Société
Itw: Lena Christensen revient sur les réalisations de la fondation Baoabab et les difficultés rencontrées
Publié le mardi 12 aout 2014 | AIB
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La Fondation Baobab, une association danoise, intervenant depuis 2005 dans le village de Ouisga dans la commune rurale de Arbollé, soutient les populations rurales dans leur lutte quotidienne pour l’amélioration de leurs conditions de vie. Présente à Ouagadougou, dans le cadre des activités de l’association, l’une de ses fondatrices, Lena Christensen se dit « très fière car beaucoup de choses ont été réalisées » en dépit d’énormes difficultés rencontrées sur le terrain. Cependant elle s’est dit « un peu triste de la gestion actuelle du collège de Ouisga et de l’avenir de la coopération » . Entretien…
Agence d’information du Burkina (AIB) : Veillez vous présentez à nos lecteurs ?
Lena Christensen (LC) : Je m’appelle Lena Christensen et je suis d’origine danoise, mais j’habite depuis longtemps la France notamment à Toulouse.
(AIB) : Qu’est-ce qui vous a amené au Burkina Faso ?
(LC) : Je viens chaque année au Burkina Faso dans le cadre des activités d’une fondation que j’ai mis sur pied dans le village de Ouisga (commune rurale de Arbollé, NDLR). Nous menons diverses activités pour le développement de ce village. Je suis venue ici pour la toute première fois en 2004. C’est au cours de ce voyage que j’ai fait la connaissance de Léocadie Ouadeba, une ressortissante de Ouisga. C’est cette rencontre qui a amené la Fondation Baobab à s'investir dans des actions de développement pour le village de Ouisga.
(AIB) : Parlons de cette fondation qui vous fait venir régulièrement au Burkina Faso.
(LC): Le bureau de la Fondation Baobab est composé de huit membres et elle est basée dans ma ville natale au Danemark. Tout le monde soutient les projets pilotés par Léocadie Ouadeba ici au Burkina.
(AIB): Pourquoi le nom Baobab pour votre Fondation ?
(LC) : Nous avons donné le nom Baobab parce que c’est un arbre utile. Nous voulons aussi être utiles. C’est pourquoi nous avons donné ce nom. L’objectif est d’apporter une aide ciblée aux couches vulnérables du village.
(AIB): Pourquoi avoir choisi le village de Ouisga pour apporter cette aide ?
(LC) : Un jour, j’ai demandé à Léocadie de me montrer un village burkinabè dans lequel nous pouvons intervenir. Elle m’a dit alors que le village qu’elle connait le mieux est celui de son père qui est Ouisga. Je suis allée dans ce village pour la première fois en 2005.
(AIB): De 2005 à nos jours, qu’avez-vous fait pour les habitants de cette localité ?
(LC) : Je suis très fière car beaucoup de choses ont été réalisées. Le premier geste que nous avons posé a été d’apporter une aide alimentaire au village qui était dans une période de famine. Nous avons remarqué par la suite que les femmes, malgré la faim, préféraient que nous soutenions leurs enfants à réussir à l’école. C'est ainsi que nous avons normalisé l'école primaire qui comptait trois classes, nous avons aussi construit un collège pour ce village. Il faut noter que les enfants de Ouisga, après le cycle primaire devaient parcourir des dizaines de kilomètres pour pouvoir avoir accès à un collège. Et là aussi, le problème de disponibilité de places se posait à tel point que certains abandonnaient simplement à cause de la distance. C'est ce qui nous a motivé à réaliser ce joyau pour ces enfants. Outre ces réalisations, il y a aussi que lorsque nous avons discuté avec les femmes, elles ont souhaité une aide pérenne. C'est ainsi que nous soutenons les femmes et leurs maris dans des activités génératrices de revenus avec des micro crédits sans taux de remboursement. Nous avons installé un moulin à grain, trois forages, nous avons fait don de 100 vélos, du matériel médical au dispensaire et aussi un soutien à près de 200 enfants sous forme de parrainage du primaire jusqu'au secondaire. Nous avons aussi construit 27 blocs de latrines pour tout le village et une unité de fabrique de savon.
(AIB) : Avez-vous rencontré des difficultés dans la réalisation de tous ces projets ?
(LC): Non ! Nous n'avons pas au début rencontré des difficultés parce que l'implication de tout le village a été sans condition. Et à chaque réalisation, notre objectif est que les populations et les donateurs soient très heureux à la fin du projet. Tout a marché parfaitement jusqu’à la construction du collège. Nous n’avons pas rencontré de problème dans la construction du bâtiment. Mais nous avons eu des problèmes lorsqu’il s’est agi de l’orientation des enfants de Ouisga dans le collège. En fait, le premier objectif des donateurs en construisant le collège était de permettre à tous les enfants de Ouisga après leur cycle primaire d’accéder au collège sans problème. Cela a été possible la première année c’est-à-dire à l’inauguration du collège en 2011. Mais en 2012, les enfants de Ouisga étaient exclus du collège. Nous ne comprenions pas ce qui se passait. Nous avons voulu comprendre les raisons de cette exclusion sans succès. Et la situation n'a pas évolué depuis 2012, et ceux qui n'ont pas accès au cours du jour sont reversés dans un enseignement du soir qui n'est d'ailleurs pas formel.
(AIB) : Pourquoi les élèves de Ouisga ont-ils été exclus d’un collège construit pour les accueillir ?
(LC) : Je ne sais pas. Nous avons posé la question et on nous a dit seulement qu’il y a beaucoup de demandes des villages voisins.
(AIB): Cette difficulté, selon vous, peut engendrer quoi comme conséquence ?
(LC) : Elle pourra freiner les investissements des donateurs dans le village. Car pour eux c’est un projet qui n’a pas abouti. A titre d'exemple, des enfants parrainés par les donateurs n'ont pas eu accès au collège alors que le but est de les soutenir jusqu'au supérieur avec l'alternative d'en arriver à un lycée à Ouisga. Pour l'instant, les projets concernant l'éducation sont suspendus comme l'électrification du collège et la construction d'un deuxième bâtiment. Si la situation ne change pas à la rentrée 2014-2015, nous serons obligés de quitter Ouisga même si tout allait bien jusque-là.
(AIB) : Que souhaitez-vous maintenant ?
(LC): Notre souhait est que le fonctionnement du collège ne soit pas entravé par des gestions calamiteuses comme nous l'a notifié le directeur du collège. Lorsque nous l'avons rencontré, il nous a dit que « le collège est endetté ». Nous avons aussi constaté que des travailleurs n'ont pas perçu leurs salaires depuis au moins quatre mois. Aussi, nous souhaitons que les élèves de Ouisga puissent être acceptés dans ce collège. Nous ne disons pas que le collège ne doit pas recevoir des élèves des autres villages, mais en construisant cet établissement, l'objectif était de permettre à ces enfants d'accéder à un enseignement de proximité.
Interview réalisée par Namazé Dramane TRAORE
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