Les opérations de vote dans la Comoé ont été émaillées de difficultés dont le saccage de 3 bureaux de vote dans la nuit du 1er décembre 2012 à Banfora. Dans certaines localités, les urnes ont purement et simplement été refoulées.
Contrairement à la campagne électorale qui s’est déroulée 14 jours durant sans incident, le scrutin du 2 décembre 2012 dans la Comoé s’est annoncé dans un climat malsain, marqué par des actes de vandalisme. D’ailleurs, les rumeurs à ce sujet ont fait débarquer à Banfora un grand nombre de gendarmes et de policiers le 1er décembre 2012. L’arrivée fort remarquée de ces hommes de tenue à bord de véhicules pick-up, n’a pas pour autant suffi pour dissuader certains jeunes de la cité du Paysan noir. Organisés en groupe, ils se sont attaqués à des bureaux de vote quelque temps après le dépôt du matériel électoral. Peu avant 21 heures, ce sont les bureaux de vote du secteur 2, situés dans l’enceinte de la Maison des jeunes et de la culture (MJC), qui ont reçu la visite des frondeurs. Le gardien des lieux que nous avons trouvé après le passage du groupe atteste qu’ils étaient plus de 40 à prendre d’assaut la cour de la MJC et un groupe dont le nombre était plus important attendait dehors. « Je voulais m’approcher d’eux pour comprendre ce qui se passait mais ces jeunes m’ont intimé l’ordre de rester où j’étais », raconte le malheureux gardien qui précise que les jeunes ont éteint toutes les ampoules de la MJC avant de défoncer les portes et vider les urnes et autres documents que la CECI/ Banfora a déposés aux environs de 16 heures. Toujours selon le même gardien, en quittant la MJC, les manifestants se sont donné rendez-vous à l’école Sud située à quelques 500 mètres et où la population du secteur 3 devait voter. C’est dans l’un des 4 bureaux de vote (BV) de ce secteur que devait voter Salifou Barro, le responsable provincial du RDB et candidat en tête de liste pour les législatives.
La ville de Banfora n’est pas la seule
Sans être inquiétés, les vandales ont accompli leur basse besogne. Fort heureusement, leur saccage se limitera aux seuls BV 1 et 3 dont ils ont arraché les portes et jeter les documents des locaux. Avant qu’ils ne s’en prennent aux deux autres bureaux de vote, les phares d’un véhicule qui passait dans les environs les a dispersés, raconte un témoin de la scène. Les forces de l’ordre n’arriveront sur les lieux qu’après le départ des croquants qui, selon toute vraisemblance, se sont dirigés vers les écoles ouest. Mais ils seront devancés par la police dont les tentatives d’obtenir des informations sur les identités des manifestants auprès du voisinage de l’école sud furent vaines. « Comme il faisait sombre, et que nous ne savions pas combien ils étaient ni s’ils étaient armés, personne n’a daigné s’approcher », disent des témoins. Au secteur 15 de la ville, quartier Tatana situé à l’est de la ville, un groupe de mécontents a réussi l’exploit de pénétrer dans les bureaux de vote en forçant les persiennes malgré la présence des agents de sécurité. Là également, le matériel électoral a été détruit. La ville de Banfora n’est pas la seule concernée par ces actes de vandalisme. En effet, dans la même nuit du 1er décembre 2012, les urnes de certains villages rattachés à la commune de Banfora, à savoir Bodadiougou, Diarabakoko, Niarébara et Tangora ont été interceptées à l’entrée desdits villages par les habitants au motif qu’il n’y aura pas de vote dans leur village pour la bonne raison que leur formation politique, à savoir le CDP, a été recalée aux élections municipales. Du côté des administrations chargées de l’organisation de ces élections, la CECI et la sécurité se rejettent la balle. La CECI accuse les agents d’avoir traîné le pas. Ceux-ci, pour se défendre, disent que les urnes ne devraient pas bouger sans eux. Pourquoi la CECI n’a-t-elle pas appelé avant ? Se demandent les hommes en tenue. Pendant ce temps, certains acteurs politiques se montrent clairs.
Punir les fauteurs de troubles
Pour le responsable du RDB, Salifou Barro, par exemple, ce qui s’est passé la veille des élections n’est que de l’incivisme total et les autorités doivent prendre leur responsabilité pour non seulement identifier les auteurs de ces casses mais aussi les punir comme il se doit. « En tant que candidat en tête de liste du RDB, je les ai prévenus dans la matinée du 1er décembre 2012 que des réunions s’étaient tenues dans des buvettes et à la MJC où on appelait à faire de la casse aux secteur 2 et 3, au 2 et dans le village de Siniéna pour empêcher les élections », a indiqué Salifou Barro qui, lui aussi, ne comprend pas pourquoi le matériel électoral est arrivé alors que la sécurité n’était pas sur place. Salifou Barro dit ne pas disposer de preuve irréfutable ; cependant, il pense que les auteurs et commanditaires de cet acte sont à rechercher du côté du CDP. « Ce sont ceux qui sont présentement en situation de faiblesse », a-t-il martelé. Le responsable de l’UNDD, Soti Koné, candidat au poste de conseiller au secteur 1, s’est montré plus catégorique. Sans détour, il jette l’anathème sur le CDP dont un des candidats aux législatives a tenu, selon lui, lors des derniers meetings, des propos qui laissaient présager ce genre de troubles. Le coordonnateur provincial de la campagne du CDP, Léonce Koné, a lui aussi condamné avec fermeté ces actes de vandalisme qui, de son avis, sont contraires à l’esprit citoyen et démocratique prôné par son parti. « Je peux comprendre la déception de certains militants et sympathisants qui ont vu la liste des municipales de Banfora invalidée, mais cela ne justifie en aucune manière de tels agissements », a-t-il souligné. Tout en espérant que le reste du processus se déroulera dans le calme, il a indiqué que Alain Edouard Traoré, le maire Souleymane Soulama et lui, ainsi que d’autres candidats du parti y compris ceux qui ne sont plus dans la course, ont pris des contacts divers au cours de la nuit pour mieux comprendre ce qui s’est passé. Lesquels contacts ont porté des résultats. Le vice-président de la CENI, commissaire en charge de la région des Cascades, Joachim Baggagnanse, se réjouit de ce que le phénomène a pu être circonscrit dans le temps. Le matériel de secours a, selon lui, permis de remplacer celui saccagé et les opérations de vote pouvaient démarrer presqu’à la même heure aussi bien dans ces bureaux de vote que dans les autres. Du côté du gouvernorat, on apprend avec Toukoumnogo Léonard Guira que des instructions ont été données à la police et à la gendarmerie afin que des investigations soient menées pour mettre le grappin sur les auteurs de ces troubles.