Les premières élections législatives et municipales couplées du Burkina ont eu lieu ce 02 décembre 2012. Les résultats sont attendus au plus tard le 07 décembre selon le président de la CENI. En attendant, les supputations vont bon train sur les résultats provisoires. Pour parer à toute éventualité, l’union des jeunes avocats du Burkina en partenariat avec la CENI, le PNUD et l’ambassade des USA au Burkina a lancé une campagne dénommée « Non à la violence » ce 03 décembre 2012 à Ouagadougou. Objectif : préparer les différents acteurs du processus électoral à l’acceptation des résultats proclamés par les institutions habilitées, ou à défaut, de faire recours à la justice pour les éventuelles contestations.
Une étape importante du processus a été franchie (administration des scrutins et dépouillement des votes) ce dimanche 02 décembre. La CENI s’attèle à l’examen des procès verbaux et des autres documents électoraux que les centres provinciaux de traitement ont commencé à acheminer au siège de l’institution électorale depuis ce 03 décembre. Cette opération aboutira à la proclamation des résultats provisoires et à l’ouverture du contentieux électoral. C’est à l’issue du traitement du contentieux par les juridictions compétentes que les résultats définitifs pourront être proclamés. C’est dire que la phase actuelle reste aussi fragile que celles précédentes et pourrait être porteuse de germes de division si les positions des différents acteurs ne convergent pas vers l’acceptation des résultats.
C’est donc pour préparer les acteurs en compétition à l’acceptation de ces résultats que l’Union des jeunes avocats du Burkina (UJAB) en partenariat avec la CENI, le PNUD et l’ambassade des Etats-Unis au Burkina, a lancé officiellement la campagne « Non à la violence » ce 03 décembre. Pendant un mois, cette campagne se déroulera sous forme de plaidoyers auprès des leaders politiques en lice aux élections législatives et municipales. Des émissions de sensibilisation seront animées dans les médias et des affiches déployées dans les 45 provinces et dans les grandes villes du Burkina. L’objectif essentiel est de parvenir à convaincre les acteurs politiques à faire usage de moyens pacifiques et réguliers en cas de contestations des résultats. Le code électoral prévoit à ses articles 194, 195, 260 et 261, les voies de recours contre la régularité du scrutin et du dépouillement. Ce recours peut être formé devant le conseil constitutionnel pour les élections législatives et devant le tribunal administratif pour les municipales.
« L’usage de ces voies de recours devra éviter la survenue de graves crises dommageables au processus démocratique voire au développement économique de notre pays », souligne Me Barthélémy Kéré, président de la CENI. Puis s’adressant aux journalistes, il lance : « nous attendons de vous, une forte implication dans la mise en œuvre de cette campagne afin que le message soit porté à la connaissance des acteurs politiques et les populations des villes et des campagnes. L’issue apaisée de ces élections est un défi que nous devons ensemble travailler à relever afin de conforter le processus de démocratisation du Burkina ».
L’Union des jeunes avocats est intervenue depuis le début de cette élection, soit pour sensibiliser les citoyens à aller voter, soit pour les observations. Maintenant, elle appelle les uns et les autres à respecter le verdict des urnes. « Et une fois que vous avez des éléments de contestation contre le verdict des urnes, c’est de recourir aux voix institutionnelles qui sont prévues pour vous faire rendre justice. Ça ne sert à rien de prendre la rue, ça ne sert à rien d’inciter les gens à poser des actes vandalisme. Le Burkina ne se limite pas à ces élections. Il faut que en tant que démocrates, nous acceptions les résultats et aller de l’avant », soutient Pierre Lassané Yanogo, président de l’union des jeunes avocats du Burkina.
Mais pourquoi avoir attendu la fin du scrutin avant de lancer cette campagne qui aurait pu permettre d’éviter les actes de vandalisme observés à Banfora. Le président de l’UJAB évoque trois raisons : « nos partenaires n’étaient pas tous mobilisés au moment où nous les voulions », « nous risquions d’être inondés par la campagne des partis politiques qui appelaient les gens à aller voter », « c’est après les élections, dans la phase d’attente des résultats que les problèmes pouvaient se poser », « une fois la campagne des partis politiques est terminée, notre campagne sera la seule sur le terrain pour appeler à un apaisement »…
Même si en ces temps-ci, la justice burkinabè a mal à sa crédibilité, elle demeure la voie la mieux indiquée pour résoudre les contradictions des acteurs politiques. D’ailleurs, « je ne vois pas d’autres moyens pour résoudre nos contradictions si ce n’est la justice », lance le président de l’union des jeunes avocats du Burkina qui compte ainsi apporter sa contribution à la consolidation d’un Burkina de paix.