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Charbon de bois : la carbonisation en meules casamançaise et ivoirienne
Publié le mardi 26 aout 2014  |  Sidwaya
Le
© Autre presse par DR
Le charbon de bois




Le charbon de bois est un combustible dont la fabrication d’une quantité donnée nécessite la carbonisation d’un nombre plus important de bois. Le charbon, perçu par les forestiers comme étant un gâchis pour un pays sahélien, sa production est étroitement contrôlée. De la carbonisation par la meule casamançaise à la méthode ivoirienne, d’un site à l’autre, chaque charbonnier travaille selon sa convenance.


Régulièrement utilisé dans les familles pour la cuisson, dans les rues et restaurants pour le commerce de certains aliments, le charbon de bois est un combustible dont la production d’une certaine quantité implique une utilisation plus importante de bois. Chose qui, pour les forestiers, est du gâchis dans un pays sahélien comme le Burkina Faso. Cependant, comme l’explique le Directeur provincial de l’environnement et du développement durable (DPEDD), Robert Somé, «Le problème de disponibilité régulière de bois mort également difficile à transporter, justifie la carbonisation». C’est ainsi que dans la province du Houet, sur 13 départements, seuls Bobo-Dioulasso et Karangasso-Vigué possèdent des sites de production de charbon. Dans le village de Sogossagasso, ce dimanche 27 juillet 2014, Inoussa Bado surveille sa meule (son tas de bois destiné à faire du charbon de bois) qu’il vient de constituer. Pour la production de son charbon, il utilise la technique appelée carbonisation en meule casamançaise, nous apprend-il. C’est une technique simple mais délicate, une sorte de construction de case où le bois est entassé jusqu’à 2 mètres de hauteur. La meule a un trou en cercle qui est la chambre d’allumage, et dont le diamètre est fonction de la quantité de charbon à produire. Elle a également des cheminées tout autour pour permettre à la fumée de sortir et est recouverte de paille et de terre. Pour l’allumer, on jette des brindilles enflammées dans la chambre d’allumage qui est ensuite remplie de cailloux. La chambre est enfin fermée avec de la terre. Selon le charbonnier Inoussa Bado, le feu va rapidement remonter vers le haut et le charbon sera produit du haut vers le bas. En cinq jours, nous apprend-il, le processus de carbonisation prend fin et d’une fumée blanche, on passe à une fumée noire, signe que le charbon est prêt à être utilisé.
A quelques kilomètres de là, Boubacar Pargo auparavant charbonnier en Côte d’Ivoire, utilise une méthode ivoirienne. Celle-ci prend plus de temps, soit deux à trois semaines pour la carbonisation qui se fait du bas vers le haut parce que le tas ne contient pas d’orifice comme le précédent. La carbonisation, de l’avis de Boubacar Pargo, est un travail fastidieux. Dès que le feu est allumé, il faut suivre minutieusement la progression. «Il faut surveiller le trou d’entrée d’air pour activer le feu. Si le feu est trop, il faut diminuer le trou d’air pour permettre au bois de mieux brûler et se transformer en charbon», a-t-il expliqué. Selon lui, le travail préparatoire de la carbonisation nécessite la mobilisation de plusieurs personnes et plusieurs jours de travail. Il consiste à transporter le bois avec des charrettes sur le lieu de carbonisation, à le disposer les uns sur les autres, jusqu’à une hauteur de deux mètres, et à le recouvrir de feuilles et de plusieurs couches de terre. D’un de ses tas de charbon dont il vient de récupérer le produit fini, Boubacar Pargo a obtenu, selon ses dires, une centaine de sacs de 100 kg de charbon. Le coût de transport de chaque sac de charbon par les camions, varie entre 750 F CFA et 1 000 F CFA. A Bobo-Dioulasso, les sacs de charbon sont vendus à 3 750 F aux grossistes et à 4000 ou 4 500 F CFA aux détaillants. Un prix qui avoisine même 5 000 F CFA et plus pendant la saison des pluies : août, septembre, octobre où la demande est plus forte, note-t-il.
A ce jour, la province du Houet comprend 163 grossistes transporteurs et 527 détaillants de charbon. Des chiffres qui sont régulièrement en évolution. Ces acteurs sont, de l’avis du directeur provincial de l’environnement et du développement durable, Robert Somé, des partenaires avec lesquels ils travaillent. Cependant, la confiance n’excluant pas le contrôle, des vérifications de routine de façon visible avec positionnement de pancartes, sont effectuées à des périodes données par les forces de l’ordre. Des contrôles inopinés interviennent également pour détecter les exploitants indélicats, non reconnus. Ce qui ne manque pas, affirme-t-il. Et ceux qui exercent dans l’illégalité sont de trois catégories. Il y a, selon le directeur provincial, ceux qui déclarent ne pas être au courant des textes et ceux qui s’y connaissent, mais cherchent à les contourner. A la différence des deux catégories qui l’exercent à but lucratif, le cas de la troisième est sensible. Il s’agit généralement de personnes qui ne cherchent que le minimum pour se nourrir, en se fondant sur l’argument qui dit que les produits forestiers appartiennent à tout le monde et à personne à la fois. C’est pourquoi selon M. Somé, les interpellés sont soigneusement écoutés et questionnés pour détecter leur catégorie. S’il se trouve que c’est quelqu’un qui connaît et qui fait semblant, il est sanctionné. Ces sanctions vont des travaux d’intérêts communs (nettoyer une place pour faire des pépinières, nettoyer une plantation) à des amendes à partir de 25 000 F CFA. Les contrôles opérés par les services techniques visent également à protéger la flore et à éviter la destruction totale de la brousse. Robert Somé conseille le renouvellement des ressources détruites par des plantations responsables d’arbres. «Nous devons nous approprier l’arbre que nous plantons, en y mettant tous les moyens nécessaires afin de le voir grandir», a-t-il noté.


Du charbon avec du bois vert, c’est possible !


Dans la région des Hauts-Bassins, il n’existe qu’un seul chantier aménagé pour produire du charbon avec du bois vert de façon réglementaire. Il se situe à Samendéni, parce que cette zone dispose d’un potentiel ligneux important incompatible avec le barrage en construction. «Nous sommes allés sur le site parce qu’il y a la disponibilité de bois, et nous ne voulons pas le perdre. Et pourtant, si nous ne l’enlevons pas, l’eau va l’inonder et cela va détériorer la qualité de l’eau», a expliqué le chef de la cellule valorisation du bois de défriche du barrage de Samendéni, Moussa Sidibé. Sur le site, le potentiel ligneux est estimé à 12 000 hectares. Son déboisement a commencé en février 2013 et ses activités de valorisation en novembre de la même année. Le déboisement est accompagné du marquage de l’espèce de bois et sa destination. En effet, il existe le bois d’œuvre pour les planches et les chevrons, le bois de service pour les perches et les fourches, le bois de chauffe et le bois de carbonisation. Une fois coupés, les arbres sont disposés selon leur genre. Ils sont ensuite enlevés de la cuvette par les grossistes transporteurs et stockés sur les aires d’entreposage, sauf ceux destinés à la carbonisation qui sont transportés sur place par les charbonniers. 9 mois après le début des travaux, 60 % des bois ont été coupés, soit environ 8 000 hectares. 50 000 quintaux de charbon ont été produits (1 sac de charbon de 100 kg = 1 quintal) et plus de 60 000 000 F CFA de recettes ont été engrangés et répartis entre le Trésor public et le Fonds de roulement des collectivités. Les prélèvements pour le Trésor sont des taxes de 250 F CFA par sac de charbon et 300 F CFA par sac pour la «circulation».
Pour les collectivités, les montants sont fixés. Ainsi, les collectivités se retrouvent à près de 45 000 000 F CFA et le Trésor public à 15 000 000 F CFA. Le nombre de charbonniers qui y travaillent est variable. Selon le chef de la cellule valorisation du bois de défriche du barrage de Samendéni, Moussa Sidibé, ce nombre s’élevait à près de 200 équipes en fin décembre 2013. En mars 2014, le nombre s’est réduit à une cinquantaine d’équipes parce que beaucoup étaient repartis pour préparer la campagne agricole. Lors de leur dernière évaluation en juin 2014, il y avait 70 équipes. Au démarrage des travaux, ils ont privilégié, a-t-il expliqué, les populations riveraines dans le recrutement des charbonniers. Du fait que le nombre voulu n’était pas atteint avec ces derniers, on a fait appel à l’Association des charbonniers de Bobo-Dioulasso qui a fourni d’autres charbonniers pour le site.

La technique de carbonisation privilégiée ici est la technique de production à la meule casamançaise qui vient du Sénégal. Les six comités de gestion forestiers des communes riveraines autour du barrage ont d’ailleurs été formés à cette technique.
En plus de cette technique, les populations utilisent également la carbonisation en fosse qui consiste à creuser des trous pour la production du charbon. Cette technique, de l’avis de Moussa Sidibé, est interdite au Burkina Faso parce qu’elle détériore l’environnement, mais est autorisée sur le site de Samendéni, parce que ce dernier est sous contrôle. La technique ivoirienne est aussi utilisée sur le même site.

Wurotèda Ibrahima SANOU
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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