Le ministre malien des Affaires étrangères, Tiéman Coulibaly, a atterri, hier 3 décembre 2012, dans la capitale burkinabè. Reçu dans la foulée en audience à Kosyam, le chef de la diplomatie malienne doit prendre part aujourd’hui mardi 4 décembre 2012 à des pourparlers avec deux groupes armés présents au Nord-Mali : les indépendantistes du MNLA et les islamistes d'Ansar Dine. L’on se rappelle que lors de ce qui semblait être une prise de contact entre le médiateur de la CEDEAO dans la crise malienne, Blaise Compaoré, et les deux groupes armés maliens en vue de baliser le terrain, le ministre Tiéman Coulibaly avait fait également le déplacement à Ouagadougou sans prendre une part active aux discussions. Cette fois-ci, il y entre pleinement.
Certes, il est trop tôt pour savoir ce qui va sortir de cette rencontre, au cours de laquelle le président du Faso devrait proposer à ses hôtes une cessation complète des hostilités entre partie malienne et mouvements armés, en contrepartie de quoi les acteurs doivent accepter la réunification du territoire et la renonciation à la charia, les différentes parties devant s’accorder ensuite sur un agenda politique de négociations. Mais force est de reconnaître qu’elle se tient dans un contexte international caractérisé par une espèce de guerre à reculons pour reprendre l’expression de notre confrère Jeune Afrique, car les menaces d’intervention semblent avoir cédé la place à une débandade de la communauté internationale.
A la suite du «monsieur Sahel» des Nations unies, entendez par là l’émissaire de l’ONU pour le Sahel, Romano Prodi, qui avait affirmé que l’intervention militaire dans le Sahélistan malien n’aurait manifestement pas lieu avant septembre 2013, le SG de l’Organisation, Ban Ki Moon, himself, avait douché les espoirs de ceux qui croyaient en l’imminence de cette intervention. Ils auraient voulu laisser les Maliens à leur triste sort qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement, apportant ainsi de l’eau au moulin du médiateur, Blaise Compaoré.
Cependant, si l’utilisation de la force semble reportée aux calendes maliennes, les résultats des négociations sont aussi pour le moins aléatoires parce que, comme on le sait, un certain nombre de préalables sont d’abord à garantir :
il s’agit notamment pour Ansar Dine de couper le cordon ombilical qui le lie à AQMI et de renoncer à l’application de la Charia. Si pour le premier préalable, Iyad Ag Ghali semble être disposé, fût-ce du bout des lèvres, à lâcher du lest, pour ce qui est de la loi islamique par contre, il freine encore des quatre fers ; quant au MNLA, qui revendique l’indépendance de l’Azawad, il semble finalement être le plus commode des groupuscules qui sévissent au Nord-Mali, cela, d’autant plus que sa position militaire s’est réduite comme peau de chagrin.
Il faudra donc que Blaise joue au funambule politico-diplomatique pour pouvoir accorder des desseins aussi contraires, surtout que, pour les autorités légitimes maliennes, il est deux choses non négociables : l’intégrité du territoire et le caractère laïc de la République. Avec le recul, Blaise Compaoré semble avoir mangé son pain blanc, le premier dans les nombreuses médiations qu’il a menées, qu’il s’agisse de la Côte d’Ivoire, du Togo ou de la Guinée…, car, là il était question de simple choc d’ambitions politiques sans coloration sécessionniste encore moins confessionnelle.
Pour tout dire, il s’est attaqué à un morceau autrement plus dur, et bien malin qui peut en prédire l’issue.