Art et Culture
Boni Tintémi Esaie Benjamin alias Boni Lanki d’Afrikan’da : "Tout le monde est interpellé par notre album"
Publié le mardi 5 aout 2014 | aOuaga.com
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« Parol’ à ma plume »est le titre de la toute première production discographique d’Afrikan’da, un collectif de slameurs bobolais. A travers cette galette musicale de 10 morceaux enregistrés en live, le groupe veut apporter sa plume à la conscientisation de la jeunesse burkinabè. Nous avons rencontré deux membres de ce groupe qui ont accepté nous accordé une interview. Il s’agit de Boni Tintémi Esaie Benjamin alias Boni Lanki et de Aboubacar S. Traoré dit Bouder le soldat de Jah
aOuaga.com : Vous étiez connus comme de jeunes rappeurs. Comment vous est venue l’idée de créer un groupe de slameurs ?
Boni Tintémi Esaie Benjamin alias Boni Lanki : Au début, les membres du groupe étaient des rappeurs. Par la suite, on se rencontrait sur des plateaux de compétition de rap. On a piqué le virus du slam en cours de route et on a décidé comme cela, en 2009, de créer un collectif de slam composé d’une vingtaine d’artistes slameurs. Mais par souci de temps, le collectif est réduit à 5 membres. C’est vrai que le groupe vient de naitre mais les membres, des amis d’enfance qui partageaient la même passion, se connaissaient bien avant. Le groupe Afrikan’da a été véritablement créé en fin 2012.
Pourquoi Afrikan’da comme nom de votre groupe ?
Aboubacar S. Traoré dit Bouder le soldat de Jah : Nous sommes du terroir africain et on est appelé à valoriser notre culture. Le nom Afrikan’da signifie expression vocale africaine dans un mélange de bamabar et français.
Revenons aux circonstances qui ont motivé le choix de faire finalement du slam alors que vous aviez un bel avenir dans le rap.
Aboubacar S. Traoré dit bouder le Soldat de Jah : On a commencé avec le rap mais ce genre musical nécessitait beaucoup d’instruments pour rendre agréable notre musique. Et des amis nous disaient qu’il faut chercher d’autres tendances musicales pour mieux nous faire comprendre et c’est qui nous ont a poussé à embrasser finalement le slam. Le slam est venu à nous. On le refusait au début mais, au finish, on a su que c’était un moyen pour nous de transmettre le message à toutes les générations.
Votre première production musicale s’intitule « Parol’ à ma plume », un album de 10 titres qui traite des questions d’alphabétisation et de citoyenneté. Avez-vous été inspirés par la situation sociopolitique nationale ?
Boni Tintémi Esaie Benjamin : On aborde des questions de civisme, de citoyenneté mais on n’a pas choisi les thèmes particulièrement en fonction de la situation actuelle. Par exemple, le titre citoyen lambada a été écrit bien avant l’actualité même s’il s’y colle aujourd’hui. On aborde aussi la question de la paix comme « Parlons d’elle ». En somme, c’est un album de conscientisation. On se dit porte-parole de la jeunesse et nous avons le devoir de la sensibiliser. Nous avons beaucoup de conseils là-dedans. Quand tu écoutes l’album, tout le monde se trouve interpellé. C’est un album assez ouvert. On n’a pas forcément regardé la situation actuelle pour le construire mais on a écrit nos textes en fonction de notre inspiration.
Votre album a été enregistré en live. Est-ce pour se conformer aux exigences de l’international ?
Boni Tintémi Esaie Benjamin : Effectivement ! On n’en veut pas aux artistes qui n’arrivent pas à faire le live. Ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas du talent mais il faut dire que le live demande beaucoup de moyens et c’est pourquoi on ne cesse de remercier nos musiciens qui nous comprennent chaque fois. C’est un album qui a été fait à 80% en live. On ne veut pas s’arrêter seulement au plan national mais plutôt aller loin dans notre carrière. C’est vrai que quand on sort pour les festivals, on ne va pas pour jouer au play back. Il faut être professionnel quand on veut aller loin et il faut se donner les moyens. Voilà pourquoi tous nos spectacles s’organisent en live.
Depuis le 7 mars, cela fait 5 mois que vous êtes révélés au public mélomane. Etes-vous satisfait de l’accueil réservé à votre production ?
Boni Tintémi Esaie Benjamin : On ne peut jamais être totalement satisfait sinon les échos nous parviennent des 4 coins du pays et, franchement, ça fait chaud au cœur. On sent que le public mélomane a accueilli favorablement notre choix musical et on ne cessera de dire merci aux hommes de médias pour ce qu’ils font pour nous.
Avez-vous l’impression que le public vous aime bien dans le slam ?
Boni Tintémi Esaie Benjamin : Le public est en train de nous apprécier. Le premier stock d’albums est épuisé et on s’attèle à reproduire pour satisfaire la demande croissante à travers le pays. C’est donc dire que c’est un bon signe et on ne peut que dire Dieu merci. Et puis, il faut reconnaitre que la compétition « Je slame pour la patrie » est venue faire du bien à notre travail.
En perspective, qu’est-ce qui est fait pour booster votre carrière internationale ?
Boni Tintémi Esaie Benjamin : Il y a une équipe derrière nous. Nous avons un manager Elodie Pellet qui se trouve en France. On a discuté un peu lors de son passage ici à Bobo-Dioulasso dans l’espoir de nous trouver des tournées, des scènes dans l’Hexagone.
Vous êtes très jeunes sur la scène musicale burkinabè. Quelle est votre commentaire de l’environnement artistique et culturel national ?
Boni Tintémi Esaie Benjamin : Il y a quand même des motifs de satisfaction. De plus en plus, des artistes arrivent à s’expatrier, à se vendre hors du pays. Il y a de l’amélioration dans les arrangements, la production des clips et, de plus en plus, le public adhère. On espère qu’en travaillant ainsi, ça va finir par prendre. Nous venons d’arriver sur le terrain qui n’est pas facile surtout avec le genre que nous faisons, le slam. Cela a été adopté, maintenant, c’est de continuer à travailler afin d’aller loin à côté des autres tendances musicales.
Dans cette dynamique, quel peut être le travail du ministère en charge de la Culture afin de d’imposer la musique burkinabè dans le concert des nations ?
Boni Tintémi Esaie Benjamin : Beaucoup est fait mais on peut encore mieux accompagner les artistes surtout pour arriver à s’expatrier et c’est en cela qu’on pourra imposer notre musique comme le font les Ghanéens, les Maliens ou encore les Ivoiriens. C’est vrai que chez nous, c’est le sport qui mobilise les gens mais nous pensons qu’il faut que le gouvernant soutienne la musique. C’est aussi notre culture. Sa sauvegarde passe aussi par là.
Entretien réalisé par Alexis Omer
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