Article 37 : les funambules de la politique #aOuaga

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Article 37 : les funambules de la politique

Publié le mardi 12 aout 2014 | L`Observateur Paalga

© Autre presse par DR
Le ministre de l’Action sociale et de la solidarité nationale, Alain Zoubga

Pour peu, on ne s’étonnerait même pas de les entendre fredonner la fameuse chanson «Viima ya kanga !» (la vie est dure) du groupe K-ravane ! Force est de reconnaître en effet qu’il est parfois dur, le métier d’opposant sous nos tropiques quand, dans le même temps, on fricote avec la partie adverse ou plutôt le parti au pouvoir. On se retrouve toujours immanquablement écartelé, dans des positions impossibles à tenir, ou à défendre des thèses auxquelles soi-même ne croit pas véritablement.

On en a encore eu la preuve, le dimanche 10 août dernier à l’occasion de la célébration du 7e anniversaire de l’Autre Burkina/PSR d’Alain Zoubga, hier contempteur irréductible de Blaise Compaoré, aujourd’hui réduit à un statut d’opposant convivial puisque depuis le remaniement de janvier 2013, il s’assoie autour de la même table, non pas celle à manger, mais celle du Conseil des ministres, que le Grand Sachem. Lui aussi se dit contre le tripatouillage de l’article 37 mais pour le référendum. On a déjà entendu ce refrain avec l’ «Amiral», Maxime Kaboré, et même de la bouche d’un Hermann Yaméogo, celui-là même qui avait refusé de se présenter en 2005 parce qu’il trouvait, déjà, la candidature de Blaise Compaoré illégale après le débat sur la rétroactivité ou non du nouvel article 37 qui limitait à deux le nombre de mandats présidentiels et les raccourcissait à 5 ans.

Mais bon, les voies de la politique sont très souvent insondables, et pour ces acrobates politiques, il n’y a visiblement pas de contradiction entre s’opposer au tripatouillage de l’article 37 et soutenir l’idée de référendum dont pourtant la finalité reste et demeure de sauter le verrou constitutionnel qui empêche aujourd’hui Blaise de jouer les prolongations après 2015.

Ouh là là !!! ça donne le tournis et on y perd son latin, de telles gymnastiques rhétoriques!

Mais enfin, puisqu’on est en démocratie, toutes les opinions se valent même si là il faut reconnaître qu’on a beau tourner et retourner la question sous toutes les coutures depuis des mois, on peine à voir la logique qui sous-tend une telle position.

Car pourquoi se lancer dans de telles pirouettes politico-grammaticales si on est vraiment contre le tripatouillage ? Autant le dire franchement et l’assumer surtout que le référendum va nous coûter quelques précieux milliards.

Certes, les motivations sont en fait parfois diverses, variées et bien souvent même aux antipodes de l’intérêt général ; même s’il faut respecter les convictions de chacun, nous avions toujours cru, personnellement, qu’un pied dedans, un pied dehors, c’est dehors. On semble vouloir nous convaincre qu’on peut très bien être dedans et garder un pied dehors. Sait-on jamais ! Paroles de funambule politique !

Hyacinthe Sanou