Le dimanche 2 décembre 2012, les Burkinabé avaient rendez-vous avec l’histoire : l’accomplissement de leur devoir civique dans le cadre des premières élections couplées de l’histoire du pays. Comme il fallait s’y attendre, les difficultés n’ont pas manqué.
Les femmes n’ont pas voulu rater ce rendez-vous historique. Dès 5 heures, elles ont pris d’assaut les bureaux de vote pour accomplir leur devoir citoyen. Etaient de celles-ci, Kiemdé Béatrice, élève en terminale. Son cahier de cours en main, elle a suspendu « la bosse » pour venir voter. Le vote n’est rien d’autre pour elle que l’expression de sa liberté. Et pour une première participation, elle pense qu’elle contribue à la gestion de la cité par cet acte. Sur les 19 bureaux de vote que nous avons visités dans les arrondissements 4 et 5, la mobilisation était moyenne. Dès les premières heures, seulement une dizaine d’électeurs étaient dans les rangs pour voter. C’est le soir, à quelques heures de la fermeture des bureaux de vote que l’affluence s’est intensifiée.
A l’arrondissement 5, il y a eu quelques difficultés organisationnelles. Des agents de bureau de vote nous ont confié qu’ils ont été convoqués à la mairie de Bogodogo le 1er décembre de 8h à 22h pour le retrait du matériel électoral. Aucun dispositif n’ayant été prévu pour le transport de ce matériel sur les lieux de vote, les agents ont dû le faire eux-mêmes avec tous les risques possibles. Autre problème, il y a eu la défection de certains agents de bureau de vote le jour des élections. Au bureau de vote N°1 de l’arrondissement 5, le président a pris ses responsabilités. Il a coopté un électeur pour palier l’absence d’un agent du bureau, après avoir posé le problème à la commission électorale communale indépendante sans suite. Il a des inquiétudes quant à la rémunération de cet agent.
Lors de notre passage, nous avons surpris une femme qui a voté et qui ne voulait pas tremper son doigt dans l’encre indélébile. Aussi, avons-nous remarqué que beaucoup de personnes ne savaient pas voter. Malgré la présence des agents des bureaux de vote, certains électeurs ont pu voter sans tremper leur doigt dans l’encre indélébile. Seuls le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et l’Union pour le changement (UPC) étaient représentés dans tous les bureaux de vote que nous avons sillonnés.
Dans les bureaux de vote de l’arrondissement 4, beaucoup d’électeurs ont voté après 18h. Ils sont venus une heure avant la clôture du scrutin mais n’avaient pas retrouvé leur nom sur les listes de leurs bureaux de vote. Il y a eu des insuffisances dans l’organisation et le déroulement du scrutin du 02 décembre. Pour une première élection couplée avec plus 70% d’électeurs non instruits, ces difficultés étaient somme toute prévisibles.
Toutefois, celles-ci, de notre point de vue, n’entachent en rien la régularité du scrutin. La CENI qui a reconnu les différentes difficultés en tirera certainement toutes les leçons pour les échéances à venir. La biométrie a été réclamée par toute la classe politique. Aux uns et aux autres d’accepter maintenant les résultats qui sortiront des urnes.