Le XVIe sommet du mouvement des pays Non – alignés s’est ouvert, le jeudi 30 août 2012, à Téhéran en Iran. Le président du Faso, Blaise Compaoré, participe à la rencontre, auprès d’une trentaine de chefs d’Etat. Ce sommet est une occasion pour les dirigeants des pays-membres du mouvement, d’appeler à un nouvel ordre mondial, où les plus faibles auront aussi leur mot à dire, face aux plus forts.
Le président du Faso, Blaise Compaoré, et une trentaine de ses pairs du mouvement des Non-alignés, dessinent à Téhéran, en Iran, la maquette d’un nouveau monde. Cette volonté commune a été affichée à l’ouverture du XVIe sommet des pays Non-alignés, le 30 août 2012. Le bal des déclarations a été ouvert par le Guide suprême de la Révolution islamique d’Iran, Ali Khamenei, qui, avant tout, a souligné que les idéaux du Mouvement des non-alignés (MNA) tels que la décolonisation, l’indépendance économique, politique et culturelle sont toujours solides et d’actualité. Le guide Khamenei a affirmé que le MNA doit jouer un grand rôle dans le nouvel ordre mondial qu’il a appelé de tous ses vœux. « Un monde plus ouvert avec une gouvernance plus équitable et humaine », a- t-il précisé. Pour Ali Khamenei, « la direction du monde ne doit pas être le monopôle d’un petit groupe d’Etats dominateur et hégémonique », (faisant référence aux USA, aux Etats de l’Union européenne et à leurs alliés).
Le président de la République islamique d’Iran, Mahmoud Ahmadinejad, a rejoint le guide Khamenei, en relevant l’urgence qu’il y a nécessité de réformer la gouvernance mondiale. Comme à son habitude, il a livré un discours enflammé contre « l’impérialisme occidental ». Le président Ahmadinejad qui dirigera le MNA pour trois ans, jusqu’en 2015, dit qu’il aspire à un monde prospère, libre et digne, le tout, dans la paix. Normal donc pour lui de dénoncer le fait « "un petit nombre de pays dirige le monde, dans l’opulence, pendant que le plus grand nombre de pays trime dans la pauvreté et la souffrance ». En tous les cas, le nouveau président du mouvement des pays Non – alignés est déterminé. Il veut mettre fin au monopole de la gouvernance mondiale, annonçant au passage que « le Marxisme appartient au passé et le capitalisme est en voie de disparition ».
Nouvel ordre mondial rime avec réforme de l’ONU
Les différents intervenants au sommet des Non-alignés à Téhéran ont posé comme préalable au Nouvel ordre mondial, la réforme de l’Organisation des Nations unies (ONU). En effet, le sommet a demandé une « démocratisation » du Conseil de sécurité de l’ONU, afin de réduire l’influence des grandes puissances, accusées d’utiliser cette instance pour défendre leurs intérêts politiques.
Outre la réforme de l’ONU, les questions palestinienne et syrienne se sont invitées aux débats. A ce propos, les pays membres du MNA ont réaffirmé leur soutien à la création d’un Etat palestinien dans les frontières internationales de 1967, gage d’une « paix juste » au Proche-Orient. De même, ils ont condamné l’occupation des territoires palestiniens par Israël. Les iraniens ont leur remède au problème palestinien. Le guide de la Révolution l’a exposé ainsi qu’il suit : « Un référendum avec un bon contrôle pour éviter des fraudes afin que les populations choisissent le régime qu’ils souhaitent. Ainsi, vous verrez la paix ». Les dirigeants du MNA, par la voix du président égyptien, Mohamed Morsi, ont fait une promesse à Mahamoud Abass, présent à la rencontre : « La Palestine est notre priorité. Nous allons soutenir les Palestiniens de sorte que le pays soit reconnu par l’ONU ». Les participants au sommet ont également appelé à la fin de la violence en Syrie. Pour le secrétaire général de l’ONU, Ban-Ki moon, présent au sommet, malgré les oppositions, notamment d’Israël et des USA, le conflit en Syrie ne peut être résolu par la violence.
« L’énergie nucléaire pour tous, l’arme nucléaire pour personne »
Comme il fallait s’y attendre, le nucléaire n’a pas été éludé par le mouvement des pays Non-alignés. Le guide de la Révolution iranienne a partagé sa philosophie sur la question : « L’énergie nucléaire pour tous, l’arme nucléaire pour personne ». Une façon , pour le guide Khamenei, de dire que « tout le monde a le droit d’utiliser l’énergie nucléaire pacifique, sans être taxé de diable ». Pour Ban Ki-Moon, la présidence iranienne du MNA, est « une occasion pour Mahmoud Ahmadinejad, accusé de vouloir se procurer une arme nucléaire, de montrer sa bonne volonté ». Après tout, il a appelé à l’arrêt de la violence à travers le monde.
Se référant au printemps arabe, le secrétaire général de l’ONU a indiqué qu’il n’y a pas « quelle que chose d’importée ou d’imposée ». Il a ainsi invité tous les dirigeants du monde à écouter les aspirations réelles de leur peuple pour éviter des situations regrettables. Il a demandé que l’ONU et le MNA travaillent, au coude-à-coude, pour l’atteinte des différents objectifs.
Succès diplomatique pour l’Iran
Déjà, l’Iran peut se prévaloir d’un succès diplomatique traduit par une forte participation au sommet des Non-alignés, avec à la clé celle de hauts représentants de l’ONU, de la Ligue arabe, de l’OCI (organisation de la conférence islamique) et de l’UA (Union africaine). Dès le premier jour du sommet, des délégations représentant 110 des 120 Etats membres du mouvement des Non-alignés étaient déjà à Téhéran. En somme, 29 Etats sont représentés par leurs chefs d’État, à savoir 27 présidents, un Sultan (Oman) et un Émir (Qatar), neuf Etats sont représentés par leurs vice-présidents, sept par leurs Premiers ministres. En outre, cinq Etats sont représentés par un envoyé spécial. Enfin, les autres États ont dépêché à Téhéran des ambassadeurs ou des délégations de hauts-fonctionnaires.
Il faut aussi relever que le Premier ministre irakien, le Sultan d’Oman et l’Émir du Qatar ont effectué le déplacement, de même que les ministres des Affaires étrangères du Koweït et du Bahreïn. Cela signifie que tous les pays riverains du Golfe Persique ont fait le déplacement de Téhéran. L’Iran est ainsi l’un des seuls pays au monde, à pouvoir actuellement, rassembler des dirigeants de cette zone, très stratégique pour l’économie et la paix du monde.
Auprès de ces différents dirigeants du monde, le président du Faso, Blaise Compaoré, a réaffirmé la position du Burkina Faso, qui partage les mêmes vues pour l’avènement d’un nouvel ordre mondial. Son séjour dans la capitale iranienne se conjuguent aussi à travers des entretiens avec des personnalités politiques d’organisations internationales et de pays amis. C’est ainsi qu’il a eu, dans la soirée du jeudi 30 août 2012, deux audiences, une avec le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon et l’autre avec le président du Sri Lanka, Mahinda Rajapaksa. Nous y reviendrons dans nos prochaines éditions.
Ali TRAORE
traore_ali2005@yahoo.fr
Envoyé spécial à Téhéran