Il a été décidé qu’à l’occasion des élections couplées législatives et municipales de cette année, les classes resteraient fermées pendant une semaine. Sans doute, cette mesure vise à créer un climat de sérénité pour éviter de perturber aussi bien les électeurs que les écoliers, étant donné que la plupart des bureaux de vote se situent dans l’enceinte des établissements scolaires, primaires notamment. Bien entendu, pour ce type d’expérience électorale dont tout le monde s’accorde qu’il s’agit d’un gros challenge à relever par l’Etat burkinabè, il y a vraiment lieu que l’on sache prendre le taureau par les cornes, toute indélicatesse étant susceptible d’entamer le bon déroulement de ce scrutin. La répartition du matériel électoral, le déploiement du personnel électoral dont le plus gros lot est constitué d’instituteurs, de surcroît… Cependant, est-ce qu’ici on ne déshabille pas Pierre pour habiller Paul ? Suspendre les cours dans les écoles sous prétexte de ne pas vouloir perturber les cours, comme si cette suspension n’était pas déjà un fait désagréable.
Parce qu’au-delà de cette suspension, due à des raisons bien objectives, nous en convenons, il y a aussi d’autres éléments exogènes habituels qui déjà perturbent assez la scolarité de nos enfants. Depuis plusieurs années maintenant, les parents d’élèves n’ont de cesse de se plaindre concernant les congés anticipés du premier trimestre de l’année scolaire, du fait des commémorations, souvent houleuses, des assassinats de certaines icônes du milieu scolaire ainsi que de la liberté de la presse. Et que dire aussi pour une ville comme Koudougou, considérée comme le berceau de toutes ces revendications et qui par ailleurs devrait abriter la célébration cette année de la fête nationale ? Un calcul rapidement fait nous ramène à près d’un mois de suspension des cours, si l’on comptabilise la semaine concernant les élections, celle des manifestations commémoratives des 6 et 13 décembre et le traditionnel congé annuel de deux semaines. Il y a vraiment trop d’événements qui déjà jouent sur la formation des élèves au Burkina.
De nombreux parents d’élèves et d’enseignants, en particulier les promoteurs d’écoles, se plaignent, rien qu’en apprenant cette nouvelle relative à la fermeture des classes.
Et pourtant, ce ne sont pas des alternatives qui manquent pour permettre à nos enfants de suivre convenablement leurs cours sans être dérangés en période électorale. Concernant les réquisitions du personnel enseignant déjà, il faut reconnaitre que la période où l’enseignant était le plus illuminé du village est révolue, sans vouloir porter atteinte à aucune corporation que ce soit, c’est juste pour rester dans le sujet. Aujourd’hui, il y a une masse inestimable de lettrés et de diplômés qui chôment au Burkina, à telle enseigne qu’il serait d’ailleurs fastidieux de vouloir eux tous leur trouver du rôle dans l’organisation d’élections. Mais, si l’on veut y voir clair, ces personnes qui chôment et qui peut-être auraient perdu toute espérance, se sentiraient quelque peu soulagées, serait-ce de façon ponctuelle, comme c’est le cas pour les périodes d’élections, d’avoir un petit job dans les bureaux de vote. En ce moment, les enseignants, eux, pourraient aussi se concentrer dans les classes et permettre à leurs élèves de relever le défi d’être meilleurs lors des examens et autres circonstances afférentes au savoir intellectuel.
Et même si la plupart des bureaux de vote sont hébergés dans les établissements scolaires, ce n’est pas la peine de décréter un congé inutile, voire préjudiciaux à l’avenir des jeunes scolaires, le seul jour du scrutin suffirait