Kongoussi, chef-lieu de la province du Bam (région du Centre-Nord), a abrité, du 22 au 24 juillet 2014, l’atelier de formation et d’information des hommes de médias sur la nécessité d’inciter les populations à la protection des ressources en eau. Ce séminaire a été organisé par le Secrétariat permanent du Plan d’action pour la gestion des ressources en eau (SP/PAGIRE) et a permis de comprendre que l’action de l’homme est la principale cause de la pollution des eaux au Burkina Faso.
L’essentiel des ressources en eau du Burkina Faso provient des pluies qui engendrent le ruissellement et la recharge des nappes souterraines. Cette quantité d’eau qui s’infiltre dans le sous-sol est estimée à plus de 32,43 milliards de mètres cubes (m3).
Pour une meilleure gestion de cette denrée, des ouvrages ont été érigés dont des barrages, des lacs, des mares, des puits, des forages, etc. Cependant, des actions anthropiques et naturelles dégradent la qualité de cette eau autour et dans ces retenues.
Parmi elles, l’on peut citer l’évaporation, l’envasement, l’ensablement, les conflits d’usage, les pratiques commerciales autour de certains barrages ou retenues d’eau, les activités minières et industrielles, mais surtout l’orpaillage.
Cette dernière utilise du cyanure qui, déversé dans les eaux, est source de plusieurs maladies mortelles aussi bien pour l'homme que les animaux.
C’est pourquoi, le coordonnateur du Projet lac Bam, Ambroise Ouédraogo, ingénieur du génie rural, a soutenu : «De par ses activités, l’homme est le plus grand pollueur des ressources en eau du Burkina Faso». D’où la nécessité de sensibiliser les populations à une gestion rationnelle de l’eau afin qu’elle puisse profiter aux générations futures.
C’est ce qui a justifié l’atelier de sensibilisation et de formation des hommes de médias sur la protection des ressources en eau initié par le Secrétariat permanent du Plan d’action pour la gestion intégrée des ressources en eau (SP/PAGIRE), du 22 au 24 juillet 2014, à Kongoussi, chef-lieu de la province du Bam. Six thématiques ont été développées durant 72 heures de travaux.
Il s’est agi de l’état des lieux des ressources en eau au Burkina Faso présenté par le Conseiller technique au ministère de l’Eau, des Aménagements hydrauliques et de l’Assainissement (CT/MEAHA), Dr Fulgence Ki.
Il a indiqué qu’en l’an 2000, la demande en eau totale au Burkina Faso a été estimée à environ 2 500 millions de m3.
Pour lui, l’on assiste de nos jours à une augmentation de la demande en eau liée à la forte croissance démographique, à l’élévation du niveau de vie et au développement des activités économiques consommatrices d’eau telles que l’agriculture, l’élevage, l’industrie, les mines, etc.
«La demande consommatrice est évaluée à 505 millions de m3/an. Les secteurs les plus demandeurs sont : l'irrigation avec 64 %, l'eau domestique avec 21 %, l'élevage avec 14 %», a expliqué Dr. Ki. Avant d’insister que l’eau est abondante, mais compte tenu de son caractère irremplaçable, sa gestion rationnelle demeure indispensable.
Principe du pollueur-payeur
Dans son exposé, la directrice du suivi des organismes des bassins hydrographiques, Sandrine Sankara/Bassonon, ingénieure agronome, a fait savoir que le «pays des Hommes intègres» a adopté sa politique nationale de l’eau en juillet 1998.
Cette politique comporte neuf principes et dix orientations stratégiques. Les principes-phares sont ceux de pollueur-payeur, préleveur-payeur, gestion par bassin hydrographique et de protection des usagers et de l’environnement.
Concernant le principe du pollueur-payeur, Mme Sankara a confié qu’il faille inciter les pollueurs à mettre en œuvre de bonnes pratiques environnementales et à effectuer des investissements de dépollution nécessaires ou à recourir à des technologies plus appropriés.
Les ressources ainsi dégagées, a-t-elle poursuivi, permettront d’orienter suivant les priorités, les investissements et les actions de protection et de gestion des ressources en eau.
Dans le principe du préleveur-payeur, elle a déclaré à l’endroit des usagers qu’il convient de : «dégager des ressources pour financer les actions des institutions publiques en matière de gestion et de préservation des ressources en eau, inciter les usagers à une gestion plus économe et plus respectueuse de l’environnement». Ce principe s’applique à toute personne qui prélève de l’eau dans une retenue pour une activité, qu’elle soit minière, industrielle, commerciale, de consommation, agropastorale…
«Pour l’usage pastoral et humain, exception est faite à condition que la quantité d’eau prélevée ne dépasse pas 100 litres par personne», a laissé entendre le juriste au SP/PAGIRE, Firmin Ouédraogo, lors de la présentation de sa thématique portant sur le cadre juridique et financier du secteur de l’eau.
Par la suite, les thématiques des mesures et bonnes pratiques en matière de protection des ressources en eau, le Projet lac Bam et le contexte d’élaboration et de la mise en œuvre du PAGIRE ont été expliqués aux participants.
Les présentateurs ont été respectivement, la responsable du Service du suivi de la qualité de l’eau et de l’environnement (SSQEE), Hortense Marguerite Yaméogo, le coordonnateur du Projet lac Bam, Ambroise Ouédraogo et la chargée de communication au SP/PAGIRE, Salamata Konaté/Sidibé.
A l’issue de toutes ces activités, le groupe de journalistes a eu droit à une visite-guidée sur le lac Bam où le coordonnateur, Ambroise Ouédraogo, leur a expliqué l’intérêt d’investir dans ce projet. Pour terminer, ils ont apprécié à l’unanimité l’initiative du SP/PAGIRE à qui ils ont demandé la mise en place d’un fonds-médias afin de leur permettre de mieux sensibiliser les populations à la gestion intégrée des ressources en eau. A son tour, le premier responsable de ce projet, Moustapha Congo, s’est dit satisfait de la qualité des échanges et a promis de réfléchir à l’ensemble des recommandations à eux faites.