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Le Quotidien N° 1127 du 31/7/2014

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Attaque du commissariat de police de Hounde : d’importants dégâts
Publié le vendredi 1 aout 2014   |  Le Quotidien


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© Autre presse par DR
Des manifestants mettent le feu au Commissariat de Houndé


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Située dans la région des Hauts-Bassins, chef-lieu de la province du Tuy, la ville de Houndé a connu une tension particulière le mercredi 30 juillet 2014 où des manifestants en colère ont incendié le commissariat de police de la ville. Partis à la recherche des raisons qui ont poussé les manifestants à s’adonner à de tels actes, nous avons pu, le jeudi 31 juillet 2014, fouler le sol de Houndé. Dans nos différentes investigations, il est ressorti que les manifestants réclamaient des présumés trafiquants d’enfants pour les lyncher. Face au refus des forces de l’ordre de les livrer, les manifestants, furieux, ont pris pour cible le commissariat qu’ils ont réduit en cendres. Mais, dit-on, la colère des manifestants s’expliquerait par le fait qu’ils n’auraient pas confiance en la justice et voudraient eux-mêmes se la rendre. Quant nous quittions Houndé, aux environs de 12 heures, plus d’une quarantaine de manifestants étaient interpellés et l’on enregistrait des blessés légers du côté des forces de l’ordre. Aussi, des délinquants auraient infiltré les rangs des manifestants pour emporter des produits prohibés saisis par la police.

Au commissariat de Houndé, rien n’est récupérable. Le bâtiment, ainsi que tout son contenu, ont été réduits en cendres. Des engins stationnés dans la cour ont aussi subi la colère des manifestants. « Plus d’archives pour la direction provinciale de la police nationale », dit-on, car tout est parti en fumée. Sur les lieux, la tension est toujours palpable. La ville est encore sous patrouilles et des personnes sont interpellées, transportées par les véhicules de la CRS et conduites sous un hangar noirci par la fumée. Toute personne stationnée à côté du commissariat est sommé de s’éloigner. Le feu n’a rien laissé au passage. Les mines sont crispées. « Comment des manifestants peuvent aller jusqu’à brûler un commissariat de police » ? S’interroge un badaud arrêté sous un neemier, les mains aux hanches.
Une présumée affaire de trafic d’enfants au cœur des incidents
En effet, le badaud n’est pas le seul à se poser cette question. Nombreuses sont les personnes qui se la posent. Du maire au directeur province de la police, en passant par le haut-commissaire, la réponse est la même. « Dans la nuit du 29 juillet, des passants ont appréhendé deux filles des classes de 3e et de 4e avec deux enfants de 2 et de 3 ans », ont-ils indiqué dans leur ensemble. Toute chose qui sera corroborée par Amadou Barry, une des personnes ayant appréhendé les présumés trafiquants d’enfants. « Après la prière de 18h 30, un de mes enfants traversait le bas-fond pour rejoindre l’autre côté de la ville. Il a aperçu un jeune homme en lutte avec l’une des filles. Lorsqu’il a senti mon fils venir, il a crié à l’aide. Et quand mon fils est arrivé, le jeune l’a invité à l’aider, car les filles voulaient s’échapper. Avec mon fils, ils ont ensemble réussi à les mobiliser. Et mon enfant est venu m’appeler de venir constater des faits. Immédiatement, j’ai pris mon vélo pour m’y rendre. Quand je suis arrivé, j’ai effectivement constaté deux enfants étalés à même le sol avec les têtes couvertes de sachets plastiques. Immédiatement, j’ai compris que ces filles voulaient du mal aux enfants. C’est moi qui ai préconisé qu’on aille alerter la police. Quand nous y sommes arrivés, nous y avons trouvé le seul policier qui était de garde. Il voulait que nous conduisions les deux filles au commissariat, car il était seul et ne pouvait bouger. Chose que nous avons refusée, car nous voulions qu’il vienne lui-même constater les faits. Quand nous avons insisté, il a effectivement appelé un de ses collègues et celui-ci a pris un véhicule pour nous suivre sur les lieux. Les deux filles et les enfants ont ainsi été conduits au commissariat », a-t-il largement expliqué tout en insistant sur le fait que les filles voulaient du mal aux enfants ou qu’elles œuvreraient pour d’autres personnes.
Informées, les populations se sont rapidement mobilisées pour se rendre au commissariat. Là, elles ne voulaient qu’une chose : que les filles leur soit livrées afin qu’elles se rendent justice en les lynchant. Rapidement, les autorités de la ville se sont réunies pour essayer de calmer les manifestants. « Nous avons mené cet exercice jusqu’à minuit et les manifestants ont déserté les lieux. Pour nous, c’était fini», a indiqué le maire Boué Yazon, tout en précisant que l’on ne pouvait livrer les filles, car rien ne prouvait leur culpabilité. « C’était la fête, nombreux enfants étaient dehors et il pleuvait. Toutes les éventualités sont à émettre. Qui sait ? Peut être qu’elles protégeaient les enfants des eaux de pluie, car les sachets n’étaient pas de nature neutralisants. Il fallait laisser la justice trancher et décider du sort des filles si jamais elles étaient déclarées coupables d’enlèvement d’enfants. Même si tel est le cas, ça pourrait être un réseau qu’il faut travailler à démasquer. Lyncher les deux fermerait la porte sur les autres, s’il y en avait», a laissé entendre le maire.
Dans la matinée du 30 juillet, les manifestants sont revenus au commissariat en un nombre plus grand. Là, ils ont été informés que les filles ont été conduites au Tribunal de grande instance de Boromo. C’est ainsi que leur colère a monté d’un cran. En surnombre par rapport aux policiers, ces derniers se sont attaqués au commissariat qu’ils ont incendié, détruisant tout au passage.
Crise de confiance entre la justice et les populations comme motif de la colère dévastatrice
A Houndé, les avis étaient partagés. D’aucuns accusent les manifestants d’être allés trop loin, d’autres par contre leur donne raison. « Dans ce pays, on ne peut même pas faire confiance en la justice », a lancé un monsieur assis à un kiosque devant une tasse de thé à quelques mètres du commissariat. Selon les avis récoltés, la réaction des manifestants est la résultante d’une décision de justice où des populations de Houndé estimaient que le fautif n’a pas été puni à la hauteur de son forfait. Elles voudraient par conséquent s’occuper elles-mêmes des filles. En effet, dit-on, « un jeune homme du secteur 4 de Houndé avait été conduit au commissariat, puis déféré au TGI de Boromo pour tentative d’assassinat sur la personne d’une fille. En espace d’un mois, celui-ci est revenu à Houndé, narguant la population ». Chose que des populations n’auraient pas cautionnée. « Le manque de communication des décisions de justice porte un coup sur sa bonne foi », a martelé le maire et le directeur provincial de la police, Mamadou Wangraoua,
« Un autre germe d’insécurité posé par les manifestants »
Commissariat de police brulé, qu’adviendra-t-il de la sécurité des populations de la localité ? Une question qui alimente les débats à Houndé, surtout de la part des personnes conscientes du rôle de la police dans la sécurité des personnes et des biens. Tout en invitant les populations à faire confiance en la justice, le maire a déploré leur attitude. « Rien ne peut être récupéré du commissariat », a indiqué le directeur provincial de la police. Assis au haut-commissariat, il s’attèle à dresser le procès verbal de l’évènement. « Ce n’est pas en saccageant le commissariat qu’on pourra se faire justice », a laissé entendre le maire avant de préciser que la population vient de poser un autre germe d’insécurité dans la localité en incendiant le commissariat. Précisons que nous avons tenté en vain de rentrer en contact avec les parents ainsi que les enfants. Tout ce que nous avons appris est que les enfants ont pour père un muézin du secteur 3 de Houndé. Quant à la quarantaine de manifestants (chiffre loin d’être exhaustif), leur sort sera décidé par le procureur près le TGI de Boromo, selon le haut- commissaire du Tuy, Vincent Sawadogo. Quand nous quittions la ville, les force de sécurité étaient toujours aux aguets1




Par Mady BAZIE

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