On avait eu la faiblesse de croire que le M23 s’arc-bouterait pour longtemps encore sur sa position de ne pas quitter Goma avant que des négociations ne soient engagées par les autorités de la RDC. Que nenni !
Contre toute attente donc, hier mercredi en milieu de journée, des témoins ont affirmé avoir vu plusieurs camions de marque Fuso quitter Goma avec des vivres et des munitions. Ce fut l'enlèvement d’une logistique non négligeable à l'occasion du départ de la ville, prise il y a tout juste une semaine.
Les rebelles du M23 respectaient ainsi l’ultimatum lancée le 24 novembre dernier par les trois chefs d’Etat de l’Ouganda, du Rwanda et de la République démocratique du Congo, réunis lors du dernier sommet de Kampala de quitter la ville de Goma, occupée depuis le 20 novembre 2012 après la déroute des forces loyalistes.
D’ailleurs comment pouvait-il en être autrement si tant est que les présidents rwandais, Paul Kagame, et ougandais, Museveni, dans une moindre mesure, sont fortement suspectés d’être les parrains de ce nouveau mouvement rebelle né dans la forêt congolaise ?
On ne désobéît tout de même pas à un parrain !
En acceptant le retrait de ses troupes, le général Sultani Makenga, le chef militaire du M23, montre si besoin en est qu’il a du respect pour ses parrains (supposés ou vrais), qu’il respecte les décisions des chefs d’Etat des Grands-Lacs, mieux qu’il se plie à leur injonction, et il donne par la même occasion des gages de bonne volonté à la communauté internationale, qui était presque à bout de nerfs.
On se souvient que lors dudit mini-sommet qui a eu lieu le samedi 24 novembre dernier, l’Ouganda et le Rwanda avaient âprement marchandé le retrait du M23 de Goma .Et selon l’accord obtenu, les rebelles devraient se retirer à une vingtaine de kilomètres de cette ville et, en échange, Kinshasa s’engageait à prendre en compte leurs revendications «légitimes»
La question qui pourrait tarauder bien d’esprits est de savoir si le départ des rebelles de Goma est un vrai retrait ou un simple repli tactique.
Mais quoi qu’on dise, ce mouvement rebelle, qui exige, entre autres, la liberté de mouvement pour l’historique opposant Etienne Tshisékédi, la vérité sur l’assassinat de Floribert Chébéya et la dissolution de la nébuleuse commission électorale, est digne d’admiration. D’autres ,impatients de passer à table, auraient tout simplement versé ces revendications dans le fleuve des compromis et des compromissions personnelles.
Et pour dire vrai, ces trois revendications ainsi exprimées nous semblent d’autant pertinentes que le régime de Joseph Kabila reste une des incarnations achevées de la mal gouvernance en Afrique au sud du Sahara.
En ne posant pas sur la table des négociations des revendications bassement alimentaires, ce mouvement rebelle semble mettre la barre haut pour se pencher, se soucier davantage du devenir de son peuple, qui vit dans un pays aux immenses potentialités, mais est compté parmi les plus pauvres de la planète. Concernant un pays comme la RDC, à bien des égards un scandale géologique, ces revendications nous semblent légitimes.