Des policiers de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) ont dispersé, le jeudi 24 juillet 2014 au ministère de l’Economie et des Finances, des militants du Syndicat national des agents des finances (SYNAFI), en sit-in et procédé à des arrestations. Le lendemain, le secrétaire général du ministère, Tibila Kaboré, a animé une conférence de presse afin de livrer sa version des faits.
La matinée du jeudi 24 juillet 2014 a été assez mouvementée au ministère de l’Economie et des Finances (MEF), sis au côté Nord du Premier ministère. Ce jour-là, aux environs de 9 heures, des policiers de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) y ont fait une intervention pour disperser des militants du Syndicat national des agents des finances (SYNAFI). Ceux-ci y étaient en sit-in, débuté deux jours auparavant. La police a également arrêté des manifestants dont le secrétaire général du syndicat, Mohamed Savadogo. Les responsables syndicaux ont crié à la provocation. «C’est de la pure provocation. Sinon, comment comprendre que nous étions à moins de deux heures de la fin de notre sit-in de 72 heures et c’est à ce moment que le ministère envoie la CRS pour nous gazer et arrêter certains de nos militants», a déploré le délégué à la mobilisation et à la communication du SYNAFI, Souleymane Oumtana, rencontré jeudi vers midi. De l’avis de monsieur Oumtana, les policiers sont venus leur demander de quitter les lieux et de rejoindre la Bourse du travail. «Nous leur avons rétorqué que nous avons déposé et reçu l’autorisation de manifester au sein de notre ministère. En retour, nous leur avons demandé de nous présenter le document leur permettant de nous déguerpir. Chose qu’ils n’ont pas pu faire. En lieu et place, ils ont commencé à nous gazer avec du gaz lacrymogène», a expliqué le responsable syndical, qui a ajouté que le SYNAFI a organisé le sit-in pour exiger l’application d’un protocole d’accord signé depuis 2011.
Ledit protocole d’accord signé le 22 juin 2011 souligne, en autres qu'« en ce qui concerne l’allocation d’un montant conséquent du Fonds commun (FC) aux structures du MEF autres que les régies, à la hauteur de celui servi aux agents des régies de recettes ».
Le même document précise également qu’à propos de «l’extension d’une indemnité de responsabilité financière à tous les agents du MEF et l’augmentation de son montant pour compter de janvier 2005, conformément au tableau joint à la plateforme ».
Selon Souleymane Oumtana, la répression de la police s’est soldée par «l’arrestation d’une quinzaine de nos camarades dont le secrétaire du SYNAFI et son adjoint ». Information relayée par la presse.
Version du SG du ministère
Le lendemain, vendredi 25 juillet 2014, le Secrétaire général (SG) du ministère de l’Economie et des Finances, Tibila Kaboré, a convié les journalistes, au sein dudit ministère, pour livrer sa version des faits. Il a expliqué que ce qui a été raconté dans la presse n’est pas exact. A commencer par le nombre de personnes arrêtées. Selon Tibila Kaboré, les évènements du jeudi ont conduit à l’arrestation de quatre agents et non une quinzaine de personnes. Il a souligné, par ailleurs, que les agents arrêtés ont été libérés quelques instants plus tard, après avoir été entendus par la police. Le secrétaire général du MEF a, d’entrée de jeu, reconnu le droit du SYNAFI d’aller en grève et d’organiser un sit-in. Cependant, monsieur Kaboré estime que cela doit se faire selon des normes et dans le respect du droit des autres. « Nous avons constaté le mardi (Ndlr : premier jour du sit-in de 72 heures qui se déroulait de 7 heures à 11 heures), qu’il y avait les nuisances sonores que nous avons tolérées. Le lendemain, mercredi matin, les ministères voisins se sont plaints des nuisances que nos agents faisaient », a relaté le secrétaire général, ajoutant que c’est à la suite de cela qu’un message verbal a été adressé au secrétaire général du SYNAFI «pour lui signifier que le respect des engagements faisait qu’ils devaient manifester en silence pour permettre à ceux qui veulent travailler de le faire». A entendre l’animateur de la conférence de presse, les manifestants ont été interpellés verbalement, le 23 juillet, et pour matérialiser cela, un courriel a été adressé au secrétaire général du SYNAFI. Le document, daté du 24 juillet, a été présenté aux journalistes. Mais pourquoi avoir attendu à quelques instants de la fin du sit-in pour faire intervenir la police? A cette question, le SG a répondu que les responsables du MEF ont eu recours aux forces de l’ordre pour demander aux manifestants de se rendre à la Bourse du travail parce que le bruit était devenu insupportable au dernier jour.
Revenant sur le fond du problème, le secrétaire général a expliqué que les portes du MEF sont toujours ouvertes pour les discussions, au sujet des points du protocole n’ayant pas encore trouvé de réponses. Il a relevé que l’application du protocole d’accord de 2011 est assez complexe en ce sens qu’il n’y a pas certaines précisions. Par ailleurs, il informe que les points non-consensuels du protocole d’accord sont retenus pour être examinés lors de la prochaine séance des négociations gouvernement-syndicats.