Politique
«Hommes forts, institutions fortes…» : comprenons-nous bien ?
Publié le mardi 26 aout 2014 | L`Observateur Paalga
© Présidence par DR
Forum des affaires du Burkina à Washington : les participants tirent un bilan positif Vendredi 8 août 2014. Washington. Les participants au Forum des affaires du Burkina ont fait un bilan positif de l`activité au président du Faso, Blaise Compaoré |
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La déclaration : «Il n’y a pas d’Institutions fortes sans hommes forts» du président Blaise Compaoré, répondant à des journalistes en marge du sommet Etats-Unis/Afrique du 5 août 2014, n’a pas échappé à Tagdi Mayor, observateur bien avisé de la scène politique nationale. Il propose à travers cet écrit qu’il a fait parvenir à notre Rédaction sa compréhension de cette assertion présidentielle.
1- L'encre a coulé sur du papier, des gorges chaudes se sont manifestées ces dernières semaines à Ouagadougou, au Burkina et ailleurs au sujet de la déclaration du Président Blaise Compaoré aux Etats-Unis d'Amérique soulignant qu'il n'y a pas d'Institutions fortes sans hommes forts....
2- Hors contexte, cette affirmation n'a rien d'odieux; bien au contraire, elle se présente sous le sceau d'une logique naturelle, implacable. En effet, personne ne cherchera à nous démontrer que les institutions fortes existant de par le monde sont le fait de minables personnes ! Nous savons tous que les Institutions fortes des USA sont le produit du peuple américain regorgeant d'hommes lucides, courageux, travailleurs, d'hommes forts qui se sont illustrés tout au long de leur histoire jusqu'à Obama, lui-même homme éminemment fort de l'Amérique.
3. Mais il y a le contexte, bien sûr me dira-t-on. Le contexte est celui qui présente la déclaration du président Compaoré comme une réponse, une réplique qualifiée de cinglante au président Obama qui jadis s'est exclamé que l'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts mais d’institutions fortes...
4. L'on n'a pas souvenance que cette exclamation «obaméenne» ait fait l'objet d'une vive réaction africaine ou burkinabè au sens d'un refus ou d'un rejet comme cette autre réaction à l'encontre des envolées sarkozyennes de l'époque. Est-ce à dire que l'Afrique avait donc avalisé à 100% le cri du cœur du président Obama ?
5. Sans remettre en cause ou même en débat la déclaration du président Obama, celle du président Compaoré y apporte une nuance non anodine bien compréhensible, surtout en Afrique. Peuvent-elles alors être considérées comme complémentaires ? Les avis semblent partagés !
D'aucuns estiment qu'elles sont même conflictuelles et que cela est arrivé tout simplement parce que Compaoré n'a rien compris à la prose d’Obama. Des efforts de clarification sont intervenus donc, faisant le distinguo entre certaines célébrités politiques africaines, entre hommes forts et hommes grands, etc. Tout cela est très louable mais la question paraît encore inépuisée pour autant. En effet, qui, en fait, le président Obama désigne-t-il par "Hommes forts" en Afrique?
6. Comprenons-nous bien !
En opposant "hommes forts" à "institution fortes" en Afrique, l'auteur revient manifestement au dualisme "Autoritarisme et Démocratie", ou "Dictature et Etat de droit". Conséquemment, le terme "Hommes forts" arbore ici une connotation péjorative, négative, les "hommes forts" "transgressant, empêchant et ou anéantissant allègrement la démocratie et l'Etat de droit, habitacle des institutions fortes".
7. N'allons pas chercher ces définitions dans les annales de sciences politiques. Nous les retrouvons plus aisément dans les colonnes de la presse nationale et internationales, dans les médias en général.
A ce niveau, "l'homme fort" le plus connu et le plus courant est celui qui réussit un coup d'Etat ; général, colonel, commandant, capitaine, etc. La forfaiture accomplie, les journaux, les radios du monde le désignent unanimement comme "l'homme fort de tel ou tel pays" ; "le nouvel homme fort"...
Evidemment quand cet "homme fort" apparaît, la démocratie et l'Etat de droit prennent la tangente avec ce qu'elles renferment de libertés publiques, de droits des individus et des groupements d’individus.
Mais les faiseurs de coups d'Etat ne sont pas les seuls "hommes forts". Il y a tous les dictateurs du monde qui se moquent des lois et règlements de leurs pays et qui méprisent les intérêts légitimes des citoyens.
8. Dans ces conditions et circonstances, nous pouvons pleinement convenir que l'Afrique a plus besoin "d'institutions fortes" que "d'hommes forts" nuisibles à l'existence des individus et des communautés. Et du reste, cela est applicable à toute la terre.
Peut-être qu'un jour dans une de ses boutades bien appréciées, SEM le représentant en chef des Etats-Unis dans notre pays nous dira bien si cela est proche de l'opinion du président Obama.
Tagdi Mayor
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