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L’Observateur N° 8265 du 30/11/2012

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Elections couplées du 2 décembre : Niveau pitoyable d’une classe politique atomisée
Publié le lundi 3 decembre 2012   |  L’Observateur


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© aOuaga.com par AO
Le Burkina Faso vote aux législatives et municipales.
Dimanche 02 décembre 2012. Une vue des bureaux de vote.


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Hier, dimanche 2 décembre 2012, les Burkinabè se sont rendus aux urnes pour renouveler, par la même occasion, leurs conseils municipaux et l’Assemblée nationale. Une originalité dans l’histoire politique du Burkina Faso qui expérimente pour la première fois un couplage de votes.




Un double scrutin tenu sous le signe du high-tech, encore une première, avec l’introduction de la biométrie dans le processus d’enrôlement des électeurs et l’utilisation de satellites pour la transmission et le traitement des documents et résultats électoraux.

De quoi accouchera cette révolution numérique censée apporter au processus électoral ce supplément de transparence, d’équité et donc de crédibilité ? Trop tôt pour le savoir. Car, malgré cette débauche de moyens technologiques, on est encore loin du jour où les résultats seront connus quelques heures seulement après la fermeture des bureaux de vote.

Ce big-bang électoral préfigure-t-il une nouvelle configuration du microcosme politique ?

Avant de connaître dans quelques jours la vérité des urnes, une chose est sûre : ce double scrutin a valeur de test pour nombre de ses parties prenantes.

A commencer par le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), le parti au pouvoir. Parviendra-t-il, à l’issue de ces consultations, à maintenir sa suprématie après le passage du mouvement quasi insurrectionnel qui a fait tanguer le pouvoir durant le premier semestre de 2011 ? Le CDP saura-t-il retomber sur ses deux pieds après la mise au rebut de certains de ses ténors historiques lors de son dernier congrès, tenu en début mars de cette année ?

C’est là le premier enjeu de ces élections. Et les ouailles d’Assimi Kouanda en sont conscients, eux qui n’ont ménagé aucun effort pour «donner une majorité confortable à Blaise Compaoré afin qu’il puisse tenir son engagement de faire du Burkina un pays émergent». Et pourquoi pas, qui sait, s’assurer d’une assise parlementaire afin de procéder, en temps opportun, à des réformes constitutionnelles, comme la suppression de la clause limitative du nombre de mandats présidentiels ?

Ces élections couplées constituent aussi une session probatoire pour nombre d’autres formations. Comme l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC).

Au terme d’un formidable travail d’implantation sur toute l’étendue du territoire national, ce parti de l’opposition, dont l’une des forces repose sur la notoriété de son président, Zéphirin Diabré, bénéficie d’une certaine cote de popularité et de sympathie auprès de bien des Burkinabè. Pour autant réussira-t-elle son baptême du feu en engrangeant un nombre de sièges à la hauteur de ses ambitions ?

Quid de l’ADF/RDA, la deuxième force politique actuelle et membre de la majorité présidentielle, du PDS/METBA et de la galaxie sankariste ?

Les réponses à toutes ces questions dans les jours à venir.

Si donc au moment où nous bouclions la présente, il n’y avait rien à se mettre sous la dent, alors remâchons le pitoyable spectacle que furent les deux semaines de pêche aux voix.

Insipide, terne, inexpressive, lamentable et par-dessus tout ennuyeuse. Voilà, sans aucune exagération, ce qu’on peut retenir de cette campagne politique qui vient de s’achever.

Certes, il y a eu du boucan et du raffut dans certains quartiers. Mais de véritables débats d’idées, de chocs de programmes, il n’y eut point. Durant toute cette période d’agitation pour s’attirer les faveurs de l’électorat, il y a eu du remue-ménage mais guère de remue-méninges. Sur ce dernier point, l’encéphalogramme du landerneau politique est resté désespérément plat.

Pour des élections de proximité, comme les municipales, on s’attendait à des discours qui épousent les préoccupations quotidiennes des populations. Tels ceux portant sur les questions de l’accès à l’eau potable, de l’assainissement, de l’éducation de base et du logement. Hélas, nos préposés à la gestion de la chose publique sont restés hors sujet.

Comment, pour ne prendre que cet exemple, la voirie, un thème aussi porteur, a-t-elle pu être absente de cette pitoyable foire d’empoigne ? Les candidats, ceux de la capitale en particulier, ignorent-ils que, selon les statistiques officielles, près de 86% de la population de Ouagadougou vivent dans la périphérie de la ville ? Ce qui signifie évidemment que tout ce beau monde, donc cet électorat potentiel, est exclu du minimum du confort urbain que procure l’aménagement de voies, de caniveaux et de dépotoirs publics.

Avait-on besoin d’être sorti de sciences-po pour savoir que, dans ces conditions, la voirie constitue, sinon l’escalier, du moins une marche vers les sommités de l’exécutif local ?

Au lieu de cette offre politique en adéquation avec les besoins des communautés de base, on a plutôt eu l’impression que la plupart des acteurs de cette drôle de campagne se sont complètement trompés de scrutin. Donc de combat.

Quand un candidat aux municipales promet, sans sourciller, la gratuité de l’école en cas de victoire, c’est qu’il ment aux citoyens. Soit par ignorance soit par duperie.

Lorsqu’un candidat à la députation annonce qu’il va construire des écoles et des centres de santé, c’est qu’il est un marchand d’illusions qui ruse avec la naïveté des populations.

C’est de ce genre de menteries ou d’ignorance crasse que nous ont gratifiés certains représentants de partis politiques au cours d’un étalage plat et douloureux de leurs programmes de société ou de ce qui en tient lieu.

En lieu et place de débat d’idées on a au contraire été saoulés de propos méprisants et ridicules, abreuvés de sornettes et écrasés de vœux pieux. Le tout débité parfois dans un français approximatif par des plaisantins qui semblent venus tout droit de la rue.

Quand on sait que toutes ces tonnes de débilités charriées par le tube cathodique sont suivies, grâce à la magie du satellite, par des pays voisins comme la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Niger, le Sénégal et le Mali, où la classe politique est pétrie d’expériences et de savoir-faire, on ne pouvait que pousser un ouf de soulagement lorsqu’est intervenue enfin la clôture de cette nauséeuse campagne électorale.

Que dire de ces partis abonnés absents des tribunes offertes par le Conseil supérieur de la communication ? Des résignés avant le combat, des naufragés avant l’embarquement.

En outre, ayons le courage de le reconnaître, d’aucuns de nos confrères qui ont été sélectionnés pour animer les débats n’ont vraiment pas volé plus haut que ces pitres candidats. Certains animateurs n’ont pas su faire preuve de préparation, de solide culture politique ou de maîtrise du processus électoral. Sans compter que d’autres, par excès de zèle ou par inadvertance, ont souvent laissé transparaître leur appartenance ou leur préférence politique. L’amateurisme était palpable.

A la lumière des deux semaines de campagne soporifique qui viennent de s’écouler, on ne peut que s’interroger sur la crédibilité de notre classe politique. Une classe politique plombée par sa pléthore pathologique, qui distille des discours peu ragoûtants et présente des projets de société confus et touffus.

Avec aujourd’hui une centaine de partis officiellement reconnus après l’opération de salubrité politique du ministère de l’Administration territoriale, le moins que l’on puisse dire, c’est que la démocratie burkinabè a toujours mal à l’émiettement de la classe politique. Une atomisation à laquelle n’est pas étrangère la majorité présidentielle. Particulièrement le CDP, qui a suscité et biberonné des phalanstères politiques juste pour servir des causes circonstancielles. Une fois le deal plié, ces satellites créés ex nihilo entrent en hibernation, dans l’espoir d’être appelés à d’autres tâches.

Avec 74 formations en lice, exprimer son choix sur le bulletin unique relève d’un véritable casse-tête électoral.

On ne le dira jamais assez, notre pays a beau être l’un des plus pauvres du monde, il n’y a pas 100 projets de société pour le sortir de l’ornière.

Certes la loi fondamentale consacre le multipartisme intégral. Mais à voir l’utilisation abusive et ruineuse qui est faite de cette disposition constitutionnelle, ne serait-il pas pertinent d’encadrer davantage les conditions de création et de fonctionnement d’un parti politique ? Par exemple, en adoptant le multipartisme tempéré ?

Ainsi évoluerions-nous vers la formation de grands blocs avec, à l’intérieur, des courants politiques.

A défaut de cela, pourquoi nos hommes politiques ne s’inspireraient-ils pas du modèle américain ? Ici, lors des élections, les petites formations, conscientes de leur faible représentativité, nouent, chacune, des alliances tactiques avec l’une ou l’autre des deux grandes familles politiques que sont les Démocrates et les Républicains.

Pour terminer, revenons à nos moutons, en relevant qu’en dépit du spectacle clownesque que fut cette campagne politique, une embellie semble se profiler à l’horizon.

En effet, au regard des moyens sophistiqués mis en œuvre dans la confection du fichier électoral, dans la centralisation des documents et dans le traitement des résultats, en principe, tout est parti pour des élections moins chaotiques et moins contestées. En principe.

Si cela venait à être confirmé dans les jours à venir, le grand vainqueur de ces scrutins couplés serait la… CENI.

La classe politique, quant à elle, mérite d’être ceinte du bonnet d’âne.



La Rédaction

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