craignez-vous pas que ces démissions affectent négativement la vie du parti ?
Nullement. D’ailleurs, si la direction du parti veut même faire certaines confidences, elle vous dira que la jeunesse du parti avait émis des réserves par rapport à la personne de Mohamed Traoré. Dans un passé récent, nul ne prévoyait que Mohamed Traoré pouvait s’engager au MPP. Nous le disons parce que nous avons été ensemble au sein du CDP. Au niveau de la société civile, il peut se vanter d’avoir été le président du Conseil régional des jeunes. Mais, il faut juste dire qu’il a été élu au titre d’une structure, le Mouvement des associations de la ville de Ouagadougou dont je suis le président. Mohamed Traoré ne peut donc pas se prévaloir de cela, parce que je suis le président de ce mouvement. C’est nous qui avons fait son ascension au niveau de la société civile.
Au-delà des raisons personnelles évoquées, avez-vous senti venir le départ de Mohamed Traoré ?
Nous avons senti les choses venir parce que Mohamed Traoré était fourré dans les structures de François Compaoré. Vous savez qu’au sein du CDP, il y a une structure chargée des associations. Un parti ne peut pas avoir le monopole des associations pendant qu’il y a un ministère chargé de la jeunesse. Il faut laisser la société civile s’organiser. Mohamed était fourré dans les affaires de la FEDAP-BC. Pour vous donner un exemple, Mohamed Traoré, en décembre 2013, lors du renouvellement du conseil régional de la jeunesse, a décidé que l’association qui l’avait porté au sein du conseil ne pouvait pas participer à l’élection. Pourtant, le MAVO est membre fondateur du Conseil régional de la jeunesse. A ce titre, il devait participer selon les textes à l’élection. C’est une semaine après que Mohamed Traoré, a déposé ses valises au MPP et nous l’avons accepté. Au niveau de la jeunesse du MPP, nous avons refusé à ce qu’il nous conduise en bateau. Les intentions de Mohamed Traoré étaient de créer une structure chargée des associations au niveau du MPP à l’instar de celle du CDP. Notre parti a été clair parce que nous ne pouvons pas diriger des structures apolitiques. Au sein du secrétariat exécutif national du CDP, il y a un monsieur qui n’est autre que François Compaoré qui dirige les associations. Aujourd’hui, la jeunesse n’est pas indépendante quoi que l’on dise. On organise à tout moment des fora des jeunes avec le président du Faso, mais les questions sont téléguidées. Il est évident donc qu’au sein du MPP, il faut compter sur nos propres forces. L’intention de Mohamed Traoré était de venir occuper le poste des associations au sein du parti. Ce qui n’a pas marché. Sur sa page facebook, il n’a jamais relayé une activité du MPP. Nous le suivions de près. Nous étions bel et bien avertis parce que Mohamed Traoré n’est pas n’importe qui. Il est un infiltré qui est venu de la FEDAP-BC. Son mentor a été le secrétaire permanent des engagements nationaux, aujourd’hui directeur général de la Sonabel. Les activités de Mohamed Traoré étaient maintes fois soutenues par Jean-Christophe Ilboudo. Si d’autres personnes ne connaissaient pas Mohamed Traoré, au niveau de la jeunesse du MPP, nous savons qui il est en réalité. Nous étions sûrs que tôt ou tard qu’il allait partir. Par ailleurs, il n’y a aucune incidence sur la vie du parti avec le départ de Mohamed Traoré. Il est arrivé au bureau politique national contre la volonté des jeunes. Nous avons créé au niveau du parti le conseil national des jeunes. Mohamed Traoré n’a pas pu négocier une place au sein de cette structure. Nous sommes en train de valider les 3 responsables par province. Au niveau du Kadiogo, il n’a pas postulé parce qu’il sait qu’il ne peut pas passer. Même dans son propre arrondissement, Mohamed Traoré a été battu à plate couture. Cet individu perplexe a déjà démontré son inconstance en démissionnant du Conseil régional de la jeunesse auprès du gouverneur du Centre et à refaire volte-face. Les lettres existent. C’est dire que l’individu n’est pas un inconnu. Au niveau de la jeunesse, nous les avons identifiés.
On peut dire alors que le scénario a été bien monté…
Mohamed Traoré lui-même n’a pas le charisme et le cran pour s’adresser aux journalistes. C’est simplement un montage pour saper les actions du MPP au lendemain de la marche de l’opposition. Au niveau de la jeunesse du MPP, nous allons barrer la route à tous les manipulateurs. Nous vous invitons en tant que presse indépendante à vérifier le passé de ces personnes qui veulent se faire rois. Mohamed Traoré n’a jamais dirigé une structure du MPP. Donc sa démission ne peut pas affecter la vie du parti.
Clément P. Sawadogo, secrétaire général du MPP « Il n’y a pas de malaise au MPP »
Le Quotidien: C’est la deuxième démission au MPP. Est-ce que votre parti se porte bien, surtout qu’il se susurre qu’il y a des bisbilles au niveau de Bobo ?
Clément P. Sawadogo, secrétaire général du MPP: Non. Quand vous parlez de deuxième démission, certainement que vous faites allusion à celle de René Emile Kaboré. Ce qui n’en était pas une, parce qu’il n’avait pas adhéré au parti. Son ancien parti a fusionné avec le MPP et il est resté pratiquement dehors. On ne peut pas dire que c’était une démission. Il a fait seulement beaucoup de bruit. Pour cette fois, il s’agit de la démission d’une personne qui était pratiquement une taupe. Mohamed Traoré était au niveau de la structure des jeunes du MPP mais il a gardé des atomes crochus de son ancien groupe qu’est le CDP. On ne pouvait pas vraiment lui faire entièrement confiance ce d’autant plus qu’il n’apportait pas grand-chose en terme de mobilisation. L’intéressé était dans le bureau politique national, mais n’avait aucun poste concret au sein du parti. Pour ce qui est des dissensions au niveau de Bobo, cela n’est pas grave. Il n’y a pas un seul parti, surtout au niveau des grands partis, où il n’existe pas de bisbilles. Il y a un engouement de telle sorte que chacun veut être responsable. Ce sont des guerres de positionnements personnels ou de groupe. Tout compte fait, on s’est rendu compte que ce sont des difficultés passagères. Il n’y a pas de gros problèmes dans la vie du parti ou dans la mise en place des structures du parti.
Y a-t-il un malaise au sein du MPP surtout que l’on parle 316 démissions, de guerres de clans, de clientélisme et de manque de démocratie ?
On ne peut pas prendre au sérieux ce genre de déclarations. Il n’y a pas de malaise au MPP. Tout cela fait partie du scénario orchestré par un groupe bien précis que nous connaissons très bien. C’est d’abord la presse que nous qualifions de poubelle qui a commencé à parler de fissures au sein du MPP. On attend toujours ces fissures que l’on ne voit pas. Le MPP se porte à merveille. On dit tantôt qu’entre les premiers responsables, il y a des dissensions. On n’a observé ces dissensions nulle part. On instrumentalise un jeune qui dit qu’il est sorti avec 300 militants. Où sont-ils ? Il suffit que l’on dresse une liste de militants du CDP que l’on lui prête et le tour est joué. Nous n’avons aucun questionnement sur la santé du parti. Nous avons observé une pause pour ce qui concerne les activités d’éclat pour nous consacrer véritablement à la mise en place de nos structures de base. Un parti fort se mesure à l’aune de ses structures de base. Si le parti fait du bruit et qu’il n’y a rien en bas, cela ne sert à rien. C’est pour cela que nous avons mis tous nos efforts pour cette opération qui va finir en septembre. Vous verrez ce que nous allons faire à la rentrée.
Le MPP est membre du CFOP. Il y a une personne que l’on voit rarement s’afficher avec le CFOP. C’est Salif Diallo. Y a-t-il un problème ? On raconte aussi que c’est un homme qui aime imposer ses points de vue.
Salif Diallo ne réside pas permanemment au Burkina. Voilà la raison. Tout le monde sait qu’il est beaucoup plus souvent au Niger. Il exécute des missions dans le cadre du travail qu’il fait. Quand il vient au Burkina, nous travaillons ensemble et il repart. Il n’y a aucun mystère dans le fait qu’il ne soit pas souvent là dans nos activités. Est-ce qu’il aime imposer ses points de vue ? Non. Salif Diallo n’est pas un inconnu de nous qui sommes des anciens camarades ou même de la scène politique. On sait ce dont il est capable. C’est un homme énergique. On connait son tempérament.
Quelle sera votre riposte ?
Il n’y a aucune riposte. Laissez les rumeurs s’estomper d’elles-mêmes. C’est la meilleure manière de répondre à ces insanités.
Propos recueillis par Raogo Hermann OUEDRAOGO
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