Caricature et dessin de presse : la source d’inspiration de Timpous #aOuaga

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Caricature et dessin de presse : la source d’inspiration de Timpous

Publié le jeudi 14 aout 2014 | Le Quotidien

Timpousga Kaboré, plus connu sous le pseudonyme de Timpous, est un caricaturiste et dessinateur de presse burkinabè. Nanti d’un certificat de peinture artistique, obtenu en 1980, à Abengourou, en Côte d’Ivoire, il a d’abord exercé sur les bords de la lagune ébrié avant de rejoindre la terre de ses ancêtres, la Haute-Volta, devenue Burkina Faso. Une fois au bercail, Timpousga Kaboré collabore avec de nombreux journaux. Toute chose qui lui a valu des lauriers. On notera également qu’il a fait un bref passage aux éditions Sidwaya où il croisa sur son chemin un certain Norbert Zongo. Très vite, s’installe une complicité entre les deux hommes. C’est d’ailleurs ce qui va les éloigner du quotidien d’Etat Sidwaya vers d’autres cieux. Ainsi, ils déposèrent leurs valises au journal La Clé. Cette aventure sera éphémère, car Norbert Zongo et Timpous étaient unis par le don de soi,le désir d’entreprendre et de conscientiser les populations. Au moment où Norbert Zongo lance L’Indépendant, il est rejoint par Timpous. Là-bas, celui-ci se charge de la caricature, à la Une, de cet hebdomadaire, jusqu’à ce jour fatidique du 13 décembre 1998 où Norbert Zongo trouva la mort sur la route de Sapouy. Portrait d’un caricaturiste aux multiples talents.
« J’ai commencé le dessin depuis le bas âge, depuis le CP1. Le maître me faisait dessiner sur le tableau et le lendemain, il faisait ses cours à l’aide de ces dessins. Les gens disent que ceux qui dessinent bien sont les derniers en classe, mais je ne pense pas que cela est vrai, parce que le dessin est un don. Tout part du dessin, même votre maison est partie d’un dessin. L’avion, avant sa conception est parti d’un dessin. Le début du dessin en Afrique, surtout au Burkina Faso, était mal perçu. C’était comme le foot, à une certaine époque. Avant, quand tu jouais au ballon, les parents te donnaient des coups de fessée », explique Timpous. « Mais aujourd’hui, grâce aux talentueux footballeurs, comme Eto’o et Drogba, chacun veut que son enfant leur ressemble et certains même achètent des ballons pour leurs fils », ajoute Timpous d’un air décontracté. Entre la caricature et Timpous, c’est une histoire d’amour. Comme les « amoureux du ballon rond », Timpous dit adopter le crayon comme un ballon. « Le crayon devient actuellement comme le foot, parce qu’en Europe, la caricature est bien développée. Surtout comme dans de grands journaux comme Le Monde », a-t-il constaté avant d’ajouter : « Le dessin est en train de prendre de l’ampleur au Burkina Faso, depuis les années 90. Nous sommes l’un des premiers dans le dessin ici et je suis fier de constater qu’il y a des talents qui émergent. Au Burkina Faso, il n’y a pas d’école de formation pour le dessin comme l’Institut national des arts d’Abidjan pour perfectionner les gens dans les différentes techniques ».

La caricature, un art

Le diplôme en peinture de Timpous lui a ouvert des portes et c’est à ce titre qu’il a été un des talentueux dans son domaine. « Donc, je ne faisais que des piges pour des journaux tel que Fraternité Matin. C’est dans cette activité que j’ai rencontré des amis comme Jess Sah Bi, un grand dessinateur et musicien à la fois. Il m’a conseillé que si je rentrais au bercail, ça irait mieux là-bas. Je suis rentré en 1990 et j’ai commencé à Sidwaya comme caricaturiste. Et cela émerveillait le public, surtout le sourire du jour », a-t-il fait remarquer. La caricature, selon lui, est un métier qui a ses exigences à respecter. « C’est comme le métier de journaliste, on n’écrit pas au hasard. Le dessin aussi a une déontologie à respecter », précise Timpous. « Les choses sont incontournables dans la vie. J’ai rencontré Norbert Zongo qui était journaliste là-bas. Celui-ci m’a approché et m’a dit que ce que je faisais l’intéressait. Pour ce faire, il aimerait qu’on travaille ensemble et surtout changer de cap », raconte celui qu’on n’hésite pas à qualifier de compagnon de longue date du journaliste émérite Norbert Zongo. « Il m’a amené à la Clef, un journal indépendant de l’époque. Là-bas, on a fait au moins deux ans. En 1993, on a lancé le fameux journal L’Indépendant. Je faisais la Une du journal jusqu’à ce que ce jour arrive », se souvient Timpous.
Si la disparition tragique de Norbert Zongo entraine son rejet dans certains milieux au regard de la ligne éditoriale du journal, notamment les politiques, cela vaut parfois des lauriers à Timpous au sein d’une certaine opinion. « Ma rencontre avec Norbert Zongo a propulsé ma carrière, avec le contact des ONG. Il y a aussi la bande dessinée que je fais », a-t-il constaté. La caricature nourrit-elle son homme ? Réponse: « Il n’y a pas de sous-métier. C’est un métier qui arrive à nourrir très bien son homme. J’ai pu scolariser mes enfants jusqu’à l’université grâce à ce métier. Quand vous me voyez, vous savez que je mange bien (rires). Tout métier doit pouvoir nourrir son homme, à condition qu’on le fasse bien. L’Indépendant m’a aussi hissé au-dessus des autres, parce que j’ai eu des prix tels que le prix Galian. J’ai été à Libreville grâce à L’Indépendant. Il y a des ONG qui m’ont également approché. Je ne regrette pas mon passage à L’Indépendant ».

Sa source d’inspiration

Pour ses caricatures, Timpous dit avoir l’inspiration à travers les faits de société. Et cela peut concerner beaucoup de thèmes. Peu importe. L’essentiel est que cela conscientise. « Chaque artiste tire son inspiration quelque part », a-t-il relaté avant d’ajouter qu’« il y a peu de dessinateurs au Burkina Faso, parce que l’Etat s’intéresse peu à ce domaine, le 7e art ». Dès l’avènement des prix Galian, Timpous monte sur la plus haute marche du podium : « J’ai été le premier dessinateur à monter sur le podium, en 1997, pour recevoir mon prix de la meilleure caricature ».

Assurer la relève

La caricature n’est pas valorisée sous nos cieux. Et la preuve est qu’il n’existe pas une école de formation digne du nom, à même d’assurer la relève. Quid donc de la responsabilité des acteurs ? Avant de se remettre en cause, Timpous pointe un doigt accusateur sur l’Etat. « L’Etat a sa part de responsabilité parce qu’il y a de jeunes talents qui s’intéressent à ce métier, mais ils ne savent pas comment faire. Il faut créer une école comme l’Institut des arts d’Abidjan qui a sorti de grands artistes », souhaite-t-il. Vertement, Timpous soutient que « souvent même, l’Etat part ailleurs faire des boîtes à images pour venir sensibiliser le public burkinabè alors qu’ il y a du talent ici. Quand on part faire une bande dessinée en Europe ou ailleurs, cela ne reflète pas la réalité de notre quotidien » 1

Par FK et TLT